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Fake news, grands médias et colère populaire André Lacroix 18 septembre 2025 Si l’on excepte l’une ou l’autre voix singulière parvenant fortuitement à se faire entendre à propos de l’Ukraine, nul ne niera que nos grands médias manquent singulièrement d’indépendance par rapport au discours officiel, résumé parfaitement par la formule de Macron à propos de Poutine : « c’est un ogre à nos portes ».
Que nos grands médias n’aient pas fustigé la bêtise et l’arrogance d’un tel propos en dit long sur leur coupable couardise.
Ça avait commencé le 27 février 2022, le jour où Ursula von der Leyen, a décrété l'interdiction sur nos ondes de Russia Today et de Spoutnik. Comment se fait-il que les journalistes n’aient pas hurlé leur indignation et forcé la Commission européenne à faire marche arrière ? Sans doute les Reporters Sans Frontières étaient-ils trop occupés alors par leur dénonciation de crimes imaginaires imputés à la Chine contre les Ouïghours…
Comment se fait-il que nos journalistes, si enclins à condamner le manque de liberté de la presse dans des pays lointains, ne se soient pas mobilisés en masse contre cette censure, que seule une déclaration de guerre aurait pu éventuellement justifier ? Or ni la Commission européenne n’avait ce mandat, ni les dirigeants européens qui, sans l’aval de leurs Parlements respectifs, ont fait de leurs pays des cobelligérants.
Depuis des années, nos braves concitoyens n’ont donc plus à se mettre sous la dent que les informations conformes à l’agenda de l’OTAN, plus ou moins commentées et agrémentées selon l’humeur et le talent des journalistes de service. Et la Charte de Munich ? N’enjoint-elle pas aux journalistes de « défendre la liberté de l’information, du commentaire et de la critique » ? Résultat de cette démission généralisée, spécialement impardonnable quand il s’agit de chaînes publiques : la population est amenée à croire que la Russie constitue une menace pour la sécurité l’Europe.
Au hit-parade des fake news, la soi-disant menace russe occupe assurément une place de choix. À supposer même - quod non - que Poutine ait envie de manger l’Europe, il sait très bien que la Russie n'a pas les moyens d'assouvir un tel appétit, ni en capacités économiques ni surtout en ressources démographiques. Et d'ailleurs, on voit mal qu'un pays de 17 millions de km² ait encore besoin de s'agrandir. Il s’agit là d’un argument de bon sens que l’establishment refuse d’entendre.
Comment se fait-il que des journalistes de terrain, comme Anne-Laure Bonnel, Christelle Néant ou Régis Le Sommier soient blacklistés par nos grands médias ? Comment se fait-il qu’on n’entende plus jamais sur nos ondes Michel Collon, auteur d’un excellent livre Ukraine, La guerre des images ? Comment se fait-il que le site Le Grand Soir s’efforce aujourd’hui de réunir une cagnotte pour financer un documentaire sur ce qui se passe réellement en Ukraine ?
Comment se fait-il que les grandes chaînes françaises et belges ouvrent leurs plateaux à de soi-disant experts et à des militaires missionnés par l’OTAN, et refusent l’accès à des spécialistes du renseignement comme Éric Denécé1, Caroline Galactéros, fondatrice du pôle de réflexion Géopragma, Jacques Baud, Colonel suisse, ayant travaillé pour l’OTAN, Benoît Paré, observateur de l’OSCE en Ukraine de 2015 à 2022 ?
Comment se fait-il, comme par exemple le 25 août 2025 sur les ondes de la RTBF, qu’une universitaire bien en cour ait pu ressasser impunément de vieux clichés antirusses, allant des accusations gratuites jusqu’au procès d’intention2 ?
Comment se fait-il qu’on n’entende presque jamais dans nos grands médias des intellectuels brillants (comme Annie Lacroix-Riz, Emmanuel Todd, Bruno Drweski, Jacques Sapir), des officiers supérieurs français s'exprimant librement (Hervé Carresse, Peer de Jong, Jacques Guillemin, Jacques Hogard, Alexandre Lalanne-Berdouticq, Henri Pinard-Legry), des diplomates au parler franc (comme les Français Maurice Gourdault-Montagne et Michel Raimbaud, les Suisses Georges Martin et Jean-Pierre Vettovaglia ou le Russe francophone Vladimir Fédorovski), des militants pacifistes (comme Pierre Galand, Riccardo Petrella), etc. ?
Toujours est-il que les « responsables » européens, forts de cette hystérie collective antirusse, tolérée sinon orchestrée par nos médias, en sont venus à décider de consacrer 800 milliards d’euros à l’armement, au détriment des politiques économiques, sociales, environnementales en besoin urgent de refinancement.
L’absurdité tragique de la situation est résumée en ces termes par Jacques Baud : « Zelensky s’engage à acheter des armes avec de l’argent qu’il n’a pas à des Américains qui n’ont pas les armes qu’ils voudraient vendre pour des Européens qui n’ont pas l’argent pour payer ça, et tous ces accords ont été signés par Ursula von der Leyen qui n’a pas autorité pour faire ce type de transaction. »3
Lueur d’espoir toutefois : la récente prise de conscience syndicale du lien entre les attaques brutales contre les acquis sociaux et le gouffre financier creusé par l’entêtement des dirigeants européens à vouloir la défaite de la Russie. Il arrivera bientôt le jour où la fuite en avant belliciste des Starmer, Macron, Merz et autres De Wever se cassera devant la colère des populations.
1. Hélas, Éric Denécé, le grand spécialiste français du renseignement, qui connaissait beaucoup (trop ?) de choses, a été retrouvé "suicidé » dans sa voiture le 9 juin 2025.
2. https://auvio.rtbf.be/media/les-cles-les-cles-3373063 (08:38).
3. https://www.youtube.com/watch?v=KBgyttIsg50 (09:33).
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