[...] En février 2011, tous les partis démocratiques, à commencer par la dite ‘gauche’ PS et Écolo, applaudissaient bruyamment à la participation belge à la destruction de la Libye par l’Otan, sous des alibis humanitaires fabriqués [1]. Les conséquences tout à fait prévisibles sont aujourd’hui évidentes. La Libye était en octobre 2010 le pays présentant l'indice de développement humain le plus élevé de l'Afrique. Des milliers de ressortissants de pays en guerre y avaient trouvé un asile de fait et y avaient construit leur vie. Officiellement 700.000, probablement plus d’un million d’Africains sub-sahariens y trouvaient de quoi faire vivre leurs familles restées au pays. La destruction de la Libye par les bombes de l’Otan - avec la fière participation des F16 belges -, la remise du pays aux mains de milices islamistes et racistes, a été une catastrophe qui dépasse largement la seule Libye, mais s’étend à une grande partie du continent africain.
Des millions d’Irakiens ont fui, et continuent à fuir un pays dévasté, en proie à la pauvreté, au chômage, à l’insécurité, où les attentats terroristes sont tellement banals qu’on les évoque à peine aux infos. Qui se rappelle encore qu’avant 1990, avant l’Irak était un pays riche, instruit et développé, dont le système de soins de santé étaient les plus avancés du Proche-Orient ? Après les bombardements, 12 ans d’embargo atroce - auquel a activement participé notre propre pays – puis l’invasion et l’occupation « pour installer la démocratie », c’est un très lointain souvenir. Le pays a été fermement ramené dans le Tiers-Monde dont il avait eu l’audace de vouloir sortir.
Depuis 2001, l’armée US et l’Otan occupent et bombardent l’Afghanistan et une partie du Pakistan. Aujourd’hui, 17 ans plus tard le flux de réfugiés en provenance de ces pays ne cesse de gonfler. Personne pour se poser des questions ? Au fil des années la propagande merveilleuse, lutte contre le terrorisme, reconstruction, écoles, émancipation... , s'est peu à peu dissipée pour laisser apparaître la réalité crue. Gabegie, corruption, financement de chefs de guerre alliés, et enfoncement parallèle de la grande majorité du peuple dans la misère. Quant à la lutte contre le terrorisme, qui oserait encore en parler maintenant ! Les taliban sont bien plus puissants qu’au début de l’invasion, et Daech s’est installé dans le pays.
Au fil des années, peu de personnes doutent encore des véritables raisons de la guerre en Afghanistan: projeter les armées occidentales en Asie centrales, aux confins de la Chine et de l’ex-URSS. Le sort des peuples, quelle importance pour l’impérialisme ? Les pires fanatiques religieux, les USA les avaient soutenus, financés et armés dès 1979 pour faire échouer le socialisme en Afghanistan. Et c’est exactement la même politique qui est à l’œuvre en Syrie depuis 2011 ! Les peuples, ici et là-bas, recueillent l’héritage de cette politique.
La lutte contre les guerres impérialistes est la toute première réponse à la question des réfugiés
D’un côté mainmise néocoloniale sur le tiers-monde étranglé par la dette, avec la mise en place de dirigeants complaisants (souvent sous menace de guerre civile), de l’autre agression militaire directe contre les pays résistant à cet ordre occidental, ou jugés menaçant leurs intérêts économiques: les milliers de Sénégalais, de Maliens, de Soudanais, et tant d’autres… qui affrontent la mort en tentant de traverser la Méditerranée sont les victimes directes de ‘notre’ impérialisme ; les réfugiés ne sont pas les conséquences de mystérieuses catastrophes naturelles, contre lesquelles on ne sait rien faire, et pour lesquelles le petit peuple est tenu de montrer sa générosité, mais les conséquences des actions et des guerres de ‘nos’ bons gouvernements.
La véritable générosité, la véritable solidarité ce serait en tout premier lieu d’arrêter de répandre le chaos dans le monde pour des intérêts qui ne sont pas les nôtres. En Belgique, concrètement, cela commence par sortir de l’Otan ; se désolidariser et refuser de participer aux opérations de déstabilisations - comme aujourd’hui en Syrie ; refuser la dépense folle de (minimum) 15 milliards dans des bombardiers F-35, pour aller bombarder d’autres Libye à venir ; refuser que les 2% du PIB soient engloutis pour la guerre. Les sommes dégagées seront beaucoup plus utilement investies dans les services sociaux, le développement, pour le bien-être et la sécurité des populations, ici et là-bas.
Mais la solution réelle passera par la sortie d’un système économique dont la finalité est l’accumulation les richesses dans les mains de quelques-uns, au prix de l’exploitation du reste de l’humanité, et dont la conséquence nécessaire, inexorable, est la guerre, aussi sûrement que la nuée porte l’orage.
Texte complet sur http://ledrapeaurouge.be/opinions/187-imperialisme-et-immigration
[1] Lire les édifiants débats sur http://www.csotan.org/textes/doc.php?art_id=540&type=documents