Les armes rendent le monde plus dangereux
Stop à l’augmentation des dépenses militaires et à la militarisation de nos sociétés
Plateforme ‘Stop Militarisation’
22 mars 2025

Le génocide à Gaza, la guerre en Ukraine, au Congo, au Soudan et tous les nombreux autres conflits armés mettent le système international sous très forte pression. La guerre est une horreur et la recherche de solutions est essentielle. Le gouvernement belge n’envisage qu'une seule option : plus d'armes et plus de dépenses militaires. Mais l'histoire montre que cela ne mène pas à la paix, ni ne permet de garantir la « sécurité ».

Les problèmes de sécurité internationale sont enracinés dans les bouleversements socio-économiques et environnementaux, le pillage et l'exploitation ou sont les conséquences d'un manque de diplomatie et de mécanismes multilatéraux de sécurité collective.

Réduire la sécurité à une question d'armement et de confrontation militaire présente d’énormes dangers. La militarisation toujours plus soutenue de la scène internationale empêche la coopération multilatérale, pourtant indispensable si l’on veut s’attaquer aux problématiques mondiales urgentes, dont la pauvreté, la faim, le logement, le dérèglement climatique, le génocide, les conflits armés ou la menace nucléaire. L’augmentation continue des dépenses militaires s’organise au détriment des ressources nécessaires aux mécanismes qui assurent réellement la sécurité des individus et de la planète. 

Une architecture de sécurité inclusive, qui accorde une place centrale à la diplomatie, au désarmement, à la justice sociale et à la durabilité environnementale doit être au cœur de notre approche visant à assurer la paix et la sécurité. Nous appelons le gouvernement à réviser en profondeur l'accord de coalition dans ce sens.

  1. Pour une société en sécurité, pas d'augmentation des dépenses militaires

Le budget militaire belge a doublé entre 2017 et 2024, passant de 3,9 milliards d'euros à 7,9 milliards d'euros. Il a bénéficié de deux cycles de « recapitalisation » avec des injections financières de 9,2 milliards (gouvernement Michel, 2019) et 10,2 milliards (gouvernement De Croo, 2022). Pourtant, et malgré la période d’austérité budgétaire annoncée pour cette législature, le gouvernement Arizona souhaite encore augmenter les dépenses militaires de la Belgique à 2 % du PIB d'ici 2029 et 2,5 % d'ici 2034. Entre-temps, le gouvernement semble même vouloir accélérer ses ambitions pour atteindre l'objectif de 2 % déjà en 2025. Cela correspond à une augmentation de 4,5 milliards d'euros du budget annuel de l’armée belge. L’équivalent de ce qu’on annonce comme économie sur les dépenses sociales et les services publics durant cette législature. 

Toutefois, selon le secrétaire général de l'OTAN, cela reste insuffisant. Il appelle à ce que les dépenses en matière d'éducation, de santé et de pensions soient encore réduites au profit des budgets militaires. Dans la perspective de son sommet en juin 2025, l’OTAN envisage ainsi d’augmenter la « norme budgétaire » à au moins 3 %. Officiellement, cette nouvelle « nécessité » se fait sentir à cause de la « menace russe ». Or, aujourd'hui déjà, les dépenses militaires de la Russie représentent à peine 10 % de celles des États membres de l'OTAN, et à peine ⅓ de ce que les pays européens dépensent pour leurs armées, alors que la Russie est empêtrée dans le bourbier de la guerre en Ukraine. La possibilité que la Russie s'engage dans une confrontation militaire avec un État membre de l'OTAN est très largement contestable et ne permet pas de légitimer cette militarisation continue. 

Nous demandons instamment de réallouer les investissements envisagés vers la sécurité sociale, les services publics, la solidarité internationale, la lutte contre le dérèglement du climat ou l'accueil des réfugiés. Vers tous les mécanismes qui participent effectivement et réellement à la sécurité humaine.

  1. Pas de vente d'actifs publics au profit de l'industrie militaire

Le gouvernement prévoit de puiser une part significative des ressources destinées à l'augmentation du budget de l’armée dans un nouveau « fonds pour la défense » à créer. Celui-ci serait alimenté par la vente d’actifs publics. En pratique, cela signifie que les fonds issus de biens publics seraient injectés dans l'industrie de l'armement et dans l'achat de matériel de guerre, y compris des avions de chasse supplémentaires et une troisième frégate.

Nous nous opposons à la privatisation des ressources collectives au profit du complexe militaro-industriel et rappelons qu’il est illusoire de croire que plus d'armes garantira plus de sécurité.

  1. Diplomatie, désescalade et garanties mutuelles de sécurité

Nous rejetons un ordre mondial fondé sur les rivalités entre blocs de puissance visant la domination géostratégique. 

La fin de la guerre en Ukraine peut ouvrir la voie à une nouvelle prise de conscience de la nécessité d'investir dans un système de sécurité inclusif, basé sur le principe que la sécurité ne peut être recherchée au détriment des autres. La Belgique peut jouer un rôle proactif dans l’établissement d’un accord de paix avec la Russie basé sur le respect du droit international, les intérêts de sécurité mutuels et le désarmement. La diplomatie et la désescalade constituent les matrices d’une paix durable. 

Il est impératif de poursuivre une politique volontariste qui vise à préserver et à renforcer le système multilatéral, le droit international et les droits humains.

  1. Les armes nucléaires hors de Belgique

La guerre en Ukraine a à nouveau rendu perceptible le danger d'une confrontation nucléaire. Il est inacceptable que le gouvernement refuse de confirmer officiellement la présence d'armes nucléaires étatsuniennes sur le territoire belge et refuse de communiquer sur le déploiement récent de nouvelles bombes nucléaires B61-12 dans notre pays. Ces armes nucléaires font de notre pays une cible et augmentent l'insécurité. Pour les déployer, notre pays a en outre commandé 34 avions de combat F-35 à un coût exorbitant. Le gouvernement doit mettre fin au secret et permettre un débat transparent. Nous voulons que ces armes de destruction massive quittent notre territoire. Le gouvernement peut prendre l'initiative pour une Europe et un monde dénucléarisés. La Belgique devrait adhérer au Traité d'interdiction des armes nucléaires.

  1. Une culture militariste n'est pas une culture de la sécurité

Pour convaincre la population d’accepter l'augmentation des dépenses militaires et la militarisation, le gouvernement entend développer « une approche pansociétale », pour sensibiliser « l’ensemble de la société à une nouvelle culture de la sécurité ».  En d'autres termes, il tente d'effrayer la communauté. Or, la culture militarisée de la sécurité ne permet pas à une société de comprendre ou de relever les défis majeurs auxquels l'humanité est confrontée. Nous appelons à la promotion active des droits humains, de la démocratie et de la justice - en bref, à la promotion d'une culture de la paix, dans laquelle l'éducation occupe un rôle central.