L'OTAN contrôle et occupe toute la Méditerranée
Carla Goffi 31 mars 2015 Aucune "politique européenne" ne peut être mise en discussion concernant la Méditerranée sans mesurer d'abord exactement le rôle que l'OTAN y joue depuis sa naissance en 1949. Tous les pays autour de la Méditerranée (Europe-Afrique du Nord-Moyen Orient) sont, soit membres de l'OTAN, soit en partenariat avec l'Otan. Ils sont tous impliqués de l'une ou l'autre manière, dans toutes les opérations militaires (nouvelle dénomination de "guerres") organisées sous la direction de l'Otan. Il faut y ajouter les différentes " Coalitions de volontaires " qui sont en train de bombarder la Syrie, l'Irak, le Yemen et bientôt, à nouveau, la Libye . Cela concerne le Partenariat pour la Paix, qui a engendré il y a 29 ans, un partenariat dénommé "Dialogue Mediterranéen" : entre l'Otan et 7 pays "méditerranéens": Algérie, Egypte, Jordanie, Israel, Maroc, Mauritanie, Tunisie. Ce partenariat a déjà rendu de grands services pour permettre à l'Otan d'assurer son contrôle sur toute la Méditerranée, de l'extrême ouest à l'extrême est et au sud: l'Otan utilise des bases militaires nationales, ou directement des territoires, et des troupes locales pour ses différentes missions de guerre. La plupart de ces pays ont accepté d'adopter le "label Otan" pour la fourniture d'armes, de logistique terrestre, aérienne, navale et d'acheter les produits mortifères du complexe militaro-industriel otanien. Il faut se préoccuper également des "Partenariats individuels" établis entre l'Otan et divers pays du pourtour méditerranéen, non membres. A épingler ici, le partenariat individuel avec Israel . Ce pays est ainsi pratiquement devenu membre de l'Otan, et fait partie de plusieurs de ses commandements militaires, sans devoir passer par les processus prévus de demande d'adhésion. Il en va de même pour le partenariat individuel avec la Jordanie , qui n'est pas un pays "méditerranéen", mais fait partie du "Dialogue Méditerranéen" et devient une énorme base militaire aérienne où font escale, les avions de chasse de la "Coalition contre l'Etat Islamique" (dont les F-16 belges). Mais le pire se prépare autour des prochaines manœuvres OTAN en Méditerranée. Celles-ci ont été décidées lors du Sommet de l'Otan de septembre 2014. Il s'agit de mettre en œuvre toutes les capacités militaires des 28 pays membres de l'Otan (dont la majorité des pays membres de l'UE) pour " conduire toutes les missions et affronter les défis venant de toutes les directions ". La "Force de Réaction " Otan devrait pouvoir mobiliser en quelques semaines, 50.000 militaires de toutes les composantes - aérienne, navale, terrestre - pour riposter à " une attaque venant de n'importe où " et à se positionner préventivement là où une "crise" est signalée. Les exercices d'entraînement général se multiplient déjà au Nord et à l'Est de l'Europe. De grandes manœuvres navales viennent de se terminer dans la Mer Noire. Les plus importants de ces exercices se dérouleront en Méditerranée de septembre à novembre 2015, sous le nom Trident Juncture 2015. Ils sont destinés à intégrer plus profondément le Portugal, l'Espagne, et l'Italie dans la stratégie globale de l'Otan. L'OTAN et le déficit démocratique. L'Otan base son efficience sur le complexe militaro-industriel, qui est une des tentacules de cette monstrueuse machine de guerre. Les industries de guerre, qui doivent répondre aux critères capitalistes du profit, sont évidemment à la recherche permanente de nouveaux marchés et mêlent leur production aux produits destinés à la société civile. La confusion entre la production civile et militaire limite la transparence des activités d'exportation et de l'usage qui est fauit des marchandises produites. On peut le voir entre autres, à propos des normes sur l'exportation des armes. D'autre part, les sommes énormes d'argent qui circulent dans ces milieux servent à des corruptions en tout genre. Rappelons-nous des scandales d'Agusta ou de Lockheed et, à échelle plus locale, des fraudes fiscales, des recyclages, des trafics bancaires, des corruoptuions de politriques et de fonctionnaires d'Etat. L'Otan détruit l'environnement naturel et social. Partout où sont installés des polygones, des bases, des infrastructures de l'Otan , on constate une grave pollution du sol, de l'eau, des maladies chroniques et létales pour les humains et les animaux, la destruction de la faune et la flore locales, la destruction du patrimoine archéologique, du chômage massif à cause du démantèlement du tissu social (pêcheurs, agriculteurs, terres et produits agricoles contaminés etc..) Lutte armée contre les migrations L'Otan participe au dispositif de l'Agence Frontex, qui évolue d'opérations policières vers des opérations militaires , elle installe des radars, des centres de télécommunications ultrasophistiqués , rassemble ses drônes et ses avions de combat, des sous-marins et des Awacs de surveillance etc.. Elle collabore étroitement à la nouvelle Opération Triton présentée comme opération de l'UE, et destinée à contrôler les frontières de la Méditerranée et particulièrement les côtés libyennes. Cette Opération Triton envisage la possibilité d'opérations militaires dans les eaux, dans l'espace aérien et sur les terres libyennes. Les réactions de la société civile Dans toute l'Europe, les associations locales sont nombreuses à agir contre la présence de l'Otan. Nous connaissons les associations pacifistes et anti-militaristes qui, depuis toujours, ont protesté contre la présence de l'Otan dans notre Mer Méditerranée; mais plus récemment , d'autres associations se sont jointes à elles: les mouvements anti-maffia, anti-corruption, les groupes indépendantistes et séparatistes dans les îles italiennes, des intellectuels, des journalistes, des hommes der loi et d'église, des municipalistes. Les politiques sont encore trop peu nombreux, ils devraient avoir un peu plus de courage politique et écouter leurs populations. Ils demandent notamment
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