NE PAS OUBLIER HIROSHIMA
« Une autre initiative pourrait être prise par les 5 pays de l’OTAN
qui hébergent gracieusement les bombes nucléaires à gravité
américaines B-61. Ces pays, l’Allemagne, la Belgique, l’Italie, les Pays-Bas
et la Turquie seraient en infraction vis-à-vis de l’article II du TNP
qui interdit à un pays non détenteur d’armes nucléaires
d’accepter sur son territoire de telles armes. Ce point de vue est contesté
par certains juristes officiels qui considèrent qu’il n’y a pas de cession,
mais tout simplement "stationnement", même si les propriétaires
des lieux participent activement, sur des avions à double capacité,
aux missions programmées pour une dissuasion nucléaire de riposte
graduée. En temps de guerre, ces cinq pays deviendraient des puissances
nucléaires de facto. Ces membres très zélés de l’OTAN
sont coupables, du moins en esprit si pas à la lettre, de violation de
l’article II du TNP auquel quatre d’entre eux ont adhéré en 1975
et la Turquie en 1980.
Ces membres de l’OTAN peuvent refuser toute participation aux missions nucléaires
pour raison d’ordre moral, de sécurité et de respect du droit
international. Ces pays devraient non seulement réclamer le retour des
150 bombes B-61 aux Etats-Unis mais également la destruction des 214
bunkers souterrains des bases de l’OTAN. Ces abris permettent à l’Alliance
des transferts d’une base à l’autre, comme cela a dû se passer
lors du retrait, en 2001, des bombes de la base grecque d’Araxos. Une délocalisation
de ces bombes vers les nouveaux membres de l’OTAN, bien que non prévue
aujourd’hui, serait, en cas de prétendue nécessité, considérée
comme un véritable casus belli pour la Russie et donnerait raison à
George Kennan qui considérait l’extension de l’Alliance comme la pire
erreur que les Américains ont faite avec ce pays depuis 50 ans.
Indépendamment des subtilités juridiques concernant l’interprétation
de l’article II du TNP et à l’instar de certains membres comme la Norvège
et le Danemark, les cinq pays complices de la prolifération nucléaire
en Europe ont parfaitement le droit d’exiger collectivement le retour à
l’expéditeur des 150 bombes B-61. La présence de celles-ci dépend
entièrement de la complaisance des gouvernements soumis à la pression
de Washington qui contrôle le groupe de planification nucléaire
de l’OTAN où siègent nos ministres responsables ».
Pierre Piérart, extrait d’un article publié dans
La Libre Belgique du 6.8.2003