Titre original : "NATO And North Africa"
Rashid Khashana
Al-Hayat
15 septembre 2003
Entre 1995 et 1997, l'OTAN a réussi à pénétrer
dans les pays arabes de la Méditérannée, et à leur
octroyer le statut de "partenaire", à l'exception de la Libye.
Mais cette dernière est plus que probablement en voie de devenir un membre,
puisque c'est une revendication libyenne non officielle qui coïncide avec
le rapprochement croissant avec les USA, plus que d'être un souhait de
l'OTAN elle-même. L'organisation a adopté une tactique rusée
lorsqu'elle a mis un pied en Egypte, en Jordanie et dans les pays nord-africains,
en commençant sous la bannière du "Dialogue Méditerranéen",
pour ensuite ouvrir ses portes à Israël, qui a été
un partenaire essentiel de l'organisation depuis des décennies.
Quel bénéfice retirent les Arabes, plus spécialement les
Nord-africains, d'un partenariat inégal qui est une séquelle de
l'effondrement de l'Union Soviétique et de la fin du danger que le communisme
ne s'étende au Bassin méditérannéen ? Il serait
plus approprié de dire que l'OTAN est le premier à bénéficier
de ces nouvelles relations, comme elle permet l'entrée de son arsenal
guerrier dans les eaux de ces pays dont l'arsenal et les programmes d'armement
étaient l'objet de prudence et de crainte, quand ils n'étaient
pas rangé dans l'«axe du mal».
L'OTAN mène des manoeuvres périodiques avec les armées
qui sont moins armées et préparées; mais cela leur permet
de garder un il sur la côte et les points d'entrée, et découvrir
leur positions stratégiques, en plus d'analyser leurs eaux et leurs réserves,
de manière à ce qu'elle puisse les utiliser quand elle en a besoin.
Ce qui est amusant, c'est que les chefs de l'OTAN, qui se ventent de l'armement
le plus moderne, donnent parfois l'impression qu'ils ne sont que des activistes
humanitaires, uniquement concernés par la protection de l'environnement
et de la nature, et combattant les parasites le long des côtes méditerranéennes.
Mais la principale obsession de l'OTAN depuis l'effondrement de l'Union Soviétique,
est de combattre ce que le précédent Secrétaire Général
de l'Organisation avait appelé "l'avance verte", c'est à
dire les mouvements islamiques croissants, bien que l'hégémonie
US dans la région soit le principal défi qui alimente ces mouvements
dans la population, spécialement avec la soumission de l'administration
US à Israël.
Lorsque les leaders de l'OTAN disent que le terrorisme est l"ennemi principal
actuellement, au moins depuis le 11 septembre 2001, ceci n'est pas vrai, parce
qu'il rangent sous la bannière du terrorisme aussi bien les groupes violents
que toutes les tendances cherchant l'indépendance et la libre volonté,
sans faire la moindre distinction. Ceci est devenu clair lorsque l'OTAN a foré
une force de réaction rapide dans le sud de la Méditerranée
en 1999. Une force de réaction rapide : contre qui et avec qui? Et dans
quelles régions ?
Cette initiative était (et est toujours) un défi à la
volonté d'états indépendants, et une violation de leur
souveraineté, et une meilleure façon de patronner les Arabes et
les Musulmans, parce qu'ils sont les seuls à être la cible officiellement,
et il n'y a pas d'autres peuples le long des côtes du sud de la Méditerranée
Cela signifie que l'OTAN peut violer leurs territoires chaque fois qu'il l'estime
nécessaire et vital pour leurs intérêts. Et l'OTAN prend
soin de soumettre tous ceux qui envisagent de se rebeller, ou de rejoindre la
liste des "états voyous".
Dans cette perspective, le langage de la force et de la tyrannie qui prévalait
dans les relations internationales n'a pas changé, en dépit d'un
nouveau discours sur le dialogue, la paix et la démocratie dans les relations
internationales. Recourir à l'OTAN pourrait être le seul choix
disponible pour les pays d'Afrique du Nord dans les circonstances actuelles.
Cependant, ils ont une autre alternative, basée sur la construction de
la confiance entre eux, et la formation d'un système de défense
régional, qui établirait le principe de défense commune,
et protégerait la région des pressions et des interventions de
coalitions. Mais lorsqu'on a peur de son propre frère, et qu'un voisin
est armé pour se protéger d'un autre voisin, faire appel à
un étranger devient le "mur préventif" qui écarte
le "danger", et donc, le premier qui a recours au plus fort, sera
le meilleur.