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L'OTAN, machine de guerre américaine Pierre Piérart et René Meunier 1 mai 2003 Pierre Harmel, ministre social-chrétien des Affaires étrangères,
signa en juillet 1971 un accord secret avec les Etats-Unis dans le cadre de
l'Otan. Il concernait la participation belge à une guerre défensive
par solidarité et autorisait par conséquent le transit de troupes
et de matériel militaires américains sur le territoire national.
Mais pas dans n'importe quelles conditions. Il fallait qu'un des pays soit attaqué.
Cet accord n'a pas été ratifié à l'époque
(de la guerre froide). Forcément d'ailleurs, puisqu'il était secret.
Mais, secret ou non, il était subordonné au respect de la Charte
des Nations Unies. Et celle-ci ne prévoit que deux hypothèses
: soit un pays membre est agressé, soit le Conseil de sécurité
donne son accord à l'agression armée. L'Irak n'a pas agressé
militairement les USA et le Conseil de sécurité s'est encore moins
prononcé en faveur d'une agression contre l'Irak.
En promettant de s'opposer au transit illicite des moyens militaires américains
à destination de l'Iraq, messieurs Louis Michel et André Flahaut
osaient braver la toute-puissante et belliqueuse Amérique du Nord. Le
suspense ne dura pas très longtemps. Le Premier Verhoofstadt fit en effet
comprendre à nos deux contestataires qu'ils devaient marcher dans les
voies du Seigneur, nord-américain en l'occurrence. Avait-il entendu des
voix en provenance de Washington ? Peu importe.
En allié servile, notre gouvernement a permis le passage de 170 trains
de matériel, 60 colonnes de véhicules et 10.000 militaires. Une
fois remis dans le droit chemin, la queue entre les jambes, les ministres chargés
de la politique étrangère et de la défense se sont inclinés,
en larbins fidèles, devant les décisions de l'administration Bush.
On a même vu applaudir un groupuscule, fort clairsemé il est vrai,
d'admirateurs extatiques de la politique belliciste américaine.
Vu le contexte électoral, les nombreux opposants à la folie guerrière
ne doivent pas se faire trop d'illusions à propos des engagements pris
par les ministres des Affaires étrangères et de la Défense,
de revoir les fameux accords de juillet 1971. Comment un débat sur la
question pourrait-il avoir lieu alors que le secret "défense"
est invoqué ? La notion de défense a une fois de plus bon dos.
Trouvera-t-on un parti pour se lancer dans une telle démarche ? Quelle
en sera l'issue ?
Face à de tels accords secrets, le CSO se doit de prendre le taureau
par les cornes et continuera à interpeller vigoureusement les partis
et le futur gouvernement sur la présence de bombes atomiques à
Kleine Brogel, totalement illicite (comme les substances du même nom)
depuis l'entrée en vigueur du Traité de non-prolifération
(TNP), lequel date de 1970. Les stratèges otanesques et les (ir)responsables
belges dédaignent impunément les interdictions des articles I
et II dudit TNP, qui visent formellement entreposage et gardiennage d'armes
nucléaires sur le territoire belge.
Ces articles interdisent a fortiori les missions nucléaires sur avions
F-16 du 10ème wing tactique de la base limbourgeoise. Le prochain gouvernement
sera donc tenu d'exiger le retrait de ces armes de destruction massive. Cette
attitude ne nécessite pas la moindre négociation, et encore moins
des palabres juridiques sans fin sur la subtilités des termes utilisés
dans le traité.
Autre argument, et de taille : le traité de Washington (qui a institué
l'Otan en 1949) n'oblige pas les pays membres à détenir des armes
nucléaires.
Nos ministres devront également faire ratifier en 2004 l'entrée
dans l'Alliance de 7 nouveaux membres (Lituanie, Lettonie, Estonie, Bulgarie,
Roumanie, Slovaquie et Slovénie). Plusieurs d'entre eux sont en outre
prêts à rejoindre le groupe des ultra-atlantistes en se soumettant
à toutes les exigences de l'Organisation patronnée par Washington.
Sans aucun doute, la très grande majorité de nos parlementaires
voteront encore une fois, à la sauvette et sans débat digne de
ce nom, en faveur de ce deuxième élargissement, expansion en fait,
à la frontière de la Russie. On peut en prévoir les conséquences
: surarmement, manuvres militaires, délocalisation d'armes nucléaires.
Compte tenu des circonstances de l'après-guerre froide, l'OTAN aurait
dû se mettre au service de l'OSCE (organisation pour la sécurité
et la coopération en Europe) au lieu de pratiquer une politique de plus
en plus agressive et envahissante (!). Le septuor a été à
peine accepté lors du sommet de Prague que l'Alliance se prépare
déjà à accueillir l'Albanie, la Croatie et la Macédoine,
sans oublier les dizaines de participants européens et asiatiques au
Partenariat pour la paix (créé dans le cadre du Conseil de coopération
nord-atlantique), futurs laquais de Washington.
Le mouvement d'opposition à la guerre en Irak repose sur une très
large base populaire aux niveaux national et mondial. Il a rassemblé
cent millions de manifestants en quelques semaines. D'autres guerres se préparent.
Les programmes d'armement, nucléaire ou conventionnel, prévus
jusqu'en 2020 en constituent la preuve. Mais la révolte gronde contre
les gouvernements va-t-en-guerre.
Pierre Piérart et René Meunier
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