Kosovo : Un voyage pour rompre cinq ans de silence
Après des années de silence médiatique, les sanglants événements de mars dernier ont brutalement rappelé que la violence n'avait jamais cessé de gangrener le Kosovo. Administré par l'ONU et occupé par les troupes de l'OTAN depuis 1999, ce territoire est en passe de devenir « ethniquement pur », les minorités y étant systématiquement discriminées et expulsées.
Pourtant, il y a cinq ans, en guise de justification de 78 jours de bombardements sur la Serbie et le Monténégro, les leaders occidentaux nous avaient promis que le Kosovo deviendrait un modèle de tolérance multiethnique, de démocratie et de respect des droits humains. Ces beaux principes ont même été coulés dans une résolution de l'ONU, mettant le territoire sous sa responsabilité et autorisant son occupation par une force de l'OTAN.
Cinq ans plus tard, le Kosovo est loin d'être le paradis promis. Outre le fiasco économique (70 % de chômage !) et son rôle de plaque tournante pour les trafics en tous genres (êtres humains, héroïne.), la province serbe - dont le « statut définitif » pourrait être examiné l'an prochain par les grandes puissances - est petit à petit « épurée » de ses nombreuses minorités. Depuis sa mise sous tutelle, les deux-tiers de leurs membres - Serbes, Roms, Slaves musulmans, Croates, Turcs. - ont été expulsés par des extrémistes de la communauté albanaise, des milliers d'entre eux ont été assassinés ou sont portés disparus depuis la cessation des combats. Environ 150 églises et monastères orthodoxes, certains bâtis il y a plus de sept siècles, ont été détruits. Les quelques dizaines milliers de non-Albanais qui y vivent encore ont dû se replier dans des enclaves protégées, plutôt mal que bien, par les troupes de l'OTAN et leur liberté de mouvement est strictement limitée.
Afin de se rendre compte de la situation vécue par les minorités dans ce protectorat sous contrôle occidental et leur exprimer notre solidarité, le Comité de surveillance OTAN (CSO), soutenu par des organisations de divers pays *, a pris l'initiative d'organiser cet été un voyage d'inspection citoyenne au Kosovo . Nous irons dans les enclaves où ces minorités subsistent, nous rencontrerons quelques uns de leurs responsables, ainsi que l'un ou l'autre fonctionnaire international. Une visite d'un camp de réfugiés, peut-être en Serbie, est également prévue. Tous ceux qui souhaitent s'informer sans parti pris sur ces problèmes et sur la réponse des représentants de la « communauté internationale » sont les bienvenus. Etant donné l'objectif du projet (« rompre cinq ans de silence »), chaque participant devra selon ses moyens partager son expérience avec son entourage après son retour.
La visite au Kosovo débutera le 13 août et durera 10 jours. Le logement sera effectué aussi souvent que possible chez l'habitant. Les déplacements seront effectués au moyen des voitures des participants, si nécessaire la location d'un véhicule supplémentaire sera effectuée sur place. Comme les participants proviendront de divers pays, un briefing sera à Belgrade la veille du départ groupé vers le Kosovo.
* Stop USA (Bruxelles), Comité pour la paix en Yougoslavie (Genève), Voix des Roms (Liège), Voice of Roma (Sebastopol, Californie), Kelebek (Italie)
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