Otan - coûts et blessures
Ben Cramer 5 janvier 2011 L’organisation OTAN est presque en faillite. Et pourtant, officiellement, le dépôt de bilan est improbable. Les dépenses annuelles s’élèvent à plus de 7O0 milliards de dollars, un budget qui est cent fois plus élevé que celui de la Corée du Nord. Les 27 Etats européens tentent de suivre le mouvement. C’est dur : l’Agence chargée du Missile Defense dispose d’un budget annuel de 9 milliards (U$), soit 20 % du budget nucléaire américain. Les Européens ne dépensent « que » (sic) 280 milliards, 240 pour les 16 plus importants. Dans le classement mondial des dépenses militaires par habitant, les Occidentaux sont en tête. Sur les 5 plus grands exportateurs d’armement, 4 sont membres de l’OTAN, dont 3 Européens. Quoi qu’il en soit, le budget annuel de l’OTAN, représente 2,6 milliards de dollars mais n’est pas extensible et, s’il n’existe pas de rétro-commissions, il n’existe pas non plus de Cour des Comptes. L’OTAN parade mais est mal en point. Elle va connaître un déficit record de 1,7 milliard de dollars en 2011 et accuse déjà un déficit de près de 850 millions cette année. 1,7 milliard (u$), c’est grosso modo ce que dépensent les pays hôtes, pour accueillir de gré ou à contrecœur des armes nucléaires sur leur territoire. La facture est salée mais du temps des SS20, avant les Scud, le parapluie nucléaire a troué beaucoup de budgets. Avec le bouclier anti-missile, çà sera pire. En 2005, les Etats-Unis ont dû trouver 260 millions (u$) pour rénover les radars de la base de Thulé, au Groenland, un territoire occupé depuis 1953. L’histoire ne dit pas s’ils seront remboursés le jour où le Danemark, (dont dépend encore le Groenland) interceptera des missiles au-dessus de son territoire. Bref, autre occupation étrangère, autre lieu : le Kosovo. Le camp de Bondsteel, près de la frontière avec la Macédoine a coûté 350 millions et il en coûte 50 millions (u$) pour l’entretenir. La France quant à elle va contribuer au budget global de l’OTAN à hauteur de 150 millions, soit la moitié du budget global de l’AIEA basée à Vienne ! Malaise à Paris : Puisque la réintégration de la France n’était pas prévue au programme, le coût budgétaire n’a pas été prévu par la loi de programmation militaire. Mais les budgets vont exploser avec le bouclier sur lequel tout le monde s’est mis d’accord à Lisbonne. Sans se faire aucune illusion sur l’éventuelle menace d’un missile balistique intercontinental au-dessus de nos têtes. Un outil de suprématie technologique, en voilà un tout trouvé. Voyons les chiffres. Comparée aux Etats-Unis, (48 milliards de dollars) , l'Union Européenne ne consacre que 1,4 milliard de dollars aux activités de défense du secteur spatial, soit 3 % du budget spatial militaire américain et 5% selon le dernier rapport d'information de l'Assemblée Nationale, (rapporteurs Serge Grouard et Odile Saugues). Le budget de la NASA est dix fois supérieur à celui de l’Europe. Bref, les Américains seront aux commandes et donc probablement aussi pour – ce qui est plus grave – décider quand et où un missile devra être intercepté. Pour n’indisposer personne, le système de défense anti-missile US est à la carte. Il faut compter 300 millions de dollars pour être « branché » un peu comme pour avoir le câble, et le fardeau financier s’accroît avec le décodeur (comme pour recevoir « Canal Plus » par exemple) . Au final, pour celui qui veut bénéficier du high-tech made in USA, il lui faudra débourser un milliard ; c’est le coût d’un programme destiné à produire un intercepteur extra-atmosphérique. C’est ce que le Japon a offert comme contribution pour le programme Aegis/SM-3. Sources : |