imprimer
La Sardaigne, poubelle de l'OTAN Inculpation de 20 personnes pour désastre environnemental, faux témoignage, homicides multiples, faux en écriture etc... Carla Goffi 1 juillet 2012
Dans nos précédentes publications, nous vous parlions de la situation catastrophique de certaines zones de la Sardaigne, soumise à des servitudes militaires et dont le tiers de l'espace aérien, terrestre et maritime, est dans les mains de l'Otan, des armées italienne et étrangères et des firmes d'armements qui expérimentent leurs nouvelles armes... Un théâtre de guerre dans une zone civile et en temps de paix…
Nous vous parlions d'un procureur courageux, Domenico Fiordalisi, qui, mène des enquêtes tout azimut, sur base de plaintes reçues des familles des malades et personnes décédées de cancers divers.
Ces enquêtes ont abouti à l'inculpation de vingt personnes pour: désastre environnemental, faux témoignage, homicides multiples, faux en écriture etc.
En mars 2012, un scientifique italien indépendant, consultant du procureur, a communiquée publiquement des données inquiétantes... Sur 18 cadavres analysés, (des personnes décédées dans la zone du polygone de tir de Quirra), son laboratoire a trouvé une présence massive de thorium radioactif ainsi que du césium et d'autres matériaux lourds.
Le 5 mai, le procureur Fiordalisi inculpe 20 personnes dont 1'ancien bourgmestre, 6 généraux et 2 colonels du polygone de Quirra, 4 professeurs universitaires, 2 chimistes, 1 médecin (le responsable du service sanitaire), et des parlementaires, membres de la Commission de la Défense. Il clôture ainsi son dossier et le transmet à un juge d'instruction pour les suites au tribunal.
Le 30 Mai, la C ommission sénatoriale d'enquête sur l'uranium appauvri (et autres nuisances résultant de déchets de guerre) approuve a l'unanimité la note rédigée par un sénateur qui demande la fermeture des polygones de Capo Teulada (sud de la Sardaigne), de Capo Frasca (est) et la reconversion du polygone de tir de Quirra en un pôle de recherche pour des nouveaux systèmes d'armement (notamment pour les avions sans pilotes).
Le 19 juin, la même commission entend un autre scientifique, le président de l'Association Italienne de Radioprotection Médicale (AIRM), qui affirme que l'uranium appauvri, et encore moins le thorium, ne peuvent provoquer des lymphomes de Hodgkin et autres, et cherche à démonter toute la thèse de l'accusation.
le 20 juin, a lieu la première audience préliminaire avec la vérification des parties civiles (les familles de victimes, les associations, la Région de Cagliari, les bergers et cultivateurs directs..) et notification de la présence de la défense de l'Etat Italien qui se positionne en faveur des militaires accusés.
Le 29 juin, on apprend que le procureur Fiordalisi continue néanmoins son enquête et inculpe 4 autres personnes pour 'corruption lors de passations de marché'. En effet, celles-ci sont intervenues pour que l' agence NAMSA ( Agence OTAN d'entretien et d'approvisionnement ), chargée de certifier le respect de l'environnement et de mesurer l'électromagnétisme dégagé par les radars, obtienne le marché. La facture s'est élevée à 2 millions d'euros. Les résultats ont été probablement faussés. D'où l'inculpation des scientifiques par le procureur Fiordalisi.
Les prochaines audiences auront lieu fin juillet. Quelle sera la position du juge des enquêtes préliminaires qui a repris toute cette affaire???
En attendant, les tests militaires ont repris à Quirra, les bergers et les malades n'ont toujours pas reçu la moindre indemnisation financière....
Nous ne pouvons que regretter, dans cette misérable affaire, le silence de l'Union Européenne, qui subventionne depuis des années les bergers et cultivateurs exerçant leur travail dans des zones militairement polluées, et qui ne fait même pas valoir un de ses principes de base : le devoir de précaution.
Carla Goffi – MCP
Pour informations complémentaires : 0496.46.39.65
Carla Goffi Autres textes de Carla Goffi sur le site du CSO
|