7. Damas à bâtons rompus
Marie-Ange Patrizio 3 janvier 2016 Conversations, fanfares, percussions et explosions. Lundi soir 12 octobre, nous avons été voir Dora, que j’avais rencontrée le dimanche 13 novembre 2011, pour lui remettre de l’argent à faire parvenir[1] à la famille de R. pour les aider à se chauffer pour l’hiver. J’écris ceci après avoir eu ce matin des nouvelles de Syrie : il a neigé hier, 1er janvier 2015, à Damas. Il a neigé aussi dans le village où nous étions. Je réalise que nous n’avions pas beaucoup souffert à Damas des coupures d’électricité car à l’hôtel des étoiles, comme dans les restaurants, il y a un groupe électrogène qui prend le relais à chaque coupure. Mais chez les particuliers, dans Damas comme ailleurs, ces coupures rendent la vie quotidienne très difficile. Au début du mois d’octobre, les journées sont plus longues, et, surtout, chaudes. Je vous laisse imaginer l’hiver, maintenant… Je pensais hier que pour Noël 2011 et le Jour de l’an 2012 des amies à Damas m’avaient écrit cette année il n’y aura pas d’illumination, en solidarité avec les familles en deuil des attentats. Qui imaginait à cette date ce qui allait suivre de deuils, attentats, destructions, pénurie ? Et plus de quatre années de guerre. Nous avons passé un beau moment sur le balcon de Dora, quartier résidentiel, côté rue parce que coté jardin le balcon est condamné : trous dans les volets roulants baissés. « Il y a un an, par ricochets des tirs d’un sniper depuis le jardin […] des gens qui dénoncent leurs voisins » chrétiens, ou laïcs ou pro-Assad, « c’est des collabos. Sinon les snipers tirent n’importe où ». « Je le ferai réparer après la guerre » ! Mardi matin, Marie, une consoeur psychologue et amie de Dora, dont nous avons fait la connaissance hier soir, vient nous chercher pour nous amener à la découverte de la vieille ville, à l’intérieur des murailles. Mais je raconterai une autre fois cette déambulation, parce que je voudrais d’abord vous faire part d’une visite qui va prendre beaucoup de place dans ce récit, comme dans notre séjour. Nous avons rendez-vous à 16 heures avec le Père Elias Zahlaoui, à Notre Dame de Damas. Visite imprévue, elle fait partie de ce qui s’organisé sur place au gré de nos rencontres : celle-ci improvisée la veille, à l’issue de notre conversation avec la directrice du Centre Aamal[2]. Claudia T. nous avait dit « le Père Elias vit dans une petite pièce, au milieu de ses livres », mais c’est dans le salon d’accueil de la paroisse qu’il nous attend. Rafqa et moi connaissions le Père Zahlaoui par ses textes : moi sa Lettre au Président Hollande[3] et Rafqa son intervention au Parlement à Damas. Je rapporte ici, à partir des notes de chacune de nous trois, la plus grande partie de notre conversation à bâtons rompus avec le Père Zahlaoui et Thierry Meyssan, tous les deux se saluant en disant, chacun, qu’il avait envie depuis longtemps de rencontrer l’autre sans avoir osé le déranger. m-a : « Heureusement qu’on est venues à Damas ». Peut-être à cause du lieu et de la stature -à première vue carrée, la suite confirme- de notre interlocuteur notre entretien démarre dans une tonalité un peu solennelle qui va cependant vite changer : le Père Elias est quelqu’un qui ne tourne pas autour du pot. Je vais transmettre nos propos à peu près dans l’ordre chronologique, mais aussi, parfois, en les replaçant dans la logique des deux thèmes principaux qu’il a évoqués : la situation politique et les phénomènes qui ont eu lieu à Soufanieh pour lesquels il avait été mandaté par sa hiérarchie, à partir de 1982. Le Père Elias parle d’abord de la situation politique et des rapports avec le pays d’où viennent ses visiteurs : « En France tout est à vendre […] Je n’ai pas cessé dans mes lettres ouvertes de provoquer l’Eglise d’Occident. "Que faites-vous en Occident ? Que fait l’Eglise ? Qu’est-ce qu’elle devient ? Est-ce qu’elle est muette ?". Dans ma dernière lettre j’ai traité les évêques de momies. Ce sont des momies, c’est pour cela qu’on m’a dit : Père il vaut mieux ne pas venir, de peur de compromettre la mission de Myrna (tournée en Europe de Myrna Nazzour. à l’automne 2015) ». Peut-être pourra-t-il venir en mars avec sa chorale ? A propos des phénomènes de Soufanieh et de Myrna Nazzour : « il faut que je vous parle de cette icône, qui a exsudé de l’huile. On était 2 prêtres à s’en occuper, tous les deux très récalcitrants avec ces phénomènes. En fait cette icône c’est Notre Dame de Kazan ». L’autre prêtre a écrit un compte-rendu à ce sujet en 82. « On l’a intitulé du nom du petit quartier de Soufanieh [au-delà des murailles de la vieille ville, à côté de la porte de Bab Touma], où ça s’est produit ». Une chrétienne, Myrna « entend des messages du Christ et de la Vierge», « elle entre en extase» et « de l’huile lui coule des yeux, avant l’extase, de la tête, des deux mains, du cou ; à chaque fois que le Christ parle l’huile lui coule des yeux et ça lui provoque des brûlures atroces. Il faut la retenir de peur qu’elle ne s’arrache les yeux. Des médecins l’ont examinée, il y a eu des rapports sur ces phénomènes, une psychologue a fait une thèse sur elle au Liban ». Les dates des apparitions coïncident avec des fêtes religieuses ; la dernière fois, en 2014 «le jeudi saint 2014, c’était le 17 avril, jour de la fête nationale de Syrie, de l’Indépendance, il y a eu ce message : "les blessures qui ont saigné sur cette terre sont celles-là mêmes qui sont dans mon corps. Car la cause et l’auteur sont le même. Mais gardez la conviction que leur sort est celui-là même de Judas". En 2004, c’était le jeudi de l’Ascension : devant un groupe venu de France, d’Allemagne, d’Autriche, du Canada, du Liban, de Damas, avec des représentants de télévisions de divers pays européens et américains et des théologiens venus de France, Autriche, Allemagne, Canada etc. Le message était ceci : "Mon dernier commandement pour vous : retournez chez vous mais portez l’Orient dans vos coeurs. D’ici a de nouveau jailli une lumière dont vous êtes le rayonnement pour un monde séduit par la matière, la concupiscence et la célébrité au point qu’il en a presque perdu ses valeurs. Quant à vous, conservez votre orientalité, ne permettez pas qu’on aliène votre volonté, votre liberté, votre foi dans cet Orient". Tous ces messages je les ai rapportés dans un gros livre, avec les rapports des théologiens et les témoignages[4]. Ça fait trente-trois ans que je connais Myrna, chaque fois que je l’entends parler je ne la reconnais pas. C’est bouleversant, de simplicité, de transparence, d’humilité». Ces messages je les ai notés tels que nous les a rapportés le Père Z., in extenso comme des fragments cliniques. TM dit qu’il n’a jamais entendu parler de Soufanieh et de Myrna, chose qui mérite aussi d’être précisée ici puisque TM vit à Damas depuis quatre ans et qu’il est généralement bien informé. Moi j’en avais entendu parler, par les diffusions de celui qui organise les tournées de Myrna en France, le Docteur Jean-Claude Antakli, qui m’avait contactée après avoir lu le récit de mon séjour en 2011. Mais je ne savais pas que le Père Zahlaoui s‘était occupé de Soufanieh. Aucune de nous trois, ni Thierry sans doute, ne pensait en venant à ce rendez-vous entendre parler d’extases, de stigmates, de visions et de messages divins. Et je dois dire mon embarras, d’abord, pour restituer, ou pas, cette partie-là de notre entretien ; qui détonne dans le reste de notre séjour, et de ce récit. Désagréablement bousculée par ce que j’avais entendu, et, au moment de le relater, perplexe encore sur la façon de le présenter. Nous n’en avions pas reparlé avec Rafqa et Dominique : embarrassées toutes les trois par cette irruption de phénomènes présentés si ce n’est comme miraculeux, en tous cas comme surnaturels. Et rompant la rationalité de nos analyses. Taire ce passage m’aurait débarrassée d’un malaise. Mais ç’aurait été trahir un engagement de notre interlocuteur, et censurer une partie non anodine de la réalité à laquelle nous avons été confrontées de façon très inattendue ce jour-là : quel que soit son rayonnement dans le pays, et du fait même de sa teneur, pas des plus banales, le phénomène rapporté par le père Zahlaoui est un des aspects actuels, paradoxaux, de la composante religieuse d’une société qui paye cher, par ailleurs, son choix de la laïcité au milieu d’une région fanatique[5]. Ce qui nous tombait dessus dans ce moment-là, c’est la confrontation avec « ce qu’on appelle tout gentiment une mystique »[6] comme disait le Docteur Lacan. « Ceux qui croient au ciel » verront dans ce qui touche Myrna l’effet d’une intervention divine ; « ceux qui n’y croient pas » sont bien embarrassés… Et vont se reporter à ce que disent des poètes et des psychanalystes de cette « expérience vertigineuse, obscure et indéchiffrable»[7]. Si vous êtes choqués par ce que vous lisez ici, c’est rassurant. Il faut n’avoir jamais été confronté, professionnellement ou dans la vie courante, au délire d’un aliéné ou aux paroles d’un(e) mystique pour imaginer qu’écouter leurs propos (qui ne sont pas du même registre), même médiatisés comme ici par le récit d’un tiers, n’est pas au moins déstabilisant voire un tantinet angoissant ; y compris quelques semaines plus tard, à tête dite reposée. Soit on fait l’impasse sur ce qui nous heurte, et tranche avec le reste de la démarche, soit on prend ces paroles confiées au sérieux, en l’occurrence comme une séquence clinique : «Moi je n’emploie pas le mot mystique comme l’employait Péguy. La mystique, ce n’est pas tout ce qui n’est pas politique. C’est quelque chose de sérieux, sur quoi nous renseignent quelques personnes, et le plus souvent des femmes (…) Ces paroles mystiques, ce n’est ni du bavardage, ni du verbiage, c’est en somme ce qu’on peut lire de mieux (…)»[8]. Je vous en livre quelques fragments ici, non sans avoir eu recours, parallèlement à cette transcription, à la relecture de ceux, psychanalystes et historiens de la littérature, qui n’ont pas eu peur de se pencher sur le récit de ces visions, apparitions, spasmes, extases, stigmates et leur cortège d’interrogations très dérangeantes pour nos névroses ordinaires et nos analyses rationnelles. En se souvenant aussi qu’il y a eu à Damas au moins un précédent célèbre en matière de vision, apparition et inscriptions somatiques. Il y a deux mille ans environ, Paul de Tarse, collaborateur juif zélé de l’occupant romain, a écrit comment il a été terrassé et rendu aveugle à la suite d’une vision -apparition du Christ- au cours d’une mission contre les chrétiens, puis recouvré la vue grâce à l’intervention du chrétien Ananias près de la Rue Droite de la Porte d’Orient, pas très loin de l’actuel Soufanieh. Le discours et l’expérience mystiques ne sont pas déconnectés de la réalité sociale, géographique, historique, et politique[9]. T. Meyssan, que j’ai interrogé à ce sujet, m’indique aujourd’hui : « Le message de Soufanieh c’est de conserver l’orientalité, c’est-à-dire la perception qu’il n’y a qu’une foi et que les religions authentiques sont autant de chemins vers le même Dieu. C’est ce qui justifie la Syrie laïque d’aujourd’hui par opposition au projet des Frères Musulmans porté par Daesh ». Père Elias : «Sans les Russes et les Chinois la Syrie aurait disparu, 140 pays contre la Syrie pour les beaux yeux d’Israël et les dollars du Qatar et de l’Arabie saoudite. […] Le maire de Kazan, un musulman, a envoyé ici son conseiller, un chrétien de Kazan ; il est venu avec un groupe, ils ont passé une semaine, pris un tas de documents en 2005. Une traduction russe a été faite ici. Et ils l’ont apportée à Kazan ; et je compte la faire imprimer pour l’offrir à Poutine. A Kazan on m’a dit la traduction est digne de Dostoïevski ! Les USA sont un hippopotame qui marche sur un champ de tulipes ». Rafqa me rappelle au moment où je rédige cette visite que le Père Elias avait parlé de voyoucratie pour cet hippopotame (et certains de ses alliés). […] Rafqa : j’ai lu votre intervention sur la conception de l’homme syrien [Internet, en arabe]. EZ : laquelle ? m-a : au Parlement. EZ : oui, ils m’ont sollicité pour cette intervention. TM : au Parlement ici ? EZ : oui, le 2 février. On m’a fait la surprise de venir, trois personnalités du Parlement, pour me demander un mot. On a échangé, ils m’ont dit "nous voudrions que vous parliez de la reconstruction de l’homme en Syrie" »… Rafqa : ah oui, c’est ça ! EZ : et je leur ai présenté un texte, un mois après. Il a été traduit en France, et je l’ai [re]traduit moi-même après parce que celle qui l’avait traduit avait escamoté pas mal de choses. m-a : c’est vrai ?! EZ : oui, oui, moi je me sois permis de faire la traduction intégrale ! Malheureusement je n’ai pas le texte ici de la traduction mais je vous l’enverrai si vous me donnez vos coordonnées. Je l’ai en arabe, ici, vous lisez l’arabe ? TM, m-a et D. : non… Rafqa : moi je lis l’arabe ! EZ : Comment vous vous appelez, votre nom de famille ? [Ils parlent tous les deux en arabe]. Ah, il y a de beaux lieux là-bas. R. : Il connaît mon village ! EZ : [à nous] : la Vallée des Chrétiens, vous connaissez ? C’est une très belle région. Rafqa : c’est chez moi ! EZ : Je vais vous raconter, j’ai rencontré en 1990 un écrivain français ancien parlementaire. Il m’avait donné un de ses livres et ensuite on a discuté ensemble. Il était anti-européen, contre le Traité de Maastricht, depuis on est resté en contact. Avant les événements il a demandé à venir en Syrie, il a passé 4 jours, il m’a demandé de rencontrer des familles musulmanes, moi-même je suis de Damas et j’ai toujours refusé n’importe quelle invitation de repas chez des amis : après on ne peut plus fermer la porte ! Ce jour-là, pour lui, j’ai téléphoné à des amis musulmans en leur disant est-ce que je peux venir partager le repas chez vous demain soir ? C’est la dame qui m’a répondu et elle m’a dit bien sûr ! Ils habitent près d’ici, ce sont des gens extraordinaires. Durant toute la visite et tout le repas il me regardait de temps en temps et me disait "je n’en crois pas mes yeux et mes oreilles : c’est ça la Syrie ?" - oui c’est ça. Ensuite je l’ai amené à Douma chez des amis musulmans dont la fille est médecin à Pontoise. Là encore il me disait "mais ce n’est pas ce qu’on nous raconte…". Je lui ai dit "mais vérifiez ce qu’on vous raconte ! ». Et maintenant pendant les événements il ne cessait de me téléphoner. Un jour je lui ai dit : "Monsieur Untel, qu’attendez-vous pour écrire ?" il m’a répondu "je n’ose pas". Je lui ai dit: "ancien parlementaire et écrivain, vous n’osez pas ? Pourquoi Thierry Meyssan ose ?" Vous savez ce qu’il m’a dit ? "Mais Thierry Meyssan est un iconoclaste, vous connaissez le terme ? Un iconoclaste, c’est-à-dire quelqu’un qui casse des barres [sic]". Je lui ai dit "mais cassez des barres vous aussi !" ll m’a dit "je n’ose pas"… TM : Oui mais si personne n’ose, tout le monde va finir en prison. C’est une prison intellectuelle. EZ : Où va-t-on ? D. de France : On se met soi-même en prison. EZ : On m’a envoyé dernièrement le livre de Michel Raimbaud « Tempête sur le grand Moyen-Orient »[10], c’est un livre terrible. Je connais une dame qui le traduit en ce moment, l’ancienne ministre de la culture […] c’est bien mené, un grand livre. […] Il faut lire aussi « Le dérèglement du monde » d’Amin Maalouf, et « Les identités meurtrières » en 97 : ce sont des textes très actuels. La Syrie a été exécutée mais elle ressuscitera ». Une jeune fille entre pour demander quelque chose au Père Elias et s’interrompt en s’exclamant (en français) : «Vous êtes Thierry Meyssan ?! Je lis tous tes articles, merci, merci, je peux faire une photo avec vous ?! ». Surprise de TM, séance photos, sympathique, on en profite pour faire les nôtres aussi ; le père Elias nous dit ensuite « elle travaille à la télévision », et fait partie de la chorale.
Dans la 2ème partie de notre visite, la situation se renverse : c’est le père Elias qui interroge TM ! Sur son analyse de la situation dans toute la région. On retrouvera cette analyse plus rigoureusement dans les chroniques hebdomadaires publiées dans « Réseau Voltaire International » au cours des semaines qui ont suivi. TM : La semaine dernière, il y a eu une réunion au Conseil de sécurité nationale [à Washington] où tout d’un coup le Conseil s’est divisé en deux : ceux pour et ceux contre la guerre. Jusqu’ici tout se faisait par dessous et on ne savait pas qui était pour et qui était contre. La personne qui a pris position contre la Syrie est Samantha Power[11], c’est elle qui a pris la direction de l’opposition à la Syrie. Ça montre que c’est bien à l’ONU que ça s’est organisé contre la Syrie, avec Feltman [adjoint au Secrétaire général, pour les Affaires politiques[12]] Ils ont essayé de gagner du temps pour qu’il y ait une défaite militaire de la Syrie. Ils ont commencé fin juin 2012. En juin 2012 les USA et les Russes s’étaient mis d’accord, et tout d’un coup la guerre est repartie sous la direction de la France. Le 7 juillet il y eu une conférence à Paris des « Amis de la Syrie »[13] : tout est reparti contre ce qu’Obama avait négocié. Il ne contrôlait plus rien. Samantha Power et Feltman avaient tout dirigé. m-a : Elle est terrible Power… TM : C’est un professeur de droits de l'homme ! Il faut que les USA deviennent la puissance qui empêche les génocides ![14] […] EZ : et le lobby [sioniste] ? TM : il tient le Congrès, pas l’exécutif. [C’est bien décrit dans] le livre de James Petras, non traduit en français[15]. Le 15 septembre 2001, il y avait eu une réunion à Camp David présidée par Georges W. Bush. La guerre contre la Syrie a été votée par le Congrès, puis promulguée par le président Bush le 12 décembre 2003 (Syria Accountability Act). Maintenant en Israël Netanyahu est sur la ligne coloniale originelle d’Israël. Mais, mystère : pourquoi a-t-il été réélu ? Car tous les grands chefs militaires israéliens ont abandonné cette ligne : c’est le mouvement Commanders for Israel Security [16] : ils sont nés en Israël et ce qu’ils veulent c’est continuer à vivre là, pas conquérir le Moyen-Orient. Tous ont pris position contre Netanyahu. La politique israélienne ne peut pas durer très longtemps. […] Maintenant le défi pour la Syrie, c’est liquider les djihadistes et commencer immédiatement la négociation pour régler le problème du Golan avec Israël. EZ : comment voyez-vous les mois qui viennent ? TM : Normalement les bombardements russes vont continuer jusqu’au 6 janvier, ils souhaitent que cette campagne soit finie pour le Noël orthodoxe. L’essentiel de la Syrie habitable sera libéré. Les djihadistes se retireront en Jordanie, en Irak et en Turquie où il y a un risque de guerre civile[17]. EZ : indépendamment des problèmes avec les Kurdes ? TM : non, mais même en dehors de ça : il y a aussi le combat des laïcs contre les islamistes, en Turquie. Actuellement il y a trois camps d’al-Qaeda et beaucoup plus de camps de Daesh, en Turquie […]. EZ : et l’explosion il y a deux jours, à Ankara…[18] […] TM : Il y a un problème militaire, la Russie a déployé des armes dont personne ne connaissait l’existence. En fait [avec] le tir de missiles de croisière [missiles de croisière 3M14 Kalibr tirés le 7 octobre par des navires russes depuis la mer Caspienne] ils ont montré qu’ils avaient des missiles plus précis que ceux des USA. Et un rayon d’action de 1500 Km. [De ce fait] ils ont complètement ruiné tous les investissements financiers sur le bouclier USA. Quand les Russes sont arrivés ici, les USA ont dit "on ne sait pas très bien ce qui se passe". Les Russes ont installé une énorme station de brouillage au nord de Lattaquié, avec un rayon d’action de 300 Km. Tous les systèmes d’interception, radio guidage, tout est brouillé ! Y compris le système satellitaire. Ils [USA] ne sont plus capables de voir le fonctionnement des avions. Ça a été une grosse surprise pour le monde entier ! Et du nord de Lattaquié ils brouillent la station Otan d’Iskenderun en Turquie… Ils ne savent pas ce qui se passe, personne ne sait ce qui se passe en Syrie sauf par les communiqués des Russes et des Syriens. La France, quand elle bombarde à Raqqa c’est qu’elle ne peut pas bombarder ailleurs, à cause de ce défaut de renseignements : c’est vraiment pour montrer ses muscles. Par contre les Russes n’iront pas à Deraa, au Sud, parce qu’ils devraient brouiller aussi l’Etat d’Israël. La Russie voulait vérifier que le brouillage fonctionnait aussi sur le territoire turc[19]. Il y a trois jours les avions du Commandement Central [étasunien] ont largué par parachutage 50 tonnes d’armes pour les djihadistes. Qui a envoyé ces armes ? Ordre de la Maison Blanche ? Du Pentagone ? Un général qui a dit il me reste ça je le leur largue !? C'est un désordre gigantesque, les Usa, une machine énorme, il n’y a plus de hiérarchie, plus de structures ; si les USA étaient organisés la guerre ici serait finie depuis longtemps. […] EZ : Robert Dôle, « Le cauchemar américain », dans l’introduction il dit j’écris en français pour m’innocenter de la langue anglaise des USA. […] EZ : Donc d’après vous la Syrie va échapper au nettoyage [planifié par les faucons étasuniens] ? TM : Tant qu’il reste aux USA des gens comme Power et Feltman, il peut y avoir un dérapage. Mais l’opération russe va diminuer la force des jihadistes. Daesh et al-Nosra ont des systèmes de communication, des usines de fabrication d’armes etc. mais ce n’est pas une armée. Tout ça a été détruit. […] EZ : Est-il possible que les Européens ne sachent pas le nombre de gens qui viennent ici [faire la guerre] ? L’Armée Syrienne n’en a aucune idée. Ceux qui sont arrivés de l’extérieur, depuis 2011, on pense au moins 250 000… Ils ont d’abord trois semaines d’entraînement en Jordanie[20]. Il y avait des instructeurs français, sans doute un encadrement militaire français. Dans la première période la France a envoyé environ une centaine de militaires : Légion et soldats, et DGSE, détachés de la Défense pour l’Elysée. Certains sont morts ici, certains sont prisonniers mais tous les autres se sont repliés après la chute de Baba Amr [quartier occupé par les terroristes à Homs]. L’amiral Guillaud est venu les reprendre à la frontière libanaise[21]. Mais quand Hollande a relancé la guerre en juillet 2012, il y a eu à nouveau des militaires français. Depuis le début de la guerre le gouvernement syrien a essayé d’établir des relations avec des parlementaires français : qui ne font rien. m-a : Les parlementaires français le savent ? TM : il y en a qui savent ..! La France est prisonnière de l’Arabie Saoudite. Aujourd’hui ils [Arabie Saoudite] ont au moins 10% de l’industrie française, actions dans 40 banques et sociétés françaises… Si l’Arabie Saoudite retire tout d’un coup tout son argent, tout s’effondre. Les Saoudiens ont vraiment un moyen de chantage. Plus que le Qatar. C’est un autre type de relations : l’émir Hamad mettait son avion à disposition [de Cécilia Sarkozy, ensuite Carla Bruni]… m-a : Et Azmi Bishara maintenant est conseiller de l’émir du Qatar… TM : Tariq Ramadan y est aussi. EZ : Azmi Bishara, en Syrie on le considérait comme un héros ! […] TM : Mr Juppé est celui qui a négocié au Royaume Uni, en 2010, que le Royaume-Uni et la France attaquent ensemble le Syrie et la Libye. En mars 2011 [à l’époque ministre des Affaires étrangères sous la présidence de N. Sarkozy] il a signé un décret secret avec le ministre des Affaires Etrangères turc Davutoglu [toujours en fonction], qui prévoyait tout ce qui s’est passé depuis dans le nord de la Syrie[22]. Il a participé à une réunion secrète de certains Etats de l’Otan à Naples [Lago Patria, Base du Commandement suprême allié, toujours étasunien] pour qu’ils attaquent la Libye. Il y a eu 40 000 personnes tuées en trois jours à Tripoli [TM était à Tripoli au moment du siège : en novembre 2011 il nous avait relaté les bombardements incessants pendant ces trois jours, déluge de feu]. Actuellement à Bordeaux il est en train de construire une mosquée pour les Frères Musulmans. Et en 94 au moment de l’attaque au Rwanda, c’est lui qui était aux Affaires Etrangères… En 2011, j’ai été informé par le gouvernement iranien que Juppé avait donné l’ordre de m’assassiner à Tripoli. Les USA, depuis 1954, utilisent les Frères Musulmans pour des assassinats politiques. […] Les Allemands ont commencé, en secret, des négociations avec la Syrie. Pendant ces 5 ans la Syrie a vécu avec l’argent de la Russie et de l’Iran ce qui implique que ce sont des compagnies russes qui vont exploiter le gaz [après la fin de l’agression internationale contre le pays]. […] EZ : C’est extraordinaire que Bashar al-Assad reste aussi serein. Et confiant en lui-même. TM : Oui, il tient le coup ! C’est une surprise pour tout le monde et pour lui en premier ! EZ : il a une trempe ! Pendant que le Père Elias va chercher des exemplaires de son ouvrage sur Soufanieh, je fais remarquer le beau lustre du salon, comme ceux en cristal de Venise. TM nous raconte que ce sont des verriers damascènes qui ont importé les techniques en Italie : ils avaient été enlevés par des Vénitiens au Moyen-âge, emmenés sous bonne escorte et enfermés sur l’île de Murano où la Sérénissime les a priés sans ménagement de transmettre leurs techniques à des artisans locaux. Il semble que pas mal d’autres artisanats ou techniques (y compris agricoles) soient venus de Syrie. Nous reparlerons des artisans syriens.
On se quitte en échangeant nos coordonnées. TM : je n’ai pas de carte… Père Elias : mais vous avez mon numéro maintenant ! En sortant on traverse un groupe de jeunes, filles et garçons, avec des instruments de musique : c’est la fanfare de ND de Damas qui se met en place pour répéter sur le parvis éclairé. Il est tard, on ne peut pas s’attarder car on doit longer une place qui est une cible habituelle des terroristes depuis Jobar. Avant que la répétition ne démarre, je demande à ceux qui sont près du portail si c’est eux qui avaient joué à la fin de la cérémonie avec le Patriarche Cyril le 13 novembre 2011 à la cathédrale de la Dormition. Petit chahut pour me répondre : mes interlocuteurs vont surtout caser dans un français très approximatif les quelques mots qu’ils connaissent, assez décalés par rapport à ma question : ils sont décontractés, ces jeunes. Et leur musique saisissante, comme souvent les fanfares, dans la rue…Mais plus encore sur le parvis de cette église ; avec les risques que tout le monde connaît. ND de Damas va être touchée quelques jours plus tard par les roquettes (dégâts matériels seulement) de ceux dont nos médias parlent en disant que « le régime de Bashar » les bombarde avec des barils de TNT. Mais pourquoi avec du TNT ?! A part que les « rebelles », eux, en ont, de ces armes-là. Il fait doux, nous redescendons à pied vers l’hôtel, une bonne demi-heure. Il fait nuit rapidement, mais il y a des gens dans les rues, même si on y voit plus ou moins. Mais nous avons pris l’habitude de Damas, en 48 heures et plusieurs rencontres peu banales. Personne ne fait attention à nous quand nous demandons notre chemin ; ici on ne nous prend pas pour des Russes. Ou bien c’est qu’on ne remarque plus les gens de la communauté russe, depuis le temps qu’ils vivent à Damas ; la coopération a été importante avec l’URSS, pendant la présidence de Hafez al-Assad. En arrivant vers l’hôtel nous entendons un grand bruit de percussions. On entre dans une cour, pour voir, puis jusque dans une salle où un groupe de jeunes répète avec toutes sortes de tambours, dans les locaux d’une association culturelle arménienne. On entre comme dans un moulin, d’ailleurs, pas de plan Vigipirate ici…Ils font un de ces bruits, on n’entend même plus les bombardements. Dans la chambre de l’hôtel des étoiles, on peut écrire grâce à une connexion Internet sans problèmes. Je relis ces messages aujourd’hui pour me souvenir de cette ambiance. A l’aube, j’entends des avions et une série de détonations très fortes. La réception est en face de ma chambre de l’autre côté du patio. Je vais en vitesse demander au veilleur de nuit ce qui se passe : « No problem, Madam, it is our army, our aviation ». L’aviation syrienne -des bombardiers, pas les fameux hélicoptères trimballant les barils de TNT de nos médias- cible les repères des terroristes à Douma, Ghouta et Jobar. Mercredi 14 octobre et premier jour de l’annéee 1437 de l’Hégire, c’est le début d’une grande offensive de l’Armée arabe syrienne autour de Damas[23]. Je parle un moment avec le veilleur de nuit : étudiant en management, d’origine bolivienne, parents immigrés en Syrie où lui est né. Il ne parle pas français, c’est dans son programme de l’an prochain, mais, un peu d’anglais un peu d’arabe pas mal de gestes et mimiques, on bavarde. Je vais me recoucher en écoutant le bruit des avions et explosions. C’est la première fois que je suis proche d’un bombardement, pourtant ces détonations font un bruit qui m’est familier. Je vais mettre du temps à réaliser lequel : les explosions des (très gros) feux d’artifice. On m’expliquera plus tard que les roquettes des « rebelles » font un tout autre bruit : plus sec, métallique, précédé d’une sorte de sifflement (pour laisser le temps de regarder où ça va tomber ? Braves gens ces rebelles). Je n’en entendrai que deux dans cette journée du mercredi. Roquettes qui n’ont fait que des dégâts matériels. Il semble que les terroristes soient trop occupés par ce qui leur arrive pour riposter. Le matin en servant le petit déjeuner Karim me dit (en anglais) «Aujourd’hui c’est une grande surprise pour les rebelles » : lui, c’est un rigolo. Nous n’avons pas de rendez-vous prévu avant 18h (Nadia Khost et sa fille Rania Massarani), nous devions sortir pour aller visiter avec Marie le quartier de la Porte d’Orient : c’est justement là que les ripostes des terroristes peuvent tomber. Les gens de l’hôtel nous recommandent précisément quels endroits éviter. Je reviens en début d’après-midi, avant D et R. qui vont flâner dans la Rue Droite. Karim bavarde à la réception avec ses collègues ; en me voyant entrer il me dit (en anglais) « oh madame, encore en vie ?! ». Quatre années de guerre ne sont pas venues à bout de l’humour et de la vitalité de ces jeunes Syriens. Ça fait du bien. L’atmosphère est décidément plus légère aujourd’hui. Oui, le vent a tourné. marie-ange patrizio Marseille, 3 janvier 2016, Merci, une fois de plus, à mes compagnes de voyage que j’ai quasiment harcelées ces jours-ci pour vérifier et compléter ce récit particulièrement délicat à rédiger. Je recommande post scriptum deux interviews que me signale Dominique de France, tout frais sortis -sans date des interviews- sur Internet. Le premier « date d’octobre 2014 », me dit l’auteur interrogé à ce sujet. On peut penser, d’après certains passages, que le second aussi. Syrie : les chrétiens dans la tourmente, entretien avec le Patriarche Grégoire III Laham, et Dans l’ombre de Bachar el-Assad, entretien avec Bouthaina Chaabane. Merci à Frédéric Pichon pour ces précieux entretiens publiés « en février 2015 » : en effet je les retrouve dans le n° 146 de Politique Internationale. Diffusés les 30 décembre 2015 et 3 janvier 2016 par Les Crises [24]. [1] Embargo bancaire, si vous allez en Syrie, n’oubliez pas d’apporter vos sous, vous ne pourrez pas en retirer sur place. [2] cf. « Damas des étoiles » et le reportage « Vivre à Damas » de France2. [3] http://jacques.tourtaux.over-blog.com.over-blog.com/article-pere-elias-zahlaoui-un-pretre-syrien-ecrit-a-hollande-108785957.html [4] Soufanieh. En Syrie et dans le monde, Père Elias Zahlaoui, Damas 2014. 1 kilo 346 grammes dans le bagage en soute. ou http://www.soufanieh.com/FRANCAIS/20071002.can.fre.pez.Soufanieh.fetera.bientot.ses.25ans.pdf [5] Voir à ce sujet l’entretien « conduit par Frédéric Pichon » en octobre 2014 avec le Patriarche Grégoire III Laham : « la Syrie, dois-je seulement le rappeler, est un État laïque... Elle est même l'État le plus laïque de la région ! Le Liban n'est pas un État laïque, Israël non plus, nos autres voisins guère davantage...Parmi les rebelles, nombreux sont ceux qui ne sont pas des Syriens, qui n'ont pas une vision syrienne de la société ; c'est la vraie raison pour laquelle ont eu lieu tous ces massacres de personnes sur la seule base de leur appartenance religieuse. C'est quelque chose de profondément étranger à la tradition syrienne. Ici, en Syrie, on ne parle jamais de sa confession : le régime, malgré tous ses défauts, est parvenu à faire émerger un véritable sentiment national. C'est cela, l'exception syrienne ! » http://www.les-crises.fr/syrie-les-chretiens-dans-la-tourmente/ [6] Encore, Le séminaire, livre XX, Jacques Lacan, Ed. du Seuil, 1973, Paris, p. 70. [7] Portraits de femmes, Pietro Citati, Ed. Gallimard, Paris, 2001 pour la traduction française, p. 24 et suivantes. [8] Encore, p. 70-71 [9] En précisant aussi que si les stigmates sont apparus dès 1982 (et ont eu lieu six fois depuis) les messages entendus par Myrna commencent en 2004, donc bien avant la période de crise puis de guerre en Syrie. [10] Tempête sur le Grand Moyen-Orient, Michel Raimbaud, Ed. Ellipses, Février 2015, Paris [11] Sur Samantha Power voir notamment : « La face cachée de l’Administration Obama », T. Meyssan, 10 novembre 2015, http://www.voltairenet.org/article189204.html [12] Sur Jeffrey Feltman voir : http://www.voltairenet.org/article188542.html [13] Voir Discours de François Hollande à la 3ème réunion des amis du peuple syrien, notamment les cinq points de décision finale, et constat (juillet 2012) : « une chose est certaine, c’est que le régime de Bachar Al-Assad ne tiendra pas » http://www.voltairenet.org/article174994.html . [14] Idem : « La face cachée de l’Administration Obama » [15] The Power of Israel in the United States, Clarity Press, Inc. (2006). [16] Lettre au Premier Ministre Netanyahu, 30 octobre 2014 : http://www.voltairenet.org/article186961.html . Voir aussi la vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=6DitoiYXT5M et, site du mouvement (en trois langues : hébreu, anglais et … russe !) : « Notre vision et nos objectifs » : http://en.cis.org.il/our-vision/ . Commentaire dans le Jerusalem Post du 3 janvier 2015 : http://www.jpost.com/Israel-News/Former-Israeli-security-commanders-Netanyahu-speech-will-bring-Iran-closer-to-the-bomb-392565 [17] Poursuivant cette analyse dans un autre entretien le lendemain, TM nous dira « le problème est que les sponsors des terroristes ne voudront pas perdre tout l’argent qu’ils ont investi dans ces mouvements : où les enverront-ils ensuite pour les utiliser ? Ukraine, Caucase..? » [18] 86 morts et 186 blessés, le 10 octobre 2015 : http://www.voltairenet.org/article189047.html [19] Voir « L’armée russe affirme sa supériorité en guerre conventionnelle », T. Meyssan, 19 octobre 2015, Réseau Voltaire, http://www.voltairenet.org/article189038.html [20] Dans les camps -Zaatari- où nos agents des affaires étrangères vont faire des visites et interviews ? Cf. Fabius et Burgat, http://www.mondialisation.ca/quelques-figures-de-vitalite-artistique-intellectuelle-et-mediatique-la-syrie-du-mucem/5371380 [21] « Alain Juppé n’est pas seulement en conflit avec son administration, mais aussi avec ses collègues de l’Intérieur et de la Défense. Claude Guéant et Gérard Longuet auraient non seulement négocié avec le général Assef Chawkat l’exfiltration des agents français présents dans l’Émirat islamique de Baba Amr, comme le Réseau Voltaire l’a relaté [2], mais aussi la libération de trois commandos français détenus par la Syrie [3]. Dimanche 18 mars, le quotidien pro-syrien Ad-Diyar, édité à Beyrouth, a confirmé que trois prisonniers français ont été remis au chef d’état-major des armées (CEMA), l’amiral Édouard Guillaud, lors d’un déplacement au Liban, prétendument effectué à l’occasion de la réorganisation du contingent français de la FINUL. Selon une source syrienne de haut niveau, l’amiral aurait en échange personnellement veillé au complet démantèlement de la base arrière que les services militaires français avaient installée au Liban » : http://www.voltairenet.org/article173169.html . Voir aussi : « Pourquoi la France veut-elle renverser la République arabe syrienne ? » T. Meyssan, 12 octobre 2015, Réseau Voltaire, T. Meyssan [22] Voir : «Clinton, Juppé, Erdoğan, Daesh et le PKK », T. Meyssan, 3 août 2015, [23] Al Manar, 14 octobre : «Or la grande surprise est que les forces gouvernementales ont lancé en même temps une offensive à l'est de la capitale, dans la Ghouta orientale. Et il est question d'une avancée à Harasta et Jobar. Selon l'agence russe Sputnik, citant une source militaire syrienne, les troupes syriennes ont repris le contrôle de plusieurs bâtiments, dont l'usine des eaux Rima. La Ghouta orientale est sous le diktat de la milice wahhabite pro saoudienne Jaïch al-Islam, dirigée par Zahrane Allouche » Une rumeur à Damas avait annoncé la mort du chef salafiste Z. Allouche ce jour-là ; il a finalement été tué par un bombardement de l’armée syrienne le 25 décembre, dans un bâtiment où se tenait une réunion de chefs « rebelles » (comme disent nos médias et « spécialistes » politologues anciens expatriés à Damas, qui ont débarrassé le plancher au début de la crise). [24] http://www.politiqueinternationale.com/revue/article.php?id_revue=146&id=1348&content=synopsis ou http://www.les-crises.fr/dans-lombre-de-bachar-el-assad/ et http://www.politiqueinternationale.com/revue/article.php?id_revue=146&id=1347&content=synopsis publié le 3 décembre 2015 ou http://www.les-crises.fr/syrie-les-chretiens-dans-la-tourmente/ . Cet entretien se trouve aussi, en cherchant bien, sur le blog de l’auteur : http://frederic-pichon.com/resources/drChaabane.pdf . Je n’y ai pas trouvé celui du patriarche Grégoire III. |