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Le Nouveau Concept Stratégique : un document resté "secret" en Belgique à la veille du Sommet de l’Otan !

Claudine Pôlet
5 janvier 2011

Deux jours avant le Sommet de l'Otan à Lisbonne, les ministres Leterme (Premier ministre du gouvernement en affaires courantes), Van Ackere (ministre des Affaires Étrangères) et De Crem (ministre de la Défense) ont daigné se présenter devant les commissions Défense et Affaires Etrangères du Sénat et de la Chambre rassemblées pour l’occasion. Ils ont bien voulu répondre aux questions des parlementaires concernant le Nouveau Concept Stratégique.

Pour la forme, le président de la commission (De Donnea) a critiqué ce déni de démocratie et estimé, que cela n'avait pas de sens, de présenter comme "secret" le document préparatoire du nouveau concept stratégique défendu par Anders F. Rasmussen, secrétaire général de l’Otan.

Les ministres ont brièvement présenté ce document et n'ont pas répondu aux parlementaires qui demandaient dans quel cénacle ce nouveau concept avait été discuté et approuvé.

Pour les ministres:

  • le document sur le NCS contient un appel au désarmement conventionnel et nucléaire mondial et inclut un appel à la Russie pour qu'elle y mette du sien.
  • le bouclier anti-missiles sera étendu, et protégera l'ensemble du territoire des pays membres. Il est indissolublement lié à la dissuasion nucléaire. Il ne coûtera que 147 millions d'euros, étalés sur 7 ans, donc pour la Belgique moins de 1 million d'euros. La seule question restée en suspens est : qui commandera ?
  • importance d'un accord Russie - Otan. La Russie participera au bouclier anti-missiles. En même temps, on ne sera pas naïfs et la Russie peut toujours à nouveau changer. On doit lui réclamer la réciprocité.
  • il faut une réduction des structures de commandement, diminuer le nombre de QG, des fermetures d'infrastructures.
  • Afghanistan :  il y aura une déclaration sur le processus de transition, de transfert du pouvoir aux autorités afghanes, à partir de 2014. Après : un partenariat sera instauré sur le long terme entre Otan et Afghanistan. La Belgique ne fera aucun engagement militaire supplémentaire, les troupes restent jusque fin 2011. Ensuite, elles continuent de participer à la formation de l'armée et de la police afghanes.
  • l'essentiel du concept stratégique antérieur subsiste. Le consensus est maintenu ainsi que la possibilité d'élargissements futurs. Ce qui est nouveau, ce sont les nouvelles menaces provenant, entre autres, du terrorisme, des cyber attaques, des Etats peu fiables.
  • la Lettre des 5 pays demandant un retrait des armes nucléaires tactiques d'Europe (Belgique, Pays-Bas, Allemagne, Norvège, Luxembourg) est prise en compte dans la déclaration sur le désarmement général. Mais en même temps, aucun pays ne prendra de mesure unilatérale et l'Otan est pleinement résolue à maintenir son potentiel de dissuasion nucléaire, tant qu'il y aura des armes nucléaires dans le monde et des risques de prolifération nucléaire. 

Les parlementaires qui sont intervenus en critiques : Dirk Vandermaelen (Sp.a), Philippe Mahoux (PS), Bert Anciaux (Sp.a), Juliette Boulet (Ecolo), Wouter Devriendt (Groen), Brems (Groen) ont soulevé un grand nombre de problèmes, à commencer par la dénonciation du manque de démocratie dans notre pays et le mépris inacceptable de la part du gouvernement envers le parlement.

Ils ont également exprimé leur préoccupations pour toutes ces nouvelles missions que l’Otan s’attribue , pour son expansion hors zone et pour sa définition très large des "nouvelles menaces".

Ils ont critiqué le fait que le "bouclier anti-missiles" soit déjà adopté, de même d’ailleurs que 95% des autres résolutions.

Plusieurs parlementaires ont également répété la nécessité d’un retrait beaucoup plus rapide et sans demi-mesures, des troupes belges d’Afghanistan.

Ils ont insisté sur l’absence de décision pour le retrait des armes nucléaires de Kleine Brogel.

Sur la question des armes nucléaires tactiques, la Belgique retourne complètement sa veste, après la lettre des 5 pays. La Belgique doit demander l'intégration dans le NCS du "no first strike": aucun document de l'Otan ne le dit jusqu'à présent.

Les textes des interventions seront publiés. Mais c’est à la demande de quelques parlementaires ! Le président de la commission aurait voulu qu'il n'y ait pas de rapporteur.

Les ministres ont déclaré « avoir passé un bon moment parlementaire » avec les députés et sénateurs de la Commission… 

Il y avait une curieuse collusion à cette séance : les trois ministres CD&V, faisant partie du gouvernement sortant avec les socialistes, étaient en parfait accord avec Armand De Decker et Herman De Croo, libéraux, qui ne participent pas à ce gouvernement… alors que PS, Sp.a, Ecolo et Groen participant aux négociations pour un possible nouveau gouvernement, semblaient être dans l’opposition.

Il n’y a pas là qu’un déni de démocratie parlementaire. Mais aussi un blocage total sur la politique extérieure et de défense de la Belgique. Le débat sur l’Otan et le combat contre de nouveaux préparatifs de guerre annoncés dans le Concept Stratégique 2020 doit dépasser le cadre du parlement et devenir un point essentiel du programme des partis qui se disent progressistes et du mouvement pour la paix.

Claudine Pôlet
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