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L'OTAN survivra-t-elle ?

Pierre Piérart
1 janvier 2002

Depuis la disparition de l'URSS et de l’Organisation du Traité de Varsovie, l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN) tâche de se transformer et de s'adapter pour survivre tant bien que mal et par tous les moyens.

Pour se maintenir, l'OTAN diversifie ses actions dans tous les domaines (y compris la recherche scientifique et la protection de l'environnement ). Sa politique d'expansion dans le monde s'est manifestée par de nombreuses conventions de Partenariat Pour la Paix (PPP) qui en 1998 concernaient déjà 28 pays. Entre-temps, les partenaires polonais, hongrois et tchèque sont devenus membres de l'OTAN, ce qui sera probablement le cas pour les partenaires baltes, slovène, slovaque, bulgare et roumain. La Cellule de Coordination du Partenariat (CCP) est basée au SHAPE. Ces nouveaux et futurs membres sont et seront saignés à blanc pour faire face aux exigences exorbitantes en matière d'équipements militaires.

Pour faire avaler, par la Russie, la pilule de l'intégration des pays baltes, on a créé le Conseil conjoint OTAN-Russie. Les Russes qui attendaient des 19 membres un droit de veto ne reçurent qu'un droit de regard. Ils s'en mordront les doigts avec les bombardements systématiques sur la Serbie malgré leur très vive opposition.

Dès le 11 septembre la Russie s'est partiellement réconciliée avec les Etats-Unis pour soutenir activement la lutte contre le terrorisme. Le Secrétaire général de l'OTAN Robertson a essayé vainement de recoller les morceaux de l'Alliance en évoquant notamment l'article V ( solidarité entre les membres). Néanmoins le président Bush, qui ne souhaitait pas une nouvelle guerre du type Kosovo, a écarté l'OTAN des opérations en Afghanistan au profit d'une coalition ad hoc plus souple. La Grande Bretagne y occupe une place importante comme dans la guerre de l'Iraq.

Pour arriver à ses fins le Secrétaire de l'Alliance propose à Moscou un nouveau Forum, remplaçant le Conseil conjoint OTAN-Russie mis en sommeil. Selon ce projet, la Russie pourrait intervenir, sur un pied d'égalité, dans certains sujets mineurs mais n'aurait pas de droit de veto pour les questions fondamentales relevant de l'Alliance atlantique.

Certains Européens pourraient proposer d'inclure la Russie (sans droit de veto) dans l'OTAN pour faire passer des points délicats comme l'intégration des pays baltes, le rejet du traité ABM et l'adoption par l'OTAN du programme antimissiles. Contrairement à l'analyse faite par plusieurs observateurs après l'attaque des deux tours du World Trade Center, ce projet NMD a gardé toute son importance aux yeux des stratèges américains malgré l'inefficacité évidente d'un tel système contre des actions terroristes.

Pour conclure, l'OTAN ne se justifie plus, malgré ses efforts pour coopérer avec l'OSCE afin d'établir un document-charte sur la sécurité européenne. Elle devient un groupe de pression qui tente de contrôler la Politique étrangère et de Sécurité Commune (PESC). D'autre part, elle impose des investissements militaires énormes (révolution dans les affaires militaires se traduisant par des capacités de défense européenne « séparables mais non séparés » de l'OTAN), y compris le programme antimissiles de théâtre (TMD).

Décidée au sommet européen de Helsinki, la force d'intervention rapide de l'UE, en se substituant à l'OTAN, pourrait constituer le bras armé de l'OSCE. Cette « armée européenne » fonctionnera-t-elle selon un système intergouvernemental ou fédéral ? Dans cette dernière hypothèse les décisions du Conseil se prendront-elle à la majorité qualifiée de 70%, avec des contraintes encore plus élevées que dans l'Alliance atlantique ? L'avenir nous le dira. En attendant très peu d'informations filtrent de la part des responsables de la mise sur pied de la force d'intervention rapide promise pour 2003.

Pierre Piérart
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