La commémoration au Parc Hibakusha de l’Université de Mons s’est conclue ce 4 août 2018 par une rencontre entre les associations et personnes qui soutiennent la nécessité de FAIRE VIVRE LE PARC HIBAKUSHA AUJOURD’HUI ET DEMAIN.
Dans ce numéro de notre bulletin, nous avons retenu la lecture d’un des Poèmes de la bombe atomique (1951) de Tôge Sankichi :
Flammes
D’une poussée écartant les fumées
depuis la terre à demi obscurcie
par des nuages bas et lourds
suaire déployé
heurtant la voûte céleste
grinçant des dents
se soulevant dansant dans l’air
s’unifiant
noires rouges bleues les flammes
qui soufflent dispersent des étincelles brillantes
sur la ville entière maintenant
sont dressées.
Ondulant comme des algues
des rangs de flammes avancent.
Des troupeaux de vaches qu’on menait à l’abattoir
roulent en avalanche sur les pentes de la rivière ;
un pigeon couleur de cendres
ailes crispées tombe sur le pont.
Ceux qui sautillant
sortant de sous des jets de fumée rampent,
avalés dans les flammes,
sont d’innombrables humaines
à quatre pattes.
Sur un tas de braises effondrées
s’arrachant les cheveux
rigidifiée
la malédiction se consume
après ce temps condensé
explosé
Rien que haine incandescente
se répandant palpitante.
Un silence sans rime
s’accumule dans l’espace
les chauds rayons d’uranium
qui ont repoussé le soleil
impriment sur la chair du dos des vierges
le motif fleuri d’une soie fine,
mettent instantanément en feu
la robe noire d’un prêtre
6 août 1945
en ce minuit en plein midi
l’homme à coup sûr a livré Dieu
aux flammes.
Cette nuit
la lumière en flammes de Hiroshima
se reflète sur le lit de l’humanité ;
avant longtemps l’histoire
aura tendu une embuscade
à tout ce qui ressemble à Dieu.