Où en est-on en 2003 avec le problème des armes nucléaires déployées sur le territoire belge ?
Pierre Piérart 1er novembre 2003 Depuis des années, et 13 ans après la fin de la guerre froide, les associations pacifistes se battent toujours courageusement pour débarrasser la base limbourgeoise de Kleine Brogel de ses bombes nucléaires B-61. Le résultat est quasi nul, le gouvernement se retranche derrière des accords avec l'OTAN pour justifier le déploiement d'armes nucléaires sur le territoire alors qu'il devrait respecter l'article II du TNP et renvoyer les bombes B-61 aux Etats-Unis. Certains juristes au service du gouvernement et de l'Alliance ont décidé une fois pour toutes qu'il n'y avait pas de transfert (prohibé par l'article II du TNP) d'armes nucléaires, mais simplement stationnement de bombes B-61 américaines sur le territoire belge. Cette position ne résiste pas à l'analyse de la situation qui montre clairement qu'il y a partage de l'arme nucléaire puisque la Belgique participe aux travaux du groupe de planification nucléaire de l'Alliance en mettant à la disposition de l'OTAN la base de Kleine Brogel avec personnel militaire et civil pour le gardiennage et les missions nucléaires sur avions F-16 spécialement équipés. En bref la Belgique n'est pas propriétaire des B-61 mais en a l'usufruit. Les Etats-Unis et l'OTAN prétendent en outre que ce déploiement est justifié car le TNP ne l'interdit pas spécifiquement. Cet argument souvent défendu par les Etats occidentaux n'est pas valable face aux droit international, car il est comparable à celui d'un criminel qui justifierait son meurtre commis avec un couteau de boucherie parce que la loi ne prévoit pas ce type d'arme blanche dans son énoncé (George Farebrother). Forum voor Vredesactie a décidé d'arrêter les manifestations à Kleine Brogel et de changer son fusil d'épaule en visant le SHAPE le 25 octobre 2003. Le but de l'inspection du Centre névralgique du commandement suprême de l'OTAN est toujours le même : l’élimination des armes nucléaires de Kleine Brogel. L’organisation flamande ne fournit aucune explication sur ce changement d’attitude, si ce n’est qu’elle avait décidé en 2002 que ce serait le dernier avertissement au gouvernement (avant de prendre d’autres dispositions) pour le forcer à ouvrir un débat public sur la question. Les nouvelles dispositions sont donc une visite au SHAPE (pourquoi pas à l’OTAN situé à Bruxelles ?) sans aucune explication ni plan d’action au niveau national et européen où quatre pays sont impliqués, plus la Turquie. Le gouvernement belge seul, même avec un Ministre des Affaires étrangères hyperadrénalisé, ne pourra pas exiger le départ des armes nucléaires du territoire belge, le Premier ministre et les lobbies qui gravitent autour des partis auraient vite fait de lui faire réintégrer les rangs d’une diplomatie feutrée. Le CSO se doit de prendre position et d’examiner les possibilités d’une action mieux synchronisée entre les différentes associations intéressées, et principalement Abolition 2000. Une campagne auprès des eurodéputés allemands, belges, italiens, hollandais devrait permettre d’atteindre des personnalités politiques susceptibles de contraindre les quatre pays à agir de façon synchronisée et certainement plus efficace (l’union fait la force). Ce type de démarche est d’ailleurs proposé à l’article VII du TNP qui invite plusieurs pays à créer des zones dénucléarisées. Pierre Piérart (30.8.2003)
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