Les dizaines de millions de manifestants dans le monde qui ont crié NON à la guerre contre lIrak, le " front du refus " de la France, la Belgique et lAllemagne au sein de lOTAN, les menaces de veto de la France, de la Chine, de la Russie au Conseil de sécurité de lONU : toutes ces pressions sont décidément insuffisantes pour arrêter la volonté de puissance et la machine de guerre des États-Unis.
On ne peut que se réjouir des positions prises par le gouvernement belge pour ne pas " entrer dans une logique de guerre ", mais nous y voilà de toute façon. Et lOTAN a bien servi les préparatifs américains, malgré lopposition formelle de la Belgique et de certains autres de ses membres.
Dun côté, le ministre belge des Affaires étrangères Louis Michel sagite de tous côtés pour retarder les échéances fixées par le Pentagone et faire gagner du temps aux débats de lONU tandis que, de lautre, le ministre de la Défense Flahaut autorise depuis des mois, sur la base daccords qui lient la Belgique à lOTAN, lutilisation de notre territoire et ses infrastructures pour le passage des troupes et du matériel américains dAllemagne vers le port dAnvers. Destination : lIrak.
Dun côté, les manifestations contre la guerre reçoivent le soutien et même la participation de tous les partis gouvernementaux on a vu les hommes gris du MR dans le cortège du 15 février, quoique pas du tout à leur aise De lautre le ministre de lIntérieur donne des instructions pour arrêter avant la moindre action tous ceux qui voulaient manifester contre la participation concrète de la Belgique à la machine de guerre US, en envisageant un " trainstopping ". Et ce sont les manifestants contre la guerre qui se retrouvent devant les tribunaux, et pas les ministres qui soutiennent de fait la guerre tout en criant pour la paix !
On peut donc penser légitimement que le gouvernement et les partis de la majorité ont un double langage, ou en tout cas ont une peur énorme dassumer les conséquences de leurs prises de position contre la guerre. Et pourquoi nont-ils pas eu les mêmes états dâme en 1999 quand lOTAN a bombardé la Yougoslavie sans la moindre autorisation du Conseil de sécurité ? Il est vrai que cest la troisième guerre en peu dannées à laquelle notre pays est amené à participer . Deux ans après la guerre en Afghanistan, les forces militaires de la " coalition " occupent le pays, et les militaires belges viennent faire la police à Kaboul en remplacement de militaires américains mobilisés pour lIrak. Les gens se rendent compte de plus en plus que ces guerres ne se font pas pour un idéal humanitaire, mais bien en défense des intérêts économiques et géopolitiques des plus puissants au détriment du reste de lhumanité.
La Belgique, par sa participation à lOTAN et aux multiples accords dapplication (plus ou moins secrets !) du Traité, doit obédience au plus puissant membre, cest à dire les États-Unis. On nous répète constamment que les Américains nous ont sauvés de Hitler pendant la Guerre de 1939-45, que nous leur en serions éternellement redevables Pendant combien de temps la population belge devra-t-elle payer ce soi-disant sauvetage, ignorant les sacrifices bien plus importants dautres pays, en particulier lUnion soviétqique ? Dautre part, les États-Unis sont devenus la seule superpuissance mondiale, et tous les termes du Traité de lOTAN ont changé. Il est temps pour les partis censés respecter les opinions de la population de notre pays de remettre en question la participation de la Belgique à cette organisation et le sens même de cette alliance aujourdhui. Il est temps, en tout cas dans limmédiat, de cesser toute participation directe et indirecte à la guerre contre lIrak, et de retirer toute participation à loccupation de lAfghanistan et de lex-Yougoslavie.