Alerte Otan n° 9 - Mars 2003
Turquie : L'OTAN viole sa propre charte

L'"article 5" invoqué ne peut exiger des alliés la protection d'un de ses membres qui agresse un autre pays

La Turquie s'est vue promettre en guise de récompense pour laisser l'armée US utiliser son territoire pour envahir l'Irak par le Nord, non seulement quelques milliards de dollars de dédommagement, mais surtout la 'permission' d'aller occuper le Nord de l'Irak, et d'y faire main basse sur les puits de pétrole. Le prétexte invoqué serait " d'arrêter le flot de réfugiés ", et de " protéger les puits de pétrole d'action de sabotage par Saddam Hussein ".

A la surprise générale, le parlement turc s'est prononcé contre cet arrangement, ce qui a provoqué un désarroi palpable dans l'administration US. Qu'à cela ne tienne : l'armée de cet état très démocratique s'est elle prononcé ouvertement pour cet accord, et le futur premier ministre Recep Tayyip Erdogan a annoncé qu'on reposerait la question au parlement, jusqu'à l'acceptation. Il ne renouvellera pas les portefeuilles de quatre ministres opposés à la présence militaire américaine lorsqu'il formera son gouvernement et l'une de ses premières décisions sera de faire revoter les députés.

D'ailleurs, passant outre, ou anticipant, les convois US ont déjà commencé à traverser le territoire turc en direction de la frontière irakienne, et l'armée turque a déjà massé ses troupes le long de celle-ci:

" Des dizaines de semi-remorques, chargés de camions militaires américains récemment débarqués, quittaient Iskenderun. Ces semi-remorques, escortés par des forces de gendarmerie, avaient pris la direction de Mardin, en route vers l'est du pays, rapportaient à mi-journée les télévisions. Plusieurs centaines de véhicules militaires américains, notamment des camions et des jeeps, ont été déchargés il y a 15 jours de plusieurs rouliers à Iskenderun. " (AFP, 7 mars)

Clairement, les jeux sont fait.

On nous raconte que " l’Article 5 de la Charte de l’OTAN ", impose aux pays membres de l’Otan de protéger la Turquie : il s'agit ici d'une grossière tromperie .

Si la Turquie devait être 'attaquée', ce sera de la part de l'Irak l'exercice de son droit à la légitime défense la plus claire, la moins discutable; c'est un droit reconnu dans la charte des Nations Unies.

La charte de l'OTAN prétend être subordonnée celle des Nations Unies : l'OTAN viole donc sa propre charte en allant protéger un pays qui s'apprête à en agresser un autre, elle est dans l'illégalité formelle en protégeant des bases militaires turques, dès lors que la Turquie autorise une agression à partir de ces bases. En protégeant un agresseur, aux termes du droit international comme du droit tout court, nous sommes, nous, citoyens de pays 'démocratiques' soi-disant opposés à la guerre, directement complices de cette agression.

Nous devons exiger le retrait de Turquie des troupes et du matériel militaire de chacun de nos pays, dont ceux de la Belgique, et ne pas se laisser endormir par les déclarations inutiles des Louis Michel, Chirac et autres Schröder.

Roland Marounek