L’Otan, les F-35 et la neutralité suisse
Nicolas Bárdos-Féltoronyi 1er octobre 2020 Le 27 septembre 2020, la Suisse a organisé un référendum sur la question de l’opportunité d’acquérir par le pays de nouveaux chasseurs-bombardiers. Comme en Belgique, les F 35 sont dans la liste des candidats à l’achat. (voir ci-après l’article publié par Neue Zürcher Zeitung le 2.9.2020) 51,14 % des électeurs ont répondu affirmativement, avec un taux de participation considéré comme élevé. A la vue de ce résultat maigrichon, la presse suisse constate une “division de la population » en deux et considère qu’il faut encore approfondir la question. Il semble donc que, pour le moment, l’acquisition de ces avions n’est pas à l’ordre du jour. Il est intéressant de constater que, pendant les discussions qui avaient préparé le referendum, les coût directs et surtout indirects énormes ont fait l’objet de débats animés. Chez nous, la population belge n’a même pas eu l’occasion de débattre à propos de l’achat des avions bombardiers. Le parlement belge a voté presque clandestinement pour les F-35 en pleine crise sanitaire, et une très faible majorité de députés s’est prononcée en faveur des F-35. Peut-être n’est-il pas encore trop tard de revendiquer les deux ! Pourtant, dans les circonstances actuelles (la pandémie et le ralentissement économique catastrophique), l’économie réalisée par le renoncement à cette acquisition pourrait avantageusement contribuer à l’équilibrage budgétaire. On peut craindre que le gouvernement centre-droite qui vient d’être installé ne touchera pas au contrat d’achat de ces avions déjà signé par le gouvernement Michel alors que cette somme énorme permettrait d’aider au redressement de l’emploi, du système de santé, de la Sécurité sociale, de l’enseignement, de la culture ou de l’infrastructure socio-économique. Le modèle d'avion de chasse en un coup d'œil La Suisse votera le 27 septembre sur l'acquisition de nouveaux avions de combat. Le Conseil fédéral veut y consacrer six milliards de francs suisses (env. 5,7 milliards €) du budget ordinaire. Le groupe pour une Suisse sans armée (GSoA) et le SP ont appelé au référendum. Parallèlement au processus politique, l'autorité chargée des achats évalue quatre types d'avions de combat modernes. Ceux-ci incluent deux modèles américains et deux modèles européens. Le F.35 du constructeur américain Lockheed-Martin appartient à la dernière génération d'avions de combat, il peut voler sans être détecté par certains radars. Le Boeing «Super Hornet», un développement ultérieur du F / A-18, vient également des États-Unis. La société française Dassault propose le chasseur Rafale. L'Eurofighter "Typhoon" d'Airbus est un projet de partenariat européen. Il est proposé à la Suisse par l'Allemagne. La décision de type ne sera prise qu'après le référendum du 27 septembre. Le Conseil fédéral souhaitait à l'origine voter le renouvellement de l'ensemble des fonds de défense aérienne sous le titre «Air 2030»: la première version de la décision de planification prévoyait un total de 8 milliards de francs suisses à réserver aux nouveaux avions de combat et à la défense aérienne au sol (Bodluv). Le Parlement a finalement délié le paquet. Dans la décision de planification, il a réservé 6 milliards pour l'avion de combat. Il a également confirmé l'intention du Conseil fédéral d'exiger seulement 60% des opérations de compensation des fournisseurs étrangers. Le fabricant qui l’emporte , doit compenser cette part par des commandes aux entreprises suisses. Le Conseil des États voulait à l'origine des compensations à 100%. Ce pourcentage fut exigé par une lettre des gouvernements cantonaux de Suisse romande. Le Groupe pour une Suisse sans armée (GSoA) a organisé le référendum avec le PS, les Verts et d'autres organisateurs. Malgré le corona-virus, les opposants à l'avion de combat ont recueilli 90 000 signatures, dont seulement environ 65 800 ont été authentifiées. De cette façon, ils ont obtenu la votation du 27 septembre à propos du nouvel avion de combat. ***** Relations de l’Otan avec la Suisse L’OTAN et la Suisse collaborent activement dans plusieurs domaines importants, notamment la mise en place et la maintenance des capacités devant permettre aux forces armées suisses de travailler avec celles des pays de l'OTAN et celles d'autres pays partenaires dans le cadre d'opérations multinationales de soutien de la paix. Autres textes de Nicolas Bárdos-Féltoronyi sur le site du CSO |