Refus de participer au 'procès' en tant que témoin de Léonide G. Ivachov
Déclaration
En réponse à l’invitation du président de l’ancienne République fédérale de Yougoslavie (RFY), Monsieur Slobodan Milosevic, moi, Léonide Grigorievitch Ivachov, citoyen de la Fédération russe, ai manifesté mon accord en vue de témoigner en faveur de sa défense au cours du procès qui se déroule devant le Tribunal pénal international pour l’ancienne Yougoslavie (ICTY). J’ai agi de la sorte en pleine conscience, cherchant à contribuer à l’obtention de l’objectivité et de la vérité dans les questions de l’Europe et de la RFY au cours de la période 1997-2000.
A mes yeux, la participation au procès de La Haye était importante au vu des circonstances suivantes :
Primo, j’ai participé directement aux événements en question.
Secundo, je ne puis ignorer le fait que l’accusation présentait comme témoins plusieurs personnes qui ont préparé directement et perpétré l’agression armée contre un Etat souverain, à savoir la RFY, et qui se sont rendues responsables de la mort de centaines de personnes et de la violation des normes des lois internationales.
Toutefois, les décisions récentes du tribunal m’ont forcé à revoir ma première décision. L’ICTY, en violation de ses propres statuts (article 21, point 4), impose un conseiller à Slobodan Milosevic qui, jusqu’alors, a utilisé son droit à assurer lui-même sa propre défense. Parmi les devoirs du conseiller imposé, figurent ceux constituant à déterminer quelles sont les personnes qui vont comparaître en tant que témoins de la défense et quel sera le caractère des témoignages et leur interprétation.
On ne peut considérer qu’il est normal que le conseiller imposé contre la volonté de Slobodan Milosevic soit un citoyen du pays qui a foulé aux pieds les normes de la législation internationale, la lettre et l’esprit de la Charte des Nations unies et qui, de façon répétée, à commis des agressions contre des Etats souverains, y compris contre la RFY.
Dans le telles conditions, si mon témoignage en tant que témoins de la défense peut être utilisé contre Slobodan Milosevic et s’il ne sert ni l’objectivité ni l’adoption d’une réglementation juste, je refuse de prendre part au procès.
Dans un même temps, je confirme mon intention de comparaître au procès dès que l’ICTY créera des conditions légalement correctes et justes et respectera les normes de la législation internationale.
Léonide G. Ivachov
Chef du Directorat principal de la Coopération militaire internationale du Ministère de la Défense de la Fédération russe, 1996-2001, vice-président de l’Académie des Questions géopolitiques, docteur en Sciences historiques, général-colonel (de réserve).
Moscou, le 9 septembre 2004.
Traduction : J-M. Flémal