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Le projet de constitution bétonne le rôle prédominant de l’OTAN en Europe Claudine Pôlet 1 novembre 2003 Il ne faut pas être spécialiste en droit international pour se
rendre compte que ce projet de Convention pour une Constitution européenne
ne va rien innover en matière de politique de défense et de sécurité
européenne commune. Au contraire, les liens qui rattachent à l’OTAN
les Etats européens déjà membres et ceux qui vont bientôt
le devenir, sont encore renforcés.
Certes la déclaration de principes concernant une « politique
étrangère et de sécurité commune » indique
que « la compétence de l’Union couvre tous les domaines de la politique
étrangère.. y compris la définition progressive d’une
politique de défense commune qui peut conduire à une défense
commune…. Les Etats membres appuient activement et sans réserve la politique
étrangère et de sécurité commune de l’Union… ».
Mais, quand il s’agit de définir en quoi pourrait consister cette politique
commune, on peut lire : « la politique de l’Union … respecte les obligations
découlant du Traité de l’Atlantique Nord pour certains Etats membres
qui considèrent que leur défense commune est réalisée
dans le cadre de l’OTAN et elle est compatible avec la politique commune de
sécurité et de défense arrêtée dans ce cadre…
». De plus, un autre paragraphe précise que « la politique
de sécurité et de défense commune.. conduira à une
défense commune dès lors que le Conseil Européen, statuant
à l’unanimité, en aura décidé… ».
Donc, après bien des détours de phrases, on se retrouve dans une
situation encore pire que celle qui prévaut aujourd’hui. La majorité
des pays membres de l’Union Européenne sont aussi membres de l’OTAN.
C’est leur engagement vis-à-vis de l’OTAN qui va prévaloir sur
toute autre possibilité « européenne ». Et l’avis
unanime du Conseil des Ministres de l’Europe à 25 est simplement impensable.
Si ce projet de Convention devient la nouvelle Constitution Européenne,
le rôle-clé de l’OTAN (avec toutes les implications nouvelles que
nous analysons par ailleurs) sera coulé dans du béton. Les quelques
réticences des gouvernements dits « de la vieille Europe »
face à la guerre et à l’occupation de l’Irak (par exemple) ou
leurs déclarations concernant une défense commune indépendante
des Etats-Unis resteront lettre morte.
Certains courants du mouvement de la paix préconisent une politique
européenne de sécurité comme une alternative possible à
l’OTAN. La Constitution européenne ferme complètement cette possibilité.
Le refus de cette Convention doit être catégorique. Elle n’est
pas amendable. Les articles concernant l’OTAN sont particulièrement odieux
et anti-démocratiques. Mais de toutes façons, on ne demandera
pas l’avis des populations et surtout pas celui des millions de manifestants
européens qui se sont prononcé et mobilisés contre la guerre
en Irak et qui aspirent à une véritable politique européenne
de paix.
Claudine Pôle
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