Comme nul ne l’ignore, peut-on espérer, c’est moins de 48 heures après l’attaque de l’Allemagne contre la Pologne, que la Grande-Bretagne a déclaré, urbi et orbi, la guerre à l’Allemagne. Et ce, mettons, pour simplifier, par solidarité. Cette solidarité que la plupart des pays de l’Union Européenne manifestent à grands coups de clairon depuis le 24 février à l’Ukraine. Jusque-là, en laissant de côté la question de savoir qui était l’agresseur – la Russie ou l’Otan -, il y a comme un air de famille.
A ceci près que, contrairement à septembre 1939, aucun pays ne s’est risqué en février 2022, à une déclaration de guerre.
Envoyer des armes, oui, missiles antichars et lance-roquettes, même des "casques et des jumelles" (dixit le Premier ministre De Croo, 24/2), oui et encore oui, mais sans déclaration de guerre, surtout pas, on évite jusqu'à utiliser le mot. Même, on insiste: "Nous ne sommes pas en guerre", dixit le président français Macron à la télé (1/3).
Tout cela a quelque chose de surréaliste. Quantité de pays européens se sont rués pour exporter gracieusement des armes létales à l'Ukraine, mais faut-il croire, sans agressivité, sans hostilité militaire envers le pays contre lequel ces mêmes armes vont trouer la peau des combattants - et alourdir le bilan des morts et estropiés chez les deux belligérants (mais de cela, motus! Secret défense?).
Surréaliste quand on sait le foin sous nos cieux suscité avec régularité dès lors que l'octroi d'exportation d'armes visait des pays en piètre odeur de sainteté - Turquie, Arabie saoudite, Yémen, Colombie, Burkina Faso & Cie. Mais sont-ce même des exportations, ces dons venu de cœurs enflammés?
Surréaliste, enfin, puisque la cheftaine de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s'est portée forte d'un envoi d'armes à hauteur de 500 millions d'euros (27/2- « boosté » à un milliard par après), décision qualifiée de sans précédent et, de surcroît, en violation de sa propre armature juridique, une directive interdisant la fourniture d'armes a des belligérants, directive qui s'impose soit dit en passant à l'ensemble des vingt-sept États membres, dont la Belgique etc. Tous dans la plus belle illégalité.
Dans la presse, le commentaire le plus fréquent a été de type "encore un tabou de brisé". Ah! les directives ne seraient donc que de vulgaires tabous. On en voit d'ici la fortune future: ce ne sera plus, aux assises, « j'ai pété un câble en poignardant la victime », mais: « j'ai pété un tabou ».
Bof? On n'en est pas loin