Vers une force d’occupation de l’OTAN dans l’Irak "libéré"
Roland Marounek 1er mai 2003 Ce 16 avril, lOTAN a décidé dans une grande discrétion et indifférence, quelle prendrait à la fin de lété la relève du commandement de lISAF, la Force internationale dassistance et de sécurité en Afghanistan. Le chef de lOTAN, George Robertson, en a juste informé Kofi Annan... Cette décision amène lAlliance Atlantique à intervenir pour la première fois hors de sa zone géographique dinfluence. Quelle est la justification pour agir ainsi? Quel est le rapport avec le rôle supposé de "défense de lEurope"? Les peuples européens se sont-ils exprimés pour attribuer un nouveau rôle de lOTAN, force occupante dappoint aux États-Unis, après que ceux-ci aient décidé denvahir un pays? La présence de lOTAN en Afghanistan justifie à posteriori la guerre - appelée de manière surréaliste de "légitime défense" - que les USA ont mené contre ce pays, guerre dont on nous a occulté les causes réelles, et dont on tait soigneusement aujourdhui les conséquences catastrophiques. Cette décision prépare en fait directement lenrôlement de lOTAN comme "force de maintien de la paix" en Irak. Colin Powell et plusieurs autres ont déjà évoqué cette option. "LOTAN est plus appropriée que les Nations-Unies pour le maintien de la paix en Irak daprès-guerre" a ainsi déclaré le 17 avril lambassadeur américain en Allemagne. Le 20, le sous_secrétaire d'état US pour les Affaires Politiques, Marc Grossman, a déclaré que l'OTAN pourrait jouer un rôle dans le désarmement de l'Irak, à la place des inspecteurs de lONU. Enfin, le 24 avril, la France a déclaré qu'elle était "prête à examiner avec ses alliés la question d'un rôle éventuel pour l'OTAN en Irak." Il y a peu de chance que la population des états membres de lOTAN soit davantage consultée dans ce cas, quelle ne la été pour lAfghanistan. LAlliance Atlantique évolue en douce en force doccupation au service des USA, la population en est à peine informée. Les questions essentielles sont évacuées du débat démocratique. Dans les faits, plusieurs pays membres ou futurs membres de lAlliance ont déjà envoyé des troupes en Irak, ou sont en train dy préparer leur opinion : La Pologne et la Tchéquie ont déjà des troupes sur place, ainsi que les pays qui ne devraient pas tarder dentrer dans lOTAN : entre autres lAlbanie, la Croatie, la Macédoine, la Bulgarie, la Slovaquie, la Lettonie... La liste sallonge de jour en jour. La demande a été officiellement faite à la Turquie dassurer la sécurité de Mossul, et le Danemark devrait conduire une force de 3000 hommes dans le Sud de lIrak, à laquelle participerait notamment la Norvège. Il va sans dire que limplication de lOTAN dans loccupation de lIrak entérinera de fait linvasion de ce pays par les USA, qui vient dêtre menée dans le mépris total de la charte des Nations Unies, à laquelle se réfère pourtant explicitement celle de lOTAN. |