Alerte Otan n° 91 - Mai 2024
Les partis francophones belges, la guerre et la paix

Dans la perspective des prochaines élections fédérales, communales et européennes, la Coordination Nationale pour la Paix et la Démocratie (CNAPD)  a soumis au six partis politiques francophones représentés au Parlement un questionnaire très complet portant, notamment, sur les questions de paix, les armes nucléaires, leurs positions par rapport à l’OTAN... L’intégralité des réponses reçues est consultable sur le site de la CNAPD.

Nous saluons cette initiative: Les orientations fondamentales de notre pays en termes de relations internationales, et son implication au sein de l'OTAN, sont en effet globalement absentes du débat démocratique ; au mieux ces questions se retrouvent reléguées au fond de programmes des partis, mais font rarement l'objet des enjeux électoraux. Ces questions dont dépendent, en définitive, des enjeux aussi fondamentaux que la paix et la guerre dans notre pays, littéralement la vie et la  mort, mériteraient davantage de visibilité démocratique.

En avant-goût, ci-dessous des extraits des réponses reçues aux questions concernant les armes nucléaires, la position de la Belgique sur le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN), et la guerre en Ukraine.

Le PS partage l’objectif de travailler pour un monde sans armes nucléaires et est enclin à examiner favorablement les propositions visant à renforcer la sécurité et la paix, y compris la ratification du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN).

La Belgique est un État non doté d'armes nucléaires et elle est fermement engagée dans la non-prolifération nucléaire. La Belgique a ratifié le TNP en 1970 et elle a toujours respecté ses obligations en vertu du traité. Le PS est convaincu que le TNP est un instrument essentiel pour prévenir la prolifération des armes nucléaires. Le PS estime que la Belgique doit rester engagée dans ses obligations vis-à-vis de l’OTAN.

Le PTB est favorable à la signature et ratification du TIAN par la Belgique.

Le désarmement nucléaire est partie intégrante de notre programme électoral. Nous voulons que la menace de guerre soit remplacée par le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale, comme le prévoit la Charte des Nations Unies. Nous voulons un monde qui garantisse la paix et la sécurité par le désarmement. À l’heure actuelle, les choses semblent aller dans le sens contraire. Il est temps de rompre avec cette logique de guerre. Le gouvernement doit promouvoir activement le désarmement nucléaire, comme le veut la population. Nous devons prendre l’initiative et convaincre les autres États.

Nous pensons que le TIAN peut s’intégrer aux traités existants et permet d’assurer la sécurité internationale en renforçant le droit international humanitaire et en mettant en œuvre le processus de désarmement nucléaire. Nous ne sommes pas favorables au fait que la Belgique soit un pays hôte d’armes nucléaires, mais il convient dans un premier temps de mettre en place une concertation avec nos alliés afin de permettre un retrait de ces armes dans le cadre de relations diplomatiques apaisées.

Nous plaidons pour que la Belgique n’accueille aucune arme nucléaire sur son territoire, et nous plaidons plus largement pour un désarmement nucléaire global.

Défi a déposé une proposition de résolution au Parlement fédéral visant à ce que la Belgique ratifie le TIAN. Selon nous, les armes nucléaires sont inhumaines et à tout bonnement éradiquer de manière totale et globale.

Dans cette proposition, nous avons inclus que la Belgique s’engage à l’interdiction du stationnement et de la manipulation d’armes nucléaires.

Nous plaidons pour le retrait de toutes les armes nucléaires du territoire.

Face aux menaces de plus en plus explicites de la Russie et l’évolution de sa doctrine nucléaire, il nous semble nécessaire de conserver une dissuasion nucléaire adéquate au service des membres de l’OTAN en œuvrant à un désarmement nucléaire dans un cadre multilatéral.

Les Engagés ne sont pas opposés au déploiement des nouvelles bombes B61-12.  Il est indispensable de conserver la crédibilité de notre dissuasion dans les circonstances politiques actuelles sur le continent, situation que nous regrettons.

Par ce partage du fardeau la Belgique ne devient pas une puissance nucléaire au sens du TNP vu que le contrôle ultime des armes nucléaires est entre les mains des Etats-Unis.

L'adhésion au TIAN n'est pas conforme à notre approche en matière de désarmement et, de surcroît, incompatible avec nos engagements en tant que membre de l'OTAN. Le MR soutient pleinement la posture de dissuasion nucléaire de l'OTAN.

[Pas de réponses sur les questions concernant la présence des armes nucléaires en Belgique]

 

L’invasion de l’Ukraine par la Russie a, de fait, commencé en 2014 par l’annexion illégale de la Crimée et de provinces de l’Est de l’Ukraine qui sont depuis occupées. La nouvelle offensive déclenchée en février 2022 a fait des milliers de morts (6,884 entre le 24 février et le 27 décembre 2022, selon le Haut-Commissariat des Nations-Unies aux droits de l’homme), de blessés (10,947 sur la même période et selon la même source), des millions de réfugiés et des destructions incommensurables.

Le PS soutient l’effort belge apporté à l’Ukraine dans sa défense face à l’agression russe. L’aide apportée par la Belgique est exclusivement destinée à l’armée régulière ukrainienne dans un objectif défensif de son territoire et de sa population.

L’éventuelle adhésion de l’Ukraine à l’OTAN augmenterait la frontière commune avec une Russie plus inamicale que jamais de plus de 1500 kilomètres, ce qui supposerait sans une révision de multiples paramètres quant à sa posture de défense en temps de paix – et a fortiori en temps de guerre. Cette question doit être examinée avec la plus grande prudence.

Nous voulons un monde qui garantisse la paix et la sécurité par le désarmement. Pour cela, l'idéal est de bâtir un système de sécurité collective, où la sécurité de l'un est l'affaire de tous.

En deux ans de guerre, ni la Belgique ni l’Union européenne n’ont pris d’initiative diplomatique pour parvenir à un cessez-le feu. Au contraire, elles ont mis de l’huile sur le feu en fournissant armes et munitions à l’Ukraine, entraînant de nombreux morts et blessés. Nous nous opposons à la livraison d’armes et de munitions à l’Ukraine. Ce que notre gouvernement devrait faire, c’est prendre une grande initiative diplomatique pour une paix juste et durable en Ukraine.

Nous proposons une alternative à l’OTAN, basée sur une architecture collective de sécurité. Il n’y a pas de raison de soutenir l’adhésion de nouveaux pays à l’OTAN, encore moins celle de l’Ukraine qui est perçue par la Russie comme étant une menace pour sa sécurité.

La première chose à faire est d’assurer un cessez-le-feu pour préserver les vies humaines. Un cessez-le-feu n’est pas synonyme de capitulation ni d’acceptation de prise ou perte de territoires occupés.

À court terme, l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN  semble difficile à envisager. C'est une idée qui pourrait être discutée après la guerre et selon les conditions d'un éventuel accord de paix. L’intégration de l’Ukraine dans l’OTAN n’est pas un tabou, mais celle-ci doit se dérouler dans le respect des standards démocratiques, politiques et économiques auxquels les pays qui souhaitent devenir membre de l’UE doivent se soumettre.

Si cette adhésion était intervenue plus tôt, elle aurait très certainement empêché la survenance du conflit de par le caractère dissuasif d’une telle alliance. Pour autant, dans l’état actuel des choses, la priorité doit être la fin du conflit et dans cette perspective, une telle adhésion pourrait s’avérer contre-productive

Ecolo est en faveur d’une cessation des hostilités et du retrait immédiat des troupes russes du territoire pour mettre fin au plus vite à la violence et l’horreur engendrées par l’invasion russe. S’il est inconditionnel et basé sur les positions acquises, un cessez-le-feu reviendrait à légitimer les infractions par la Russie du droit international et du respect des frontières d'un Etat souverain.

Il est plus que jamais urgent voire indispensable de redoubler les efforts diplomatiques pour parvenir à un accord entre les deux États. 

Nous avons soutenu que la Belgique et l’Union européenne envoie un maximum de soutiens stratégiques à l’Ukraine en vue de résister à l’invasion russe MAIS nous répétons l’importance de la piste diplomatique.

[L'adhésion à l'OTAN de l'Ukraine] est un point de non-retour déclaré par Vladimir Poutine. Il est nécessaire que l’Ukraine reste en dehors de l’OTAN au risque que le conflit s’étende à une guerre mondiale.

Le cessez-le-feu permettrait l’ouverture de discussions et de négociations vers un processus de paix.

Il est dangereux de donner l’impression de relativiser l’agression russe ou que soutenir l’Ukraine est une erreur alors que ce soutien est essentiel pour notre sécurité et la stabilité et la paix mondiale.

Au vu de l’agression russe, nous devons nous assurer du meilleur soutien possible à l’Ukraine afin qu’elle puisse retrouver son intégrité territoriale et sa souveraineté politique auquel elle a droit.

Les Engagés soutiennent l’adhésion rapide de l’Ukraine, de la Moldavie et de la Géorgie à l’OTAN dès que les conditions le permettront

Les négociations avec la Russie sont le choix souverain de l’Ukraine victime de l’agression russe et il n’appartient pas à ses alliés de mettre en place des négociations contre sa volonté. C’est pourquoi nous soutenons le plan de Paix du Président Zelensky. Nous nous efforcerons à aider l’Ukraine à envisager la voie diplomatique

Le MR soutient la position adoptée par la Belgique qui, avec ses partenaires européens, est engagée dans un effort d'outreach afin de convaincre un maximum de pays tiers de soutenir la proposition en dix points du Président Zelensky annoncée lors du sommet du G20 en novembre 2022.

Le MR est favorable à la position belge qui est celle d'un soutien à l'effort de légitime défense de l'Ukraine face à l'envahisseur russe. La position belge, y compris sur la livraison de matériel militaire, fait l'objet d'un accord au CMR. Elle engage donc toute la coalition.

A Vilnius, les chefs d'État et de gouvernement ont réaffirmé leur soutien inconditionnel à l'Ukraine "aussi longtemps que nécessaire". Pour renforcer ces propos, ils ont décidé d'un ensemble de mesures de soutien politiques et pratiques pour porter les relations avec l'Ukraine à un niveau supérieur. Le MR s'inscrit pleinement dans cette approche.