Pourquoi tant de discrétion des négociateurs pour un futur gouvernement sur la politique extérieure et de défense de la Belgique ?
21 août 2007 Le paragraphe de la "Note Leterme" originelle consacré à la politique militaire que le gouvernement pressenti envisage pour la Belgique, n'occupait quelques lignes, à la fin, présentant un remarquable condensé des positions en faveur de l'Otan et de l'accroissement des moyens militaires de l'Europe. Ce chapitre a été développé dans la Note révisée, rencontrant apparemment un beaucoup plus large consensus que les problèmes communautaires qui servent d'écran à tout le reste. Voici les quelques points sur lesquels le CSO voudrait attirer l'attention
des parlementaires, des responsables politiques qui se veulent progressistes,
des militants et des citoyens belges en général .
« La Belgique soutient les interventions mondiales accrues
de l’Otan » (extrait de la note Leterme)
Dès 1999, l'Otan violait sa propre charte en attaquant un pays – la
Yougoslavie - qui ne menaçait aucun des membres de l'Alliance. Quelle que soit
la façon dont on le prend, et quelle que soit notre opinion sur Milosevic, le
fait brut est là.
Le prétexte mis en avant, - arrêter un génocide en cours au Kosovo-, s'est avéré œuvre de propagande pure. Le résultat objectif au Kosovo c'est précisément une épuration ethnique de fait (anti-serbe et anti-rom notamment), la transformation de la province en plaque tournante du trafic d'êtres humains et de drogue, et l'établissement durable (bail de 99 ans) d'une énorme base militaire US. Ce précédent préparait celui de 2003, lorsque l'Otan est complètement sortie de « sa zone géographique » pour participer à l'occupation de l'Afghanistan. Cette mission n'a strictement aucun rapport avec le rôle officiel de l'Otan, de protection et de défense de l'un des membres en cas d'attaque. Qui a informé la population de ce changement de règle ? Y a-t'il eu le moindre débat public? Au delà du ronronnement de la propagande, 'lutte contre le terrorisme', 'libération de la femme', les opérations de l'Otan en Afghanistan virent au désastre:
Le résultat le plus évident de l'occupation depuis six ans de l'Afghanistan
par les Occidentaux, c'est surtout ses excellents résultats en production
d'opium qui inonde le marché européen notamment… via le Kosovo (pour la sixième
année consécutive, l'Afghanistan va battre son propre record mondial de
production d'opium), et l'établissement de quatre bases US, bâties manifestement
pour durer. Selon les conclusions les plus froides, l'intervention de l'Otan en
Afghanistan n'a d'autre raison d'être in fine que de servir les visées
géostratégiques états-uniennes, de contrôle mondial des ressources énergétiques
et de préparation à la confrontation avec la Chine et la Russie.
Lutte contre le terrorisme, nous prétend-on? Si demain un jeune, qu'il ait été élevé à Kaboul, ou à Londres, ou à Bruxelles, se fait embrigader pour un attentat suicide dans une de nos cités, ce sera peut-être en tout premier lieu parce qu'il aura été "échauffé" par le spectacle des ces dizaines de femmes et d'enfants afghans écrasés par "nos" bombes, dans l'indifférence totale de l'opinion occidentale. Les bombardements aveugles d'aujourd'hui font le lit du terrorisme aveugle de demain. Actuellement on annonce que six navires de l`Otan vont effectuer sous
commandement américain une tournée autour du continent africain, pour "montrer
que l`Alliance est opérationnelle à tout moment partout dans le monde" ! Et
c'est cette politique-là que le gouvernement belge cautionne discrètement.
Il est impératif que non seulement les pacifistes, mais plus largement les
gens simplement conscients au sein des partis appelés à gouverner demain
réagissent, et réclament enfin que l'Otan, en revienne, au moins, très
strictement à la lettre de sa charte; qu'ils s'opposent fermement à la
transformation de fait de l'Otan en "gendarme du monde" : L'Otan est une
alliance de pays occidentaux, qui ont des intérêts bien particuliers, qui ne
sont pas nécessairement convergents avec ceux du reste du monde. En aucun cas,
il n'aurait dû et il ne devrait être question de confier à l'Otan une mission
des Nations Unies.
« La première mission consiste à prévenir les conflits armés et
les génocides... C’est pourquoi, il est nécessaire de disposer d’une diplomatie
européenne et d’une politique étrangère forte. »
Nous ne percevons pas directement la logique de cette implication; nous
voyons mal les éléments concrets qui pourraient la justifier.
La France vient de démontrer avec éclat comment elle œuvre pour la paix en
fournissant généreusement la Libye en matériel militaire dernier cri. A partir
de quand déjà considérait-elle de sa mission de prévenir les conflits armés?
Lorsqu'elle armait les généraux argentins, les potentats africains, ou
bien cette personne qui était alors presque aussi fréquentable qu'aujourd'hui
Khadafi, Saddam Hussein? Lorsque elle soutenait les génocidaires rwandais?
Monsieur Leterme songe-t-il plutôt à la Belgique?
A t'il a l'esprit l'aide généreuse apportée par notre pays à la sécession du riche Katanga contre le gouvernement central de Lumumba, ou celle qui a maintenu au pouvoir pendant 30 ans Mobutu, qui a tant fait pour le Zaïre, et pour la paix dans l'Angola voisin ? "Prévenir conflits armés et génocides" : Aurait-il à l'esprit le vibrant plaidoyer de la Belgique aux Nations Unies lorsque débutait le génocide rwandais, pour que les casques bleus abandonnent immédiatement le Rwanda à l'instar de la Belgique ? La Grande-Bretagne?
Qui au regard de l'histoire finalement très récente de l'Empire britannique, ne sourirait pas en associant ce pays à une quelconque mission consistant à contribuer activement à la paix ? Qu'il suffise de rappeler que la Grande-Bretagne, fidèle ombre de la politique états-unienne, a été l'un des acteurs européens majeurs de l'invasion illégale de l'Irak, qui a conduit à l'un des pires drames humains de ces temps, un pays autrefois développé détruit de fond en comble, plus de 650.000 morts, plus de 2 millions d'Irakiens fuyant leur pays, toute l'élite culturelle et scientifique de ce pays décimée… Mais les réserves pétrolière sont enfin aux mains des compagnies occidentales : "lutter contre le pillage des matières premières", disait la note? Enfin une majorité des pays de l'Union Européenne (Pologne, Pays-Bas,
Espagne, Italie, Danemark, Hongrie, …) ont pris directement part à
l'agression et l'occupation de l'Irak, se rendant ainsi complices ou co-auteurs,
à des degrés divers, de ce crime gigantesque.
En quoi surarmer encore les pays de l'Union Européenne ("disposer d'une capacité de défense européenne crédible et performante") devrait-elle a priori aller dans le sens de la paix? « La Belgique doit participer de manière loyale et crédible à cet effort collectif de défense [européenne] » : Soit en clair, encore plus d'argent pour l'armement. La misère, le sous-développement, le partage de ressources qui se raréfient sont d'excellents combustibles pour les conflits régionaux. Si l'on désire sincèrement prévenir les conflit armés, alors la solution n'est pas vraiment d'armer davantage ceux qui dominent déjà le monde, ou de mettre d'avantage d'argent dans la recherche militaire; la solution doit être trouvée dans la lutte contre la misère, et dans la coopération entre les peuples.
- Une dizaine de bombes atomiques US sont entreposées sur notre
territoire, à Kleine Brogel; les gouvernements belges successifs sont
ainsi en infraction avec le Traité de Non Prolifération nucléaire, mais encore
pourraient entraîner la Belgique à devenir le point de départ d'un crime contre
l'humanité si un conflit majeur venait à éclater. La Belgique doit réclamer le
retrait de ces bombes.
- En 2003, des "Accords Secrets" de l'Otan, avaient
"justifié" le transfert par notre pays des hommes et des armes US, nous rendant
ainsi complices de l'agression contre l'Irak. Aucun accord ne peut contraindre
notre pays à violer la charte des Nations Unies, comme ce fut le cas en
apportant une aide à une agression illégale. De tels accords doivent être
dénoncés, et considérés comme nuls.
- La question du "Bouclier anti-missiles" : il ne s’agit
pas seulement d’un projet entre les Etats-Unis, la Pologne ou la Tchéquie.
L’Otan y est directement impliquée. La Belgique doit refuser toute
participation, directe ou indirecte, à la réalisation de ce projet qui accélère
dangereusement les possibilités d’affrontement militaire des pays membres de
l’Otan avec le reste du monde, et qui relance la course aux armements.
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