Depuis l’an passé, les responsables européens et états-uniens ont rivalisé de postures morales et d'expression de la plus extrême horreur et indignation face aux "crimes abjects commis par l’armée russe sur les populations civiles".
Aujourd'hui ce sont les mêmes qui soutiennent sans ciller le massacre qui se déroule sous nos yeux en Palestine. La même Ursula von der Layen qui dénonçait les "actes de pure terreur" lorsque Moscou était accusé de bombarder des infrastructures électriques reste sans voix face au crime de guerre que constitue le fait d'imposer un blocus total sur l'eau, la nourriture, les médicaments, la fourniture électrique à tout un peuple. Au contraire, elle tient à souligner que L'Union européenne se tient "solidaire d'Israël et de son peuple", et croit bon de préciser qu'elle sait que "la manière dont Israël répond montrera que c'est une démocratie."! Oui, ça se voit.
Les plus enthousiastes partisans de la fourniture militaire à l'Ukraine ont tous tenus à assurer Israël de leur inconditionnel soutien. Telle la cheffe de la diplomatie allemande Annalena Baerbock, qui, loin de s'émouvoir des bombardements de l'armée israélienne sur immeubles, écoles des Nations-Unies, hôpitaux..., en fait porter toute la responsabilité sur le Hamas qui "prend en otage toute la population de Gaza". Olaf Scholz n’a lui "aucun doute sur le fait qu’Israël respectera le droit humanitaire"...
En 1999, l'OTAN était intervenue au Kosovo, et en soutien d'une organisation (l'UÇK) qui figurait jusqu'à l'année précédente dans la liste des "organisations terroristes" du Département d'Etat, pour prétendument sauver la majorité albanaise d'un génocide. Le nombre total des victimes sera finalement estimé à onze mille morts, toutes ethnies confondues. Après un mois du massacre unilatéral que les médias continuent d'appeler "guerre Israël-Hamas", le nombre de victimes palestiniennes dépassait les 10.000 morts,- dont plus de 4.000 enfants. Mais ici, l'OTAN réaffirme son soutien absolu à Israël. Après tout, comme le déclarait en 2007 Tzipi Livni alors ministre des Affaires Etrangères d'Israël, "en partageant les mêmes valeurs de démocratie et de liberté, face aux mêmes menaces et à la volonté de défendre notre mode de vie commun, l'OTAN et Israël sont des partenaires naturels et les alliés stratégiques. La Civilisation Occidentale et la communauté atlantique, que défend l'OTAN, sont l'habitat naturel d'Israël". Au regard de la barbarie en cours à Gaza, on a quelques inquiétudes sur ce que "Civilisation Occidentale" recouvre exactement.
Nos régimes prétendent sanctionner la Russie pour non-respect du Droit International, et dans le même temps soutiennent sans réserve un régime d'apartheid qui viole ouvertement des dizaines de résolutions des Nations Unies depuis plus de 70 ans. Que valent réellement nos condamnations et nos postures morales ? Du haut de quels ‘principes’ moraux ou juridiques les pays de l’OTAN sont-ils maintenant autorisés à s’exprimer sur la Russie et l'Ukraine ?
Tout cela est d'une hypocrisie écœurante.
Afin d'obtenir la poursuite du soutien financier au régime ukrainien le président étatsunien Joe Biden a lui-même relié ceux qu'il a nommé "partenaires essentiels des États-Unis", Ukraine et Israël - révélant du même coup l'enjeu réel de la guerre OTAN-Ukraine: "Il est vital pour la sécurité nationale de l’Amérique de veiller à la réussite d’Israël et de l’Ukraine.(...) Le leadership américain est ce qui maintient la cohésion du monde. Les alliances américaines sont ce qui nous maintient, nous Américains, en sécurité"
Foin donc du combat entre le Bien et le Mal, "de la lumière contre les ténèbres" comme diraient à l'unisson Netanyahou et De Wever, de la défense de la Liberté et de la Démocratie, du respect du Droit International, de la Charte des Nations Unies, et de tout ce genre de choses. L'hypocrisie flagrante de l'Occident fait éclater ses prétentions humanistes: il ne s'agit que de leadership des États-Unis, d'impérialisme et d'hégémonie de l'OTAN sur le monde.