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Syrie : Derrière l’alibi kurde

Roland Marounek
23 octobre 2019


avant... après...

La dernière en date des agressions turques contre la Syrie a déclenché une énorme vague d’indignation, tournant autour du thème de l’abandon des Kurdes, de la trahison par Trump de « nos plus fidèles alliés contre le terrorisme ». 

Où étaient tous ces commentateurs indignés dans les premières années de la guerre, lorsque les mêmes combattants islamistes (venant en partie de nos pays) déferlaient sur la Syrie à partir de la Turquie ?  Alors leurs exactions étaient délibérément ignorées par les médias, comme était passé sous silence leur généreux approvisionnement en armes par les pays de l’Otan. 

Par une singulière ironie, les forces supplétives de l’agression turque d’aujourd’hui sont en fait juste les résidus des ‘rebelles modérés’,  les Bons de l’époque…

La construction de l’image romantique du combattant Kurde

L’histoire à force d’être martelée est devenue vérité officielle à l’encontre de laquelle il est difficile de résister : « Ce sont les courageux combattant(e)s Kurdes qui ont vaincu l’Etat Islamique en Syrie » Les Kurdes ont une image positive, progressiste, féministe… La destruction quasi complète de Raqqa sous les bombes US, ou les accords conclus pour en exfiltrer des milliers de combattants de Daesh sont passés aux oubliettes.

Comme d’habitude hors de l’emballement médiatique la réalité est un peu plus trouble.

L’Etat Islamique, né en 2013 en Irak, s’est aussitôt propagé vers l’Est, occupant rapidement jusqu’à la moitié de la Syrie, jusque Palmyre occupée en mai 2015. De multiples indices montrent que pendant très longtemps la motivation réelle des USA à freiner l'expansion de l'EI était très relative : des milliers de combattants de cette organisation ont ainsi pu traverser les déserts syriens avec des colonnes de véhicules blindés à découvert, pour attaquer les forces loyalistes sans que la coalition ne bronche ; un document des services secrets US évoquait même dès 2012 l’établissement d’une principauté salafiste dans l’est de la Syrie, en précisant que « c’est exactement ce que veulent les puissances qui soutiennent l’opposition, afin d’isoler le régime syrien ». Il est très clair que l’objectif de renversement du gouvernement syrien primait sur toute autre considération, et que l’extension de l’EI rentrait parfaitement dans les plans US.

Mais le 30 septembre 2015 la Russie répondant à la demande officielle de la Syrie s’engageait militairement et en collaboration avec l'armée syrienne renversait la situation. Exactement 10 jours plus tard étaient créées les soi-disant ‘Forces Démocratiques Syriennes’, composées essentiellement des combattants Kurdes des Unités de protection du peuple (YPG), filiale du PKK Turc. Dès le départ la carte kurde a été jouée pour empêcher le gouvernement syrien de reconquérir tout l’Est de son pays sur l’Etat Islamique.

L’imposture du « Rojava »

Avant la guerre, les Kurdes occupaient en Syrie 3 zones tout au nord, prolongement naturel des territoires peuplés de Kurdes en Turquie. Aujourd’hui les médias nous présentent sans sourciller le Kurdistan syrien comme étant tout l’Est de la Syrie au-delà de l’Euphrate, un tiers du pays.

Le projet de « Rojava » a exactement remplacé de ‘plan A’ de la principauté salafiste, dans le même objectif de destruction de l’Etat syrien. Les terres qui étaient jusqu’ici confisquées sont fertiles et riches en pétrole ; le pays étranglé par l’embargo était ainsi coupé de ses propres ressources.

Les forces Kurdes du YPG ont malheureusement joué la carte de l’impérialisme contre leur propre pays, toutes marxistes qu’elles prétendent être. Certes le dit « peuple kurde » (extrêmement divers au demeurant) a été privé du Kurdistan promis lors du démembrement de l’ennemi turc en 1920, et éclaté sur 4 pays par le jeu des grandes puissances de l’époque. Mais le nationalisme kurde est une carte qui s’est avérée bien utile à l’impérialisme depuis les années 90 en Irak, et ces dernières années en Syrie. 

La peste de l’occupation US ou le choléra de l’agression turque

La décision de Trump de retrait total des troupes US a plongé l’Occident et ses médias dans la sidération. Mais le plus consternant pour eux, c’est peut-être que les « Bons » du YPG s’allient aux Méchants du « régime syrien ».

La classe politique aux USA même hurle à la trahison, l’Europe appelle à ‘sauver le peuple kurde’, l’Allemagne parle de mettre sur pied une zone internationale dans le nord-est de la Syrie.  Mais derrière l’alibi kurde, se cache la volonté de poursuivre coûte que coûte plan occidental de démembrement de la Syrie. L’impérialisme se moque pas mal des Kurdes C’est à la Syrie elle-même, avec ses alliés, qu’il revient de protéger son peuple et de défendre ses territoires, et certainement pas aux ‘amis’ occidentaux, qui ont déjà tellement prouvé leur dévouement pour ce pays !

Quelle crédibilité a la condamnation aujourd’hui par la France, les USA, et d’autres pays de l’Otan, de l’agression turque, alors que ces mêmes pays agressent directement ou indirectement ce pays depuis 8 ans et en occupent de larges territoires ? 

Il est difficile de prévoir quelles sont les perspectives pour la Syrie à moyen terme.  Il est assez probable que la Syrie n’arrivera pas à récupérer les territoires actuellement conquis au Nord par la Turquie. La guerre n’est certainement pas finie. Néanmoins le fait que les USA se retirent du dossier syrien est la meilleure garantie pour pouvoir arriver à terme à la paix et à l’unité du peuple syrien. Tout le peuple syrien, sans distinction. Kurdes compris.

Roland Marounek
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