La manifestation pour la paix en Ukraine du 26 février a été marquée par la présence de nombreux participants, beaucoup en dehors de toute organisation, qui dénonçaient le rôle fondamental de l’OTAN dans l’éclatement et l’alimentation de ce conflit, et réclamaient l’arrêt de la course démente vers la guerre mondiale dans laquelle nous pousse l’Alliance Atlantique.
Pour certains, pas de doute : la manif a été « infiltrée par des militants pro-russes » ! C’est ce qu’affirme la Libre Belgique (éditions des 2,10,17/4/2023), qui pointe nommément... le Comité de Surveillance Otan, accusé d’avoir défilé « avec des slogans pro-Poutine » !
A l'appui de ces accusations sont cités des propos à l'emporte-pièce et des déclarations tronquées de responsables de quelques associations. Nous avons fait parvenir un « droit de réponse » à La Libre, qui ne l'a pas encore publié.
Cette chasse aux sorcières est loin de toucher le seul CSO et la seule Belgique. Dans tous les pays de l'OTAN, de tels actes sont en cours, accompagnés d'un bellicisme effréné, d'une russophobie délirante et d'une censure grandissante.
Face à une telle situation, nous tenons à réaffirmer que le CSO a pour vocation de dénoncer le rôle nocif de l'OTAN pour la paix mondiale. Le CSO considère que la guerre en Ukraine est en fait une guerre OTAN contre la Russie, et qu’elle est en cours depuis (au moins) 2014, année de la répression sanglante de l’insurrection du Donbass par le régime issu du coup d’Etat de Maidan. Depuis lors, ces forces sont intensivement entraînées et armées par l’Alliance Atlantique. Et nous rappelons que plusieurs leaders occidentaux ont admis que les accords de règlement du conflit au Donbass conclus avec Moscou (« Accords de Minsk ») n'étaient qu'un écran de fumée pour permettre le renforcement militaire du régime de Kiev.
Rappeler cela, rappeler que l'Occident a violé sa promesse à Gorbatchev de ne pas s'étendre vers l'Est et qu'il a ri au nez des dirigeants russes qui demandaient une perspective collective de la sécurité internationale, ne fait nullement de nous des partisans ou des alliés du gouvernement dirigé par Vladimir Poutine. En sommes-nous déjà revenus aux procès MacCarthystes ?
Nous déplorons profondément que certains de nos camarades au sein du mouvement de la paix belge semblent être aspirés par ce manichéisme, au point de faire maintenant de l’Otan un sujet tabou, et d’en appeler à l’exclusion du CSO.
La guerre est un désastre, et nous ne nions nullement les souffrances indicibles pour les peuples et les crimes qui l’accompagnent inexorablement. Mais le refus d’en discuter rationnellement les causes et le contexte, le fait de ne pas oser même nommer l’acteur principal, ne peuvent que conduire à plus de guerre, à plus de souffrances encore. Le mouvement de la paix ne doit pas à nouveau capituler face au rouleau compresseur de la propagande de guerre.
Le CSO continuera à être une composante indispensable de ce mouvement de la paix en Belgique, dont il a contribué à faire évoluer la réflexion sur le rôle de l'OTAN ces dernières années. Il continuera à dénoncer la responsabilité fondamentale de l'OTAN dans la guerre en Ukraine. Il continuera à réclamer l'arrêt des livraisons d'armes au gouvernement de Kiev et à plaider pour une résolution négociée du conflit, tenant compte des préoccupations sécuritaires de toutes les parties. Il continuera à alerter sur les risques de dérapage nucléaire que fait courir cette sinistre escalade.
Et, au-delà, il continuera à réclamer la dissolution de tous les blocs militaires, en particulier le plus important de l'histoire et par ailleurs basé en Belgique : l'OTAN