La dissuasion n'est pas une « réalité implacable »,
elle prépare la guerre atomique Pierre Piérart 30 juin 2007 Réponse à l'article du Général. Briquemont « La dissuasion : une implacable réalité », paru dans La Libre Belgique du 23 mai 2007. 1.- La dissuasion nucléaire a commencé en 1942 avec le programme Manhattan, qui a été proposé par la lettre de L. Szilard, signée par Einstein lui-même et adressée au Président Roosevelt. Il fallait se munir d'une arme atomique pour dissuader les Allemands dans l'hypothèse où ceux-ci seraient parvenus à la fabriquer. 2.- Malgré le Traité de Non Prolifération (TNP) les gouvernements et les Etats Majors de plusieurs Etats de l'Union Européenne étudient une défense européenne et américaine toujours basée sur la dissuasion nucléaire sacralisée. 3.- Il existe des armes classiques qui peuvent atteindre un degré de dissuasion équivalant à celle de l'arme nucléaire (mis à part la radioactivité) : Dresde valait bien un Nagasaki, le bombardement de Tokyo correspondait à plusieurs Hiroshima. ...Une dissuasion nucléaire efficace implique des dizaines de bombes pouvant tuer des dizaines de millions de civils dans les grandes cités urbaines et compromettre l'écosystème planète pour plusieurs siècles. 4.- Les effets terrifiants d'une riposte nucléaire n'ont pas empêché Fidel Castro de l'accepter lors de la crise de Cuba en 1962. Si les stratèges américains avaient eu un pouvoir de persuasion un rien plus vigoureux ou si John Kennedy et son frère Robert n'avaient pas résisté aux injonctions des militaires, une attaque américaine sur Cuba aurait déclenché une riposte nucléaire et enclenché une troisième guerre mondiale et probablement la dernière. 5.- Les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité des Nations Unies disposant du droit de veto se sont munis de la bombe en signant le TNP et en sachant très bien qu'il ne respecteraient pas l'article VI. Ce traité discriminatoire permet aux cinq membres permanents de lanterner sur l'application de l'article VI malgré leur engagement confirmé à la révision du traité en 2000. 6.- La dissuasion nucléaire principalement basée sur des menaces d'extermination totale durera encore pendant de très nombreuses
années avant qu'on ne la prenne plus en considération , malgré les 27.000 bombes encore existantes aujourd'hui dont la majorité
sont en état de fonctionnement immédiat. Etant donné l'ignorance du grand public sur ce problème il faudra une mobilisation politique 7.- Lors de la dernière réunion du « Comité de Préparation»(PrepCom) l'Afrique du Sud a demandé qu'on respecte « l'assurance de sécurité négative », soit qu'une puissance nucléaire n'utilise pas son arme contre une puissance non nucléaire. La réponse a été négative de la part des cinq membres du Conseil de Sécurité qui ont déclaré que cette clause affaiblirait la dissuasion nucléaire. 8.- Enfin l'Union Européenne, qui devient le bras armé de l'OTAN, est en pleine infraction vis-à-vis du TNP puisqu'elle ne réagit pas au transfert illégal (art. I et II du TNP) d'armes nucléaires en Allemagne, en Belgique, en Italie et aux Pays-Bas. Si, malgré la crise de Cuba, la dissuasion a pu fonctionner pendant 50 ans, des luttes féroces, qui utiliseront la bombe atomique, se préparent pour le 21ème siècle pour s'approprier des ressources énergétiques considérées par les chefs d'Etat comme vitales : la bombe atomique ne sert plus à dissuader mais à se prémunir des crises économiques sans précédents dues à l'appauvrissement des gisements de pétrole. En conclusion citons la phrase du Dr. Abraham Béhar, publiée dans la feuille d'information de Stop Essai, n° 167 de juin 2007 : « Il est urgent d'organiser la riposte à cette nouvelle course aux armements, car non seulement on peut vivre sans armes nucléaires, mais leur élimination est notre seule chance de survie ». |