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Contre ces lois-là, la Loi Internationale (et Milosevic) n’ont pas l’ombre d’une chance

Stephen Gowans
15 septembre 2004

http://www3.sympatico.ca/sr.gowans/trial.html
Traduction de J-M Flémal

Il serait naïf de s’attendre à autre chose, là-bas, qu’à un verdict de culpabilité, dans l’affaire Milosevic, ne serait-ce que parce que le procès – organisé par les mêmes parties dont l’intérêt dans le démembrement de la Yougoslavie a finalement amené un président démocrate à lui faire la guerre au printemps 1999 – a servi un but clairement politique dès son commencement.

Tout ce qui concerne le tribunal, depuis sa genèse jusqu’à son statut légal et jusqu’à l’échec de l’accusation à citer des preuves ou des témoignages établissant que Milosevic a ordonné des crimes de guerre, voire un génocide – pue.

Mais, dans ce cas, à quoi vous attendez-vous ?

Le tribunal apparaît comme étant une sorte de courtoisie ficelée dans un emballage cadeau de la part des mêmes affabulateurs qui ont surpassé Bush dans le mensonge en prétendant que des centaines de milliers de Kosovars d’ethnie albanaise avaient été exterminés par les équivalents démoniaques des nazis – les Serbes, prétendument assoiffés de sang et partisans des épurations ethniques.

Cette prétention relevait uniquement du cinéma politique, un fait attesté par la réalité : jamais la moindre preuve d’un génocide, à l’instar des armes de destruction massive en Irak, n’a été découverte.

Cela fait aujourd’hui des années que les journaux traditionnels nous abreuvent régulièrement de comptes rendus d’officiers de police, de journalistes et de médecins légistes qui se sont rendus au Kosovo pour collecter des preuves de génocide et qui sont en revenus pleins d’amertume parce qu’on s’était moqué d’eux et à cause également de la mauvaise volonté de l’Otan et des fonctionnaire du tribunal à entendre parler de la moindre chose qui allait à l’encontre de ces mensonges soigneusement manigancés.

Qui plus est, bien qu’il ait disposé d’une année entière pour préparer son procès contre Milosevic et deux ans pour citer des centaines de témoins, le tribunal n’est pas parvenu à exhiber un 'canon fumant' – quelque preuve ou témoignage que l’ancien président yougoslave ait ordonné le moindre crime de guerre ou crime contre l’humanité.

En outre, cela n’a même pas pénétré les crânes de la gauche politique, qui continue à croire que se moquer de Milosevic revient à enfourcher une noble cause plutôt qu’au mieux, faire preuve d’ignorance grossière ou, pire, à commettre un acte de pusillanimité politique.

Mais alors, s'attendre à grand-chose de la part de la section américaine de la gauche – actuellement préoccupée à faire pencher les élections en faveur d’un démocrate promettant de rattraper l’échec de Bush à s’occuper militairement des deux membres restants de l’Axe du Mal –, cela revient à espérer un verdict de non-culpabilité dans le procès Milosevic : c’est la voie la plus sûre vers la désillusion.

La dernière insulte à la justice faite à La Haye n’est autre que la décision du juge président, Patrick Robinson, d’imposer un conseiller à Milosevic. Robinson s’est empressé de montrer que lui aussi avait tiré ses leçons de l’affaire Milosevic.

Je dis « lui aussi » parce que le premier à prétendre avoir tiré une leçon importante était Salem Chalabi, neveu d’Ahmad Chalabi. Ce dernier, qui, naguère, avait la côte et, aujourd’hui, est tombé en disgrâce et tente de s’insinuer à nouveau dans les bonnes grâces, était le dirigeant du Congrès national irakien et le descendant d’une famille qui, dans le temps, fut l’une des plus riches de l’Irak.

Salem, le neveu, a été chargé de monter un tribunal pour crimes de guerre en vue de juger Saddam Hussein, tribunal qui, selon ses dires, serait conçu de façon à « montrer que nous avons tiré les leçons du procès de Milosevic », à savoir, ne pas laisser l’accusé prendre la parole, en raison des révélations trop embarrassantes qui pourraient s’échapper de sa bouche et mettre à mal tout ce qui, dans la cause soigneusement élaborée de la guerre, peut servir de prétexte du jour.

Ce problème – soulevé, dans l’affaire Milosevic, par les plaintes prétendant que l’accusé passait son temps à faire des discours politiques – a été soigneusement traité par le juge Robinson, qui n’est pas tant un juge, mais surtout un agent politique affublé d’un rôle prépondérant au sein d’une troupe spécialisée dans le théâtre politique.

Imposer un conseiller à un accusé constitue une violation des lois internationales d’usage et une violation, en effet, des statuts mêmes du tribunal (voir "International Tribunal or Star Chamber? The ICTY's decision to impose counsel on Slobodan Milosevic" http://www.bhhrg.org/LatestNews.asp?ArticleID=47 ). Lui-même, Robinson a déjà pris des mesures, par le passé, contre une motion de poursuite visant à imposer un conseiller à un accusé, et il avait cité à ce propos la législation internationale et les règles mêmes du tribunal !

Que Robinson ait retourné sa veste et engagé le tribunal dans une position légalement intenable, est à peine surprenant. Le tribunal est soutenu par l’Otan, qui a violé la législation internationale et sa propre charte en vue d’attaquer la Yougoslavie, et le tribunal – pourquoi n’y a-t-il pas de tribunaux pour crimes de guerre en ce qui concerne les guerres américaines contre le Vietnam, l’Afghanistan et l’Irak ? – est lui-même illégal. La loi n’a déjà pas été un élément de dissuasion auparavant, pourquoi devait-elle l'être maintenant ?

Les seules lois qui comptent ici- et je le dis sans vouloir trop ressembler à l’un de ces démagogues bavards et gesticulants dégoisant son socialisme au coin d’une rue fort animée – sont celles qui poussent les nations capitalistes développées à étendre leur domination économique aussi loin qu’elles le peuvent, sans le moindre égard pour les barrières de la souveraineté nationale ou pour les lois internationales qui pourraient se trouver dans leur chemin.

« Nous agirons multilatéralement là où nous le pourrons, et unilatéralement là où nous le devrons », avait fait remarquer un jour la secrétaire d’Etat de Clinton, Madeleine Albright, proposant ainsi une bonne description de la façon habituelle d’agir de l’administration Bush – et de toute autre administration américaine.

Pour être plus complète, elle aurait pu ajouter :

« Nous agirons également dans la légalité là où nous le pourrons, et dans l’illégalité là où nous le devrons, mais nous agirons chaque fois, légalement ou illégalement, dans les intérêts de l’ouverture des marchés, de la garantie des occasions d’investissement et de la possibilité d’accès aux matières premières, y compris le pétrole, parce que nous sommes obligés d’agir de la sorte.

Ceci ne figure pas dans les lois américaines, mais c’est une loi quand même, une loi à laquelle tous les pays capitalistes, y compris les Etats-Unis, doivent obéir, qu’ils soient dirigés par des conservateurs, des libéraux ou des social-démocrates.

Ne pas le faire signifierait que nous serions écrasés et dépassés par nos rivaux, qui agissent également en vue d’ouvrir les mêmes marchés, de s’assurer les mêmes possibilités d’investissement, de s’assurer l’accès aux mêmes matières premières, y compris les mêmes sources de pétrole.

Nous ne serons ni écrasés ni dépassés. Par conséquent, là où des économies fermées doivent être ouvertes et annexées, là où des régions productrices de pétrole, où que ce soit dans le monde, doivent être dominées, là où des pipelines doivent être protégés et là où il faut installer des concessions minières, nous agirons en utilisant tous les moyens à notre disposition.
»


Avec la disparition du socialisme en Europe, une Yougoslavie laissée seule contre une Otan en chasse n’avait pas l’ombre d’une chance.

Milosevic – lui-même, autant dire laissé seul, y compris par ceux qui s’étaient intéressés de près à Wesley Clark, nominé malheureux en tant que candidat démocrate à la présidence, et le véritable boucher de Belgrade – n’a pas eu l’ombre d’une chance. En fait, il n’a aucune chance.

C’était une reconnaissance implicite de ce qui précède (en même temps que le fait que ce procès est un simulacre et qu’il fallait faire en sorte que le procès aille très vite, par conséquent, et qu’on lui épargne le risque d’être transformé en plate-forme politique au profit de Milosevic) que d’avoir imposé ce conseiller, qu’on impose le silence à l’accusé et qu’on sabote sa cause.

Stephen Gowans

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