Récemment, pour la première fois peut-être, la possession par Israël de l’arme nucléaire sur son sol a été clairement affirmée et son utilité mise en question par des personnalités aussi prestigieuses que l’ancien président de la Knesset, Avraham Burg. Un tabou était ainsi brisé. Et cela se passait, chose tout à fait nouvelle, sur le territoire même d’Israël, mais dans un forum international.
En effet, les 5 et 6 décembre derniers, s’est tenue à Haifa, une conférence internationale en Israël pour une zone exempte d’armes nucléaires et de destruction massive au Moyen-Orient. Elle était co-présidée par deux anciens parlementaires israéliens, Issam Makhoul et Avraham Burg, soutenue par plusieurs personnalités du monde politique, associatif (Michel Warschawski) ou médical et sous l’égide de quatre organisations : Emil Touma Institute, The Israeli Disarmament Movement, International Association of Peace Messengers Cities et le financement par la Rosa Luxemburg Stiftung.
Durant ces deux jours, panels et tables rondes ont traité les points suivants : de la menace mutuelle à la sécurité collective, la question nucléaire à la Knesset, les répercussions humanitaires des armes nucléaires, menace iranienne et menace israélienne, le rôle de l’Europe face à la nucléarisation du Moyen-Orient et le besoin de sa dénucléarisation, société civile et mouvement anti-nucléaire. Les exposés se faisaient en anglais et en hébreux, avec traduction simultanée.
Un lanceur d’alerte, Mordechai Vanunu, avait déjà révélé en 1986 qu’Israël avait la bombe et il l’a payé par dix-huit ans de prison suivis d’un temps toujours en cours de résidence surveillée, ce qui lui a valu l’interdiction d’être présent à la conférence. C’est dans le prolongement de son action courageuse que s’est placée cette conférence portant, outre le Moyen-Orient, sur le sort de notre planète, notre maison commune. Une question qui ne finit pas de faire sentir son poids.