imprimer
Pourquoi, encore, la défense belge se trouve-t’elle au Moyen-Orient ? Roland Marounek 1 novembre 2017 Il n’y a plus grand monde apparemment dans le monde politique ou associatif, pour remettre en cause la participation belge aux côtés des USA (la dite coalition ‘internationale’) que ce soit en Afghanistan, en Irak ou en Syrie. La « vision stratégique » de notre ministre de la Défense publiée il y a quelques mois ne semble provoquer aucun débat : « [Les États-Unis] demandent aux pays européens de contribuer davantage à la stabilisation de leur propre périphérie. L’Europe devra être encore plus présente en tant que security provider… La sécurité belge et européenne dépend plus que jamais de la paix et de la sécurité dans le monde… »
C’est le message habituel, convenu, accepté par tous. En clair le message basique que l’on fait passer c’est « La Défense belge nous protège du terrorisme par ses opérations aux côtés des USA dans le Grand Moyen Orient ». Il faut bien se défendre des terroristes, quand même…
Les merveilleux succès de l’Otan en Afghanistan…
« Le ministre des Affaires étrangères, Karel De Gucht a défendu mercredi [13/02/2008] l'engagement militaire belge en Afghanistan par la nécessité d'assurer ‘notre propre sécurité’, notamment face à la montée de l'islamisme radical. ‘Il y a un lien entre l'engagement de l'OTAN en Afghanistan et la sécurité de la zone euro-atlantique, et donc notre propre sécurité.’ »
La réalité s’est chargée de répondre à K. De Gucht. Prétendre aujourd’hui que nos bombardements en Afghanistan ont été nécessaires pour endiguer le terrorisme ressemblerait à une plaisanterie cynique. Après près de 16 années de guerre, le Président Trump a annoncé en août que l‘envoi de nouvelles troupes et 4 années de guerre supplémentaires : l’Afghanistan ressemble à un désastre qui n’a pas de fin, à l’évidence les bombes et l’occupation ont depuis 2001 bien plutôt contribué à la permanence et à la multiplication du risque terroriste.
…et en Libye
« L'accent est résolument mis sur le core business de la Défense: l'exécution des opérations de maintien de la Paix et de Sécurité. Notre participation aérienne et navale en Libye est internationalement appréciée… » Pieter De Crem, 30 mai 2011.
La destruction complète de la Libye à laquelle a donc si fièrement contribué notre « défense » a eu, en autre, pour effet immédiat de fournir un nouveau foyer aux islamistes affiliés à al-Qaida, qui ont aussitôt et généreusement approvisionnés en armes et en hommes les ‘frères’ syriens…
C’est, et de façon flagrante, l’opposé même du discours officiel : la Défense belge a, factuellement, participé aux côtés de ses bons alliés, à l’expansion du terrorisme international.
Il faut se rappeler que tous les grands partis, gauche comprise, ont soutenu avec enthousiasme la participation de notre pays à cette catastrophe. On attend toujours leur mea culpa…. Le ministre Vandeput exprime lui dans ses Visions, l’opinion qu’il n’aurait pas fallu se contenter de la destruction, mais qu’il aurait fallu la prolonger d’une autre occupation militaire : « En Libye, l’action militaire réussie des pays européens en 2011 n’a pas été suivie par une phase de stabilisation civilo-militaire… » A l’exemple afghan ?
Syrie : le jeu US mis à nu
Des informations édifiantes nous sont parvenues ces dernières semaines de l’est de la Syrie. L’avancée de l’armée gouvernementale syrienne contre Daech dans la région de Deir-Ezzor sa provoqué de ‘curieuses’ réactions de l’ami US et de ses nouveaux proxies sur le terrain, les « Forces démocratiques syriennes » (FDS).
Le 23 septembre, le général russe Valeri Assapov a été abattu par un bombardement de l’EI près de Deir-Ezzor. Le lendemain, l’état-major russe publiait des photos prises peu de temps auparavant par l’un de ses drones au-dessus de cette région, montrant de nombreux véhicules de l’armée américaine stationnés dans des zones contrôlées par Daech. Les unités spéciales de l’armée américaine font passer les FDS à travers les positions de Daech, sans rencontrer la moindre résistance de la part des combattants de l’EI, a relevé le ministère russe de la Défense. Des documents circulent montrant que des criminels locaux sont passés de l’allégeance à Daech à des postes de commandement au sein des FDS. « C’est avec regret que les autorités russes observent que les États-Unis continuent à jouer aux bons et aux mauvais terroristes », déclare le vice-ministre russe des Affaires étrangères.
En d’autre terme : l’objectif US en Syrie n’est définitivement pas la lutte contre Daech, mais bien et toujours la lutte contre un ‘régime hostile’, au besoin en s’appuyant sur Daech !
Il est malheureux que ces informations soient relayées bien discrètement par nos médias. Mais cette discrétion est bien compréhensible : car comment concilier ces faits avec l’image imposée de « la Coalition Internationale luttant contre le terrorisme » ?
Quelle conséquence sur la crédibilité des discours de nos dirigeants successifs sur le rôle de la défense belge supposée nous défendre du terrorisme, alors qu’elle se trouve directement en supplétif d’une coalition qui est en train de soutenir dans les faits les terroristes ?
Notre « défense » nationale, en participant servilement aux côtés des USA à ses guerres impériales, ne défend absolument pas la nation, mais au contraire, l’expose au terrorisme.
Pourquoi n’y a-t’il dans notre pays aucun débat politique sur cette question de la plus grande importance ?
Roland Marounek Autres textes de Roland Marounek sur le site du CSO
|