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L’enseignement toxique de Hiroshima

Roland Marounek
8 août 2020

A l’occasion du 75e anniversaire des bombardements atomiques sur le Japon, la chaîne Arte a diffusé un film documentaire US retraçant les événements ayant conduit au largage des bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki (« La Bombe », diffusé le 04/08). Dans ce film récent (2015), y est répétée, en passant, la version officielle selon laquelle « la bombe atomique a permis d’arrêter la guerre et de sauver des millions de vies humaines » ;

« L’étape suivante parait inévitable : l’invasion du Japon», y entend-t-on textuellement, « Des milliers d’Américains et peut-être des millions de Japonais risquent de mourir. Pour Harry Truman la bombe semble être le moindre des deux maux. Il a préféré une option lui permettant d’écourter la guerre. » . Le bombardement atomique était donc en quelque sorte un acte de bienfaisance, ayant permis d’épargner la vie de « millions de Japonais »…

En août 45 le Japon était défait militairement et nous savons maintenant qu’il était en train de négocier sa capitulation depuis juillet. Le seul point non-négociable pour le régime japonais était la personne de l’Empereur et le maintien du système impérial. Les Etats-Unis s’étaient montrés intransigeants sur cette question - jusqu’à l’entrée en guerre de l’Union Soviétique contre le Japon (9 août 45). L’avancée rapide des troupes soviétiques sur les territoires conquis par le Japon et les îles japonaises du Nord (îles Kouriles), l’effondrement de l’armée japonaise du Guandong face à l’Armée Rouge, et la perspective de devoir partager l’occupation du Japon avec l’URSS ont manifestement adouci les positions étatsunienne et japonaise. L’acte de reddition, qui garantissait explicitement le maintien de l’Empereur, aurait donc pu être signé avant, ou hors de tout bombardement nucléaire.

Il est donc factuellement faux d’affirmer que c’est le largage des bombes atomiques qui a permis la fin de la guerre. 

Un autre aspect qui semble complètement passer inaperçu avec cette thèse, c’est qu’elle contient en elle-même une fantastique justification du terrorisme : Hiroshima était une ville peuplée de civils, pas un objectif militaire ; et on nous apprend tranquillement que la décision de massacrer sa population, femmes, enfants, hôpitaux, écoles confondus, sur un rayon de plusieurs km, avait pour intention de forcer un gouvernement à se soumettre, et pire, que ça a très bien marché ! 

Comment mieux dire que le terrorisme, c’est super efficace ? 

C’est cette thèse qui est pourtant toujours enseignée à l’école, et continue à être distillée dans ce genre de documentaire. L’enseignement implicite que nous devons tirer des bombardements atomiques de Hiroshima et Nagasaki, serait-il donc que le droit de la guerre, la protection des civils, tout ce genre de choses, n’est que du vent ? Que c’est le terrorisme, un immense acte de terrorisme passant par le feu nucléaire toute une cité, qui aurait permis d’emporter la victoire finale ?

Roland Marounek
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