Yémen : Al Qaida déménage
Roland Marounek 2 janvier 2010 Les G.O. du club atlantiste semblent avoir été partagés : après avoir été un instant tentés par l'Amérique Latine (l'histoire de la base Al-Qaida au Paraguay a fait long feu), ils en sont revenu à des valeurs sûres. Le Yemen. : Voilà la nouvelle destination de rêve pour nos bombardiers. Ne voilà-t-il pas que Al Qaida©, y a établi des “camps d'entraînement”. Il semblerait qu'un entraînement intensif y soit indispensable pour être tout à fait capable de réaliser une expérience de chimie élémentaire : « Il a avoué avoir injecté à l'aide d'une seringue un liquide chimique dans une poudre qu'il avait cachée sur sa cuisse, pour tenter de faire exploser l'Airbus A330 » … « Les passagers ont entendu des bruits d'explosion "semblables à des pétards". Tandis qu'une odeur de brûlé se répandait, les voisins du suspect ont pu observer le feu prendre sur une paroi de l'avion et une jambe de pantalon du suspect. » (dépêche AFP) En tout cas, les compétences des chimistes d'Al-Qaida sont des plus impressionnantes. « Les voyageurs assis dans les rangées éloignées de l'avion ne se sont même pas rendus compte de l'incident. » Personne ne semble souligner l'incongruïté de la fière revendication d'« Al-Qaida » pour un histoire qui a particulièrement (et très heureusement) foiré. Bref, ce sera apparemment le Yemen, parfait trait d'union entre les pirates du golfe d'Aden et la traque haletante de Ben Laden. L'Otan arrivera-t'il enfin à mettre la main sur le Génie du Mal, sur la cause ultime qui empêche la Communauté Internationale de goûter enfin à la Paix et à la Sécurité ? - le suspense est à son comble. La sécurité de l'Irak, de l'Afghanistan, de l'Iran, du Yemen..., de tant d'autres encore, il faut bien avouer qu'on se sent tout de suite un tout petit peu moins concerné – c'est pas la Communauté Internationale®. Le Yemen avait manifesté un certain sens de l'honneur, ou de l'inconscience, en 1990, en étant le seul pays du Conseil de Sécurité avec Cuba à s'opposer à la résolution préparant la guerre du Golfe n°1. L'ambassadeur américain avait alors prévenu amicalement son homologue yéménite : "Ce sera un vote qui coûtera cher au Yémen". Après que le pays eût, effectivement, payé très cher dans la décénnie 1990, il est revenu à des sentiments beaucoup plus civilisés. Le gouvernement actuel a rebaptisé "Al-Qaida" son opposition, et reçoit l'appui des USA pour "lutter contre les terroristes". L'aide militaire US pour 2009 approche les 70 millions de dollars, contre 4.5 millions en 2006. « Le New York Times du 28 décembre a assuré que des forces spéciales seraient déjà sur place pour épauler l'armée yéménite. Le même journal avait indiqué, le 19 décembre, que le président américain avait donné personnellement son feu vert à des opérations montées contre "des groupes de la nébuleuse terroriste", deux jours auparavant. Une trentaine de membres avaient été tués dans des bombardements dans la province d'Abyane, au sud-est du pays. Une semaine plus tard, une autre trentaine de miliciens ont été tués dans une opération dans la province de Shabwa, à l'est du pays, refuge traditionnel d'Al-Qaida. » (Le Monde, 29/12) Et pour connaître la composition plus précise de "la nébuleuse", il est sans doute plus instructif de ne pas s'en tenir aux communiqués militaires, et à leur relais médiatiques usuels : « Les forces gouvernementales ont été accusées par l'opposition yéménite d'avoir tué des dizaines de civils, dont des familles entières, lors de leurs opérations de la veille dans le sud du pays "contre Al-Qaïda". Selon un site de l'opposition yémenite, 18 enfants et 41 adultes civils ont été tués dans ces opérations, huit familles perdant chacune de quatre à sept membres. "Le régime de Sanaa a commis un massacre brutal contre notre peuple", a déclaré le leader sudiste Ali Salem al Beidh, en réclamant une enquête des Nations Unies et des pays arabes. » (Journal Du Dimanche, 18/12) |