Plate-forme du Comité de surveillance OTAN
De nombreux citoyens en Belgique ont été révoltés par les bombardements de lOTAN contre la Yougoslavie, suivis de loccupation du Kosovo. Pour nous, fondateurs du « Comité de surveillance OTAN », lindignation est une source de réflexion quant au tournant historique que signifie cette guerre non déclarée contre un pays souverain dEurope. La guerre de lOTAN contre la Yougoslavie a révélé que la tâche exclusive de lorganisation atlantique nest plus la défense du territoire de ses membres. Ainsi, lOTAN ne respecte même plus ses propres statuts, en particulier larticle 1 du Traité de lAtlantique Nord.
LOTAN est plus que jamais le bras armé des États-Unis en Europe, et demain peut-être dans le Caucase ou ailleurs. Son objectif est dassurer par des moyens militaires et politiques la domination économique de lOccident et son approvisionnement en matières premières stratégiques, achetées le meilleur marché possible. Elle est au service des grandes sociétés industrielles et financières des puissances occidentales. Cela entraîne la mise au pas des gouvernements et populations rebelles par le recours à tous les moyens, y compris la guerre.
Rappelons que, pendant de nombreuses années, le mouvement pacifiste belge et européen a réclamé la dissolution des blocs et des alliances militaires. LOrganisation du Traité de Varsovie a disparu en 1990 et son homologue du Traité de lAtlantique Nord aurait dû limiter, puisquil nous fût répété pendant des décennies que son unique raison dêtre était de contrer la menace du communisme, de lURSS ou du Traité de Varsovie. La seule conséquence logique était, et reste, la dissolution de lOTAN. Au lieu de cela, elle se renforce, sétend vers lest et a, pour fêter son 50ème anniversaire, mené sa première guerre contre un État souverain, en violation complète avec tous les principes du droit international. Pour étendre sa « Pax Americana », lOTAN est prête à utiliser sa supériorité militaire pour imposer la vassalisation du reste du monde.
Les événements des Balkans ont permis de revitaliser une alliance militaire que lhistoire semblait condamner aux oubliettes. Après que lAllemagne ait fomenté le démantèlement de la Yougoslavie, les États-Unis ont utilisé lOTAN pour imposer leurs vues aux intérêts divergents des puissances européennes. Les moyens mis en uvre sont significatifs et risquent de servir de schéma à dautres interventions : exacerbation des nationalismes locaux par le soutien aux uns et la diabolisation des autres, fournitures darmes, de renseignement et de conseillers militaires, imposition de cruels blocus économiques, interventions militaires directes, dabord limitées en 1994, puis de plus en plus massives jusquaux bombardements de 1999, création de bases militaires dans toute la région, occupation militaire et instauration de protectorats en Bosnie-Herzégovine et au Kosovo.
Comme lont confirmé le « nouveau concept stratégique » présenté lors du sommet de lOTAN de Washington en avril 1999 et les déclarations du président Clinton lorsque ses troupes envahissaient le Kosovo moins de deux mois plus tard, lOTAN est en train dêtre restructurée de façon à pouvoir réaliser des interventions dans dautres régions du monde. Ses experts et les médias à son service sont chargés de sélectionner les « catastrophes humanitaires » devant servir de prétextes à ses nouvelles guerres. Le monde quelle nous prépare sera celui de linstabilité et de la guerre permanentes.
La menace nucléaire na guère diminué. Malgré son immense supériorité en armements conventionnels, lOTAN sarroge le droit dutiliser ses missiles nucléaires, même contre des nations nen disposant pas. En refusant de signer le Traité dinterdiction des essais nucléaires et en annonçant leur intention de ne plus respecter celui limitant les défenses anti-missiles, les États-Unis sont en train de relancer la course aux armements nucléaires. LOTAN continue à violer le Traité de non-prolifération : la présence dau moins une dizaine de bombes nucléaires sur le sol belge, à Kleine Brogel, est là pour nous le rappeler.
Les aspirations des puissances occidentales à dominer le monde coûtent de plus en plus cher aux contribuables. Les dépenses militaires de la plupart des pays membres de lOTAN, dont la Belgique, sont en forte augmentation, notamment à cause de la multiplication des interventions à l'étranger et de lévolution de la stratégie de lOTAN. Cela se fait au détriment des budgets destinés à, en autres, lemploi, lenseignement ou la santé.
Dautre part, les participants au Comité de surveillance ne cachent pas leur révolte face à la monstrueuse politique de blocus économique infligée aux États ne manifestant pas assez dallégeance envers le « nouvel ordre mondial » promulgué par lOccident. Les sanctions imposées à lIrak - un pays bombardé presque chaque jour par laxe Londres - Washington - ont tué depuis dix ans plus dun million de personnes et déshonorent lONU qui cautionne cette politique. Celles décrétées par lUnion européenne et les États-Unis à lencontre de la Serbie ralentissent considérablement la reconstruction du pays, infligent dindicibles souffrances à une population privée de chauffage et renforcent les tendances les plus autoritaires du régime.
Comme lont montré les bombardements sur la Yougoslavie, les prétextes humanitaires ne servent quà désorienter une opinion publique manipulée par des médias serviles. LOTAN a pollué le Danube et des régions entières par ses frappes sur des raffineries et des usines chimiques et par lemploi de munitions à uranium appauvri. Elle a fait de la Yougoslavie le pays le plus pauvre dEurope et davantage déstabilisé les Balkans. Au Kosovo, elle assiste sans réagir au « nettoyage ethnique » des minorités (Serbes, Roms
) par des extrémistes et des mafiosi albanais.
Pour ces raisons, le Comité de surveillance OTAN se prononce pour :
- un débat et un contrôle démocratique sur la participation belge à lOTAN et à ses interventions,
le retrait des troupes belges déployées à létranger dans le cadre de leur participation à lOTAN,
- le démantèlement des infrastructures nucléaires présentes sur le territoire belge et le retour des ogives aux États-Unis,
- lexamen et la poursuite des crimes de guerre commis par lOTAN en Yougoslavie,
- la levée unilatérale par la Belgique des sanctions à légard de la Yougoslavie et de lIrak, ainsi quune action internationale en ce sens.
Bruxelles, janvier 2000 |