Ukraine : le Ministère de la Vérité
Source : Cubainformación José Manzaneda 27 mars 2022 Pour ce qui concerne la guerre en Ukraine, les médias et les gouvernements occidentaux nous interdisent de lire un autre livre que celui qui est écrit par l’OTAN.1. Censure absolue : 1984 Les médias russes qui, pendant des années, ont constitué un espace pour des analystes internationaux critiques (1) (2), ont été interdits par les États-Unis, l’Union européenne (3), le Royaume-Uni (4) et d’autres alliés. Y compris leur signal, leurs chaînes YouTube (5) et tous leurs réseaux sociaux. Sans la moindre décision de justice. Google a effacé de son navigateur leurs contenus précédents, leur hémérothèque (6). Afin de réécrire l’histoire, comme le Ministère de la Vérité du roman "1984". Les médias appliquent une censure stricte. En laissant, ça oui, quelques espaces de témoignage qui justifient leur fausse pluralité. Liu Sivaya, politologue russe, a fait face à une meute sur la chaîne espagnole Cuatro (7). En dénonçant les huit années de bombardements ukrainiens dans le Donbass, elle a dû entendre que c’étaient là "des détails insignifiants" : "Je trouve vraiment insultant que nous commencions par des détails insignifiants sans rapport avec une situation qui est extrêmement claire, qui ne permet pas de prendre des positions en noir et blanc et dans laquelle il est très clair qui sont les bons et les méchants", a déclaré la participante Ketty Garat. Justement pour raconter la situation dans le Donbass, le quotidien français "Le Figaro" a censuré un reportage de sa correspondante Anne-Laure Bonnel (8). Le colonel espagnol Pedro Baños a décidé d’abandonner ses apparitions à la télévision après avoir reçu de graves menaces. La raison : le ton neutre de ses analyses sur le conflit (9). YouTube a censuré non seulement les médias et les journalistes russes qui avaient des millions de followers (10), mais également des documentaires comme "Ukrania on fire" d’Oliver Stone, réalisé il y a six ans (11). Twitter a qualifié de "médias affiliés au gouvernement russe" les comptes de tout journaliste ayant collaboré, à un moment donné, avec une chaîne publique russe (12). C’est "l’étoile jaune" avec laquelle on va les marquer, professionnellement, pour l’avenir (13). Pour la propagande de guerre contre la Russie sur le réseau TikTok, Joe Biden a convoqué les 30 ticktokers les plus influents, et leur a donné un message clair à diffuser : le coupable de l’inflation aux États-Unis c’est Poutine (14). Facebook et Instagram ont levé l’interdiction des messages de haine si ceux-ci visent la Russie, autorisant les appels à tuer les présidents russe et biélorusse et les éloges du régiment nazi ukrainien Azov (15). Les réseaux sociaux autorisent et attisent cette haine antirusse : des politiciens comme le sénateur américain Lindsey Graham ont demandé sur Twitter l’assassinat du président Vladimir Poutine, sans que le réseau ne les sanctionne (16). Dans des "médias sérieux", comme NBC News, un journaliste a proposé une attaque de l’OTAN contre des convois russes, ou, ce qui est presque pareil, le début de la IIIe guerre mondiale (17). La journaliste russe qui a protesté à la télévision contre Poutine et qui n’a reçu qu’une amende est déjà une star mondiale (18). Mais sur le journaliste européen, le basque Pablo González, emprisonné et mis au secret depuis près d’un mois en Pologne, accusé d’être un "espion russe" pour avoir informé sur le drame du Donbass, le silence médiatique est presque absolu (19). 2. Le bon nazisme Le journal catalan La Vanguardia a réalisé une promotion commerciale avec le slogan "Stop Poutine. La désinformation nous veut diviser" (20). Traduction : L’unité contre le seul méchant (la Russie) exige d’écraser toute information et opinion qui contredise la version officielle européenne. En effaçant pour cela, par exemple, les crimes de notre allié, l’Ukraine. Le quotidien espagnol ABC a supprimé les informations qu’il avait publiées en 2016 sur le viol de petits garçons et de fillettes par l’armée de Kiev (21). Ils appellent "Centre de maintien de la paix" une base d’entraînement de mercenaires (22). Le mot, par ailleurs, est interdit dans les médias : ce sont des "combattants étrangers" (23). C’est ainsi qu’une journaliste espagnole a terminé l’interview de l’un d’entre eux, "Cet après-midi il part dans un autobus vers l’Espagne, préparé avec des réfugiés ukrainiens et dans lequel vont prendre place quelques-uns des combattants étrangers espagnols". Ce mercenaire d’extrême droite rentrera chez lui sans être arrêté ni interrogé. Sans passer le calvaire policier et judiciaire qu’ont subi huit miliciens de gauche au retour du Donbass en 2015, après avoir été étiquetés par les médias espagnols comme "pro-russes" (24). Est-ce qu’un seul journaliste a parlé de Fahrudin Sharafmal, présentateur ukrainien qui, en direct, a appelé à égorger tous les enfants russes (25) ? Et de Gennadiy Druzenko, directeur d’un hôpital mobile de volontaires, qui a ordonné de castrer les soldats russes parce qu’ils étaient des "cafards" (26) ? Et sur les actes d’humiliation publique des Roms, en Ukraine, peints en vert et attachés à des poteaux (27)? Aucun. Le régiment Azov, composé de néonazis, est une force de réserve volontaire des forces armées ukrainiennes (28) (29). Et ses membres -nazis- sont interviewés, comme si de rien n’était, par des médias tels que CNN (30). Azov a reçu des armes de la part des gouvernements européens, comme celui d’Espagne (31) : achetées pour un milliard d’euros sur le "Fonds européen de soutien -ne riez pas - à la paix" (32). Sur la chaîne espagnole Cuatro, un "expert" a donné, en toute tranquillité, des leçons sur la façon d’utiliser cet armement pour "tuer d’avantage de Russes" (33) : "Je suis optimiste d’une certaine manière : il faut tuer d’avantage de Russes (...) Parce que le peuple ukrainien en a besoin pour arriver à une bonne négociation", disait l’instructeur militaire José Jiménez Planelles. Au Portugal, un juge a levé l’obligation de se présenter tous les 15 jours qui incombait au néonazi Mario Machado, qui a proposé de se rendre en Ukraine pour y apporter- continuez de maitriser vos rires- "de l’aide humanitaire" (34). Que le président Volodímir Zelenski ait attribué le titre de Héros national de l’Ukraine à Dmytro Kotsyubail (35), chef du groupe paramilitaire Pravy Sektor, artisan du massacre des syndicats d’Odessa en 2014, dans lequel 46 personnes ont été brûlées vives (36)? Ils ne l’entendront pas. Que les services secrets ukrainiens aient assassiné un membre de leur propre délégation de négociation avec Moscou pour "trahison" (37)? histoires de guerre. Les télévisions nous montrent une exposition-manifestation pour les enfants morts, ces dernières semaines, en Ukraine (38). Excellent. Et l’exposition à Moscou "Regardez dans les yeux du Donbass", sur les plus de 150 mineurs assassinés par les forces ukrainiennes au cours des huit dernières années, dans quel journal en a-t-on parlé (39) ? 3. Fake news for war Il faut transformer un char ukrainien qui écrase une voiture en "char russe" (40). Un missile ukrainien qui détruit un quartier d’habitations en "missile russe" (41). Une fillette du Donbass, victime des troupes ukrainiennes, en une fillette de Kiev (42).Il y a des centaines de Fake news similaires (43). Le journal télévisé d’Antena 3, le plus regardé en Espagne, a ouvert sur les images d’une explosion en Chine comme s’il s’agissait de bombardements de la Russie (44). "Une boucherie", titrait à la une le quotidien italien La Stampa, avec la photo de civils massacrés dans un bombardement russe (45). Russe ? Non. L’image est de Donetsk (Donbass), où 30 civils avaient été tués par un missile... ukrainien (46). Le gouvernement russe assure qu’il n’a pas demandé d’armes à la Chine. La Chine le confirme. Mais que nous racontent les médias? Mot à mot, ce que dit le gouvernement... des États-Unis (47) (48) (49). 4. Racisme de classe aux yeux bleus La louable solidarité avec la population réfugiée d’Ukraine passe, encore et encore, par un filtre de racisme de classe (50). Une journaliste de NBC : "Ce ne sont pas des réfugiés de Syrie, ils viennent de notre voisine l’Ukraine. Ils sont chrétiens. Ils sont blancs. Ils nous ressemblent beaucoup" (51). Un journaliste de CBS : "Ce n’est pas un endroit, avec tout le respect que je leur dois, comme l’Irak ou l’Afghanistan, qui connaissent des conflits depuis des décennies, c’est un pays relativement civilisé et européen" (52). Un interviewé par la BBC : "Ce sont des Européens aux yeux bleus et aux cheveux blonds qui sont assassinés" (53). Un témoignage dans La Sexta : "Ce ne sont pas les enfants que nous sommes habitués à voir à la télévision, mais des enfants aux yeux bleus et ça, c’est très important" (54). Et en guise de cerise sur le gâteau, un journal télévisé de 13 TV (et ce n’est pas une parodie) : "La situation des réfugiés? Eh bien, vous pouvez l’imaginer. Ce sont des gens comme toi et moi. J’ai vu des sacs à main Dolce & Gabbana, des vêtements Louis Vuitton, des gens qui pourraient être parfaitement à Madrid, ce sont des gens comme nous et qui vivent dans des conditions tout à fait déplorables" (55). Le New York Times a publié une carte du déplacement des personnes : les familles ukrainiennes en Pologne sont des "réfugiées" (56). Celles du Donbass en Russie, cependant, sont des "migrants". Même si elles fuient les bombes ukrainiennes. Alors que l’Union européenne a donné l’ordre de régulariser, de manière extraordinaire, des millions de personnes en provenance d’Ukraine (57), la population africaine continue d’être accueillie à coups de bâton par les polices européennes (58). C’est selon ceux qui arrivent. Lors du dernier naufrage de mars, quarante-quatre personnes sont mortes au large des côtes des Canaries (59). La géopolitique exige de ne pas marteler nos consciences avec les plus de 10 000 enfants tués au Yémen par les missiles saoudiens (60). Dont le gouvernement, ami de l’Occident, ne subit aucune sanctions. Aucune. 5. La politique dans le sport : hier interdite, aujourd’hui obligatoire Big Brother est aussi arrivé jusqu’au sport. Les supporters de l’Etoile rouge de Belgrade ont protesté avec éclat contre l’OTAN sur les gradins de leur stade, en affichant les noms des pays qu’elle a bombardés (61). Immédiatement, la réaction du journalisme européen : mentir sur le soi-disant caractère "néonazi" de ces supporters (62). Faux. En 2009, le footballeur Frederic Kanoutéfut sanctionné par la FIFA à hauteur de 3 000 euros pour avoir montré sur son maillot son soutien à la Palestine (63). En 2016, pour la même condamnation d’Israël par ses supporters, l’UEFA a sanctionné le Celtic de Glasgow (64). Mais maintenant, faire de la politique sur le terrain et soutenir le gouvernement de l’Ukraine est obligatoire pour tous les clubs de football. "Deux individus déjà identifiés par l’Ertzaintza (police basque) ont affiché leur soutien à la Russie. Drapeaux en faveur de la Russie sur le terrain de San Mamés. Des drapeaux et des banderoles. La Ertzaintza a déjà identifié les auteurs" : c’est ce que disait le commentateur catalan Josep Pedrerol, en essayant de criminaliser ceux qui portaient les drapeaux de la République populaire de Donetsk (dans le Donbass), un peuple massacré, pendant huit ans, par l’armée ukrainienne et qui a voté massivement pour son indépendance (65). Mais dans les médias, nous lisons qu’il s’agissait de "banderoles en faveur de l’invasion russe" (66). L’homme d’affaires russe Roman Abramóvich a été contraint de vendre l’équipe de football anglaise de Chelsea, en raison de la pression politique et médiatique (67). Mais le Newcastle restera aux mains de la Maison royale saoudienne, qui bombarde le Yémen depuis sept ans ou il a causé plus de 30 0000 morts (68). Soit dit en passant, le 12 mars dernier, 81 personnes ont été exécutées à Riyad en une seule journée (69). Mais la Supercoupe d’Espagne continuera à se tenir là-bas, en Arabie Saoudite, qui verse à la Fédération Espagnole de Football 30 millions par an (70). Tout est très cohérent. La politique de chantage à l’échelle mondiale fait que les entrepreneurs russes sont sanctionnés non pas pour leurs décisions, mais pour celles du gouvernement russe. Tout comme ses sportifs. Ils ne peuvent pas participer avec le drapeau de leur pays ni dans les Mondiaux ni dans les Jeux Olympiques (71). Nikita Mazepin, pilote russe, a été licencié de l’équipe Haas de Formule Un. (72). Le tennisman Daniil Medvedev devra "renier Poutine" s’il veut concourir à Wimbledon (73). Et le Grand Maître d’Échecs Sergey Karjakin a reçu une sanction de six mois (74). L’Association ukrainienne de football a retiré à Anatoly Tymoschuk, l’un des meilleurs joueurs de son histoire, tous ses titres et sa licence d’entraîneur, en raison de "son silence face à l’invasion russe" (75). Le lutteur ukrainien Maxim Ryndovskiy a été torturé et exécuté par des néonazis, accusé d'"équidistance" dans le conflit avec la Russie (76). Quelque scandale dans la presse sportive ? 6. La chasse aux sorcières dans la culture La chasse aux sorcières a également atteint la culture. Le Russe Valeri Guérguiev a été démis de ses fonctions de directeur de l’Orchestre philharmonique de Munich (77). Les théâtres européens, comme le Teatro Real de Madrid, annulent les représentations du Ballet Bolchoï (78). L’Orchestre philharmonique de Cardiff (Pays de Galles) a retiré de son répertoire les œuvres de Tchaïkovski (79). En raison des manifestations, l’Université de Milan a dû revenir sur sa décision de supprimer un cours sur Dostoïevski (80). Et celle de Cordoue, non seulement a rompu ses relations avec les enseignants de Russie, mais a menacé de le faire avec ceux de Cuba et d’Iran "s’ils ne dénonçaient pas l’invasion russe" (81). La recteure de l’Université de Valence a appelé à l’ "auto-expulsion" de tous les étudiants russes (82). À Arlington (Virginie), un professeur d’école qui a inclus, dans un cours sur la guerre en Ukraine, le point de vue de la Russie, a été filmé et dénoncé par un élève. Il a été immédiatement suspendu pour "propagande russe" (83). La folie ne s’arrête pas là. Le nom du cosmonaute Yuri Gagarin, premier homme dans l’espace et décédé il y a 54 ans, a été retiré d’une œuvre de bienfaisance de la Space Foundation des États-Unis (84).De nombreux médias ont répandu la rumeur que la Russie allait abandonner dans l’espace un astronaute américain, ce qui est totalement faux (85). Comme était faux que le costume jaune d’un cosmonaute russe sur la Station spatiale internationale soit un "acte de soutien" à l’Ukraine (86). 7. Crimes de guerre ? Des médias accusent Poutine d’être un "criminel de guerre", les mêmes qui n’ont jamais appliqué ce terme à George W. Bush, à José Maria Aznar ou à Tony Blair, après l’invasion de l’Irak, qui fit des centaines de milliers de morts (87). Une chaîne de télévision a-t-elle récupéré la vidéo du président étatsunien actuel sur les bombardements de la Yougoslavie ? Et bien il y disait : "C’est moi qui ai suggéré de bombarder Belgrade. C’est moi qui ai suggéré d’envoyer des pilotes américains pour détruire tous les ponts" (88). C’était en 1999. L’OTAN lança 2 300 missiles et 14 000 bombes pendant 78 jours (89). Elle assassina plus de 2 000 civils (90). Et quel rôle jouèrent alors les médias qui arborent aujourd’hui le drapeau de l’Ukraine ? Rappelons-nous seulement la couverture du magazine Time : "En emmenant les Serbes en enfer : un bombardement massif ouvre la porte à la paix" (91). 8. Autodétermination à la carte On nous dit que Poutine est un tyran car, assurent-ils, il interdit les manifestations contre la guerre (92). Zelensky vient d’interdire l’activité de onze partis, presque tous de gauche, en plus du communiste, qui était déjà illégal (93). Parce qu’ils sont "pro-russes". Le tout avec l’aval de l’Union européenne (94). Le gouvernement lituanien a annulé un don de 400 000 vaccins anti-Covid19 au Bangladesh, parce que ce gouvernement s’est abstenu au vote pour la condamnation de la Russie à l’ONU (95). La Suisse, dont la banque conserva l’or du IIIe Reich (96), qui protège par le secret bancaire les narcotrafiquants et les fraudeurs de tout poil, dans un geste "éthique" -après quelques menaces, peut-être? (97) - "renoncera à sa neutralité et s’associera aux sanctions économiques" contre la Russie (98). Et enfin, parlons de souveraineté et de libre choix des peuples. L’Espagne vient de suivre la voie tracée par Donald Trump vis-à-vis du Maroc (99) : elle accepte son occupation illégale du Sahara et poignarde dans le dos le peuple sahraoui (100). Qui continue de subir les bombardements marocains (101). Exactement comme pour le Sahara, ni l’Espagne, ni les États-Unis, ni l’Union européenne, ni l’Ukraine ne sont prêts à respecter la volonté sans équivoque, exprimée par référendum et proche de 90 % de la population de Crimée (102) et du Donbass (103).Volonté qui, dans les médias occidentaux, devenus l’artillerie idéologique de l’OTAN, n’est même pas mentionnée comme l’une des clés incontournables pour la solution du conflit. Nous vivons aujourd’hui un maccarthysme à l’état pur. Une dictature mondiale. Face à laquelle il sera indispensable d’organiser la résistance (104)
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