La décision du gouvernement Michel de mettre la Belgique en état d'alerte, Bruxelles en "alerte niveau 4" et de considérer que notre pays est en état d'urgence n'est pas survenue parce que, brusquement, une bande de terroristes menacerait tout le pays au point de devoir fermer les écoles, le métro, d'interdire toute manifestation publique, et doubler la présence des militaires dans les rues, accompagnés de camions blindés sur les places et celle des policiers, lourdement armés eux aussi .
Cette décision vient d'une volonté délibérée du gouvernement belge ainsi que des principaux états otaniens engagés dans la "Coalition contre l'Etat Islamique" de susciter une grande peur dans les populations et de justifier ainsi l'accroissement de leurs engagements dans la guerre contre la Syrie, l'Irak, et dans le cas de la Belgique, justifier la nécessité d'augmenter le budget militaire et dépenser 6 milliards pour de nouveaux avions de combat.
Au même moment où l'état d'urgence était décrété, le parlement belge a voté à l'unanimité en faveur des "18 mesures" annoncées par Charles Michel, présentées comme indispensables pour garantir la sécurité des citoyens et qui, en réalité, portent gravement atteinte à la démocratie et à l'existence même de l'Etat de droit en Belgique.
Quelques jours auparavant, le gouvernement avait annoncé un réengagement belge dans la Coalition des Volontaires, étendant l'intervention des militaires belges de l'Irak vers la Syrie et avec plus de forces . Non seulement les F-16 reprendront leur part dans les bombardements – soi-disant contre Daesh- mais les forces militaires navales participeront aussi à la protection du porte-avions français Charles de Gaule en route vers les côtes syriennes, chargé d'avions, de missiles et de 2000 militaires. Déjà les parlementaires n' exprimaient plus leur opposition à la participation belge à la Coalition. Le parlement n'était même plus invité à débattre ni moins encore à voter sur cette question. La "lutte contre le terrorisme" et pour la sécurité des citoyens est l'écran de fumée nécessaire pour couvrir une intensification des actions militaires otaniennes au Moyen Orient.
Car il s'agit bien de mettre l'OTAN en cause, et plus que jamais! Ce ne sont pas des pays qui, pour leur propre compte décident de se coaliser ou non, de mettre telles et telles forces militaires en action ou non. Il nous faut rappeler sans cesse que cette soi-disant "lutte contre le terrorisme" a été désignée comme la priorité des priorités, entérinée et renforcée par plusieurs sommets de l'Otan.
Le 11septembre 2001, les actions terroristes contre les tours de Manhattan ont été le prétexte pour l'invasion de l'Afghanistan par les Etats-Unis. Celle-ci a été d'emblée saluée et soutenue par tous les états membres de l'Otan: "nous sommes tous des Américains" (Verhofstadt), mettons en œuvre l'article 5 du Traité de l'Alliance (qui organise la solidarité de tous les pays membres si un pays est attaqué).
L'Otan, depuis lors, ne connaît que des crises et ne crée que du chaos. Mais les dirigeants des pays de l'Alliance Atlantique ne supportent pas non plus de céder la place aux nouvelles forces qui surgissent partout dans le monde et au sein même de l'Union Européenne et des Etats-Unis pour les contester. Ils ne supportent pas que la Russie, dont ils se sont crus débarrassés pour toujours, après le démembrement de l'URSS et la dissolution du Pacte de Varsovie, reprend vie et force et leur dispute leur pouvoir.
En Syrie, la décision russe d'intervenir avec d'importantes forces militaires contre Daesh et toutes les autres bandes terroristes, a contrecarré profondément les plans du camp otanien et permis à l'armée syrienne et au gouvernement de Bachar Al Assad de regagner des positions. Maintenant, la "coalition contre l'EI" ne peut plus faire semblant de bombarder Daesh, comme elle l'a fait pendant deux ans, elle est contrainte à des négociations, même s'il ne s'agit que d'un cessez-le-feu.
L'instauration de l'état d'urgence en Belgique, la participation accrue de nos forces armées dans la Coalition otanienne, ainsi que la décision gouvernementale d'acheter les avions bombardiers F-35 et d'augmenter le budget militaire ne vont pas garantir la sécurité de la population. Au contraire, il faut unir la défense de la démocratie, de tous nos droits démocratiques et sociaux à la lutte contre la guerre et la militarisation à outrance de notre société .