Encore une occasion manquée pour la Belgique de prouver sa bonne foi
COMMUNIQUÉ DE PRESSE DE LA CNAPD
14 mars 2014

Il y a deux semaines, le mouvement de la paix initiait une audition de la Commission Défense et Affaires extérieures de la Chambre. L'invité n'était autre qu'Hans Kristensen qui avait divulgué l'accord secret entre les États-Unis et la Belgique sur la modernisation des armes nucléaires présentes sur notre territoire (pour rappel). Des révélations à la hauteur de l'événement : la Belgique accueillera de nouvelles armes nucléaires sur son territoire d'ici à 2020 !

Entretemps, les représentants belges continuent de soutenir sans rougir leur engagement pour un monde sans arme nucléaire. Le Gouvernement de défendre que sa politique en la matière s'inscrit dans le cadre de l'accord de politique générale stipulant son engagement à « [agir] résolument en faveur d'initiatives internationales pour un désarmement plus poussé - y compris nucléaire ».

Une de ses « initiatives internationales » se déroulait ce week-end, sans qu'une action de la Belgique ne s'y soit observée. La Deuxième Conférence internationale sur l'impact humanitaire des armes nucléaires vient de se clore (Mexique, Nayarit, 13-14 février) avec la participation de 146 États. Ce mouvement a été impulsé l'année dernière par la Norvège. Encore une fois, la Belgique n'a dépêché que le Premier Secrétaire de son ambassade locale (alors que d'autres pays du « partage nucléaire » y ont envoyé leurs spécialistes du désarmement et de non-prolifération nucléaire). Si la Belgique n'est pas en désaccord avec la démarche en cours, elle privilégie très clairement sa position d'État membre de l'OTAN qui accueille son siège et qui mène une politique de non-prolifération en accord avec les pays de l'UE (dont certaines puissances nucléaires - France et UK - ont une influence forte.)

Pourtant, depuis 2010, un nouveau discours s'est développé à partir des effets réels de ces armes, permettant de redoubler les efforts pour y remédier. Le mouvement de la Croix-Rouge, les agences de secours des Nations Unies, la société civile et la majorité des nations du monde ont souscrit à cette initiative humanitaire. En octobre dernier, 125 États ont soutenu une déclaration au sein du TNP proposé par la Nouvelle-Zélande, affirmant simplement que « les conséquences catastrophiques des armes nucléaires doivent sous-tendre toutes les approches et tous les efforts en faveur du désarmement nucléaire ». L'ambition d'être une étape décisive dans la dynamique mondiale pour interdire et éliminer les armes les plus destructrices jamais créées a été clairement réalisée.

La troisième conférence sur l'impact humanitaire des armes nucléaires se déroulera à Vienne avant la fin de l'année 2014. Une conférence à laquelle la Belgique devrait sans nul doute participer mais il est surtout temps qu'un pas soit réalisé comme, notamment, envoyer une forte délégation diplomatique et affirmer une politique respectueuse de ses engagements en tant qu'État membre du Traité de Non-prolifération. Pour la Belgique qui mine actuellement la lutte contre ces armes de destruction massive et pérennise leur présence, ici et ailleurs en restant indéfectiblement dans une posture de petit État, il s'agit là d'une action plus que nécessaire.