Alerte OTAN n°89 - 4e trimestre 2023

Edito :
Le soutien inconditionnel à Israël met à nu l’hypocrisie de la condamnation de la Russie

Depuis l’an passé, les responsables européens et états-uniens ont rivalisé de postures morales et d'expression de la plus extrême horreur et indignation face aux "crimes abjects commis par l’armée russe sur les populations civiles".

Aujourd'hui ce sont les mêmes qui soutiennent sans ciller le massacre qui se déroule sous nos yeux en Palestine. La même Ursula von der Layen qui dénonçait les "actes de pure terreur" lorsque Moscou était accusé de bombarder des infrastructures électriques reste sans voix face au crime de guerre que constitue le fait d'imposer un blocus total sur l'eau, la nourriture, les médicaments, la fourniture électrique à tout un peuple. Au contraire, elle tient à souligner que L'Union européenne se tient "solidaire d'Israël et de son peuple", et croit bon de préciser qu'elle sait que "la manière dont Israël répond montrera que c'est une démocratie."! Oui, ça se voit.

Les plus enthousiastes partisans de la fourniture militaire à l'Ukraine ont tous tenus à assurer Israël de leur inconditionnel soutien. Telle la cheffe de la diplomatie allemande Annalena Baerbock,  qui, loin de s'émouvoir des bombardements de l'armée israélienne sur immeubles, écoles des Nations-Unies,  hôpitaux..., en fait porter toute la responsabilité sur le Hamas qui  "prend en otage toute la population de Gaza". Olaf Scholz n’a lui "aucun doute? sur le fait qu’Israël respectera le droit humanitaire"... 

En 1999, l'OTAN était intervenue au Kosovo, et en soutien d'une organisation (l'UÇK)  qui figurait jusqu'à l'année précédente dans la liste des "organisations terroristes" du Département d'Etat, pour prétendument sauver la majorité albanaise d'un génocide. Le nombre total des victimes sera finalement estimé à onze mille morts, toutes ethnies confondues. Après un mois du massacre unilatéral que les médias continuent d'appeler "guerre Israël-Hamas", le nombre de victimes palestiniennes dépassait les 10.000 morts,- dont plus de 4.000 enfants. Mais ici, l'OTAN  réaffirme son soutien absolu à Israël. Après tout, comme le déclarait en 2007 Tzipi Livni alors ministre des Affaires Etrangères d'Israël, "en partageant les mêmes valeurs de démocratie et de liberté, face aux mêmes menaces et à la volonté de défendre notre mode de vie commun, l'OTAN et Israël sont des partenaires naturels et les alliés stratégiques. La Civilisation Occidentale et la communauté atlantique, que défend l'OTAN, sont l'habitat naturel d'Israël".  Au regard de la barbarie en cours à Gaza, on a quelques inquiétudes sur ce que "Civilisation Occidentale" recouvre exactement. 

Nos régimes prétendent sanctionner la Russie pour non-respect du Droit International, et dans le même temps soutiennent sans réserve un régime d'apartheid qui viole ouvertement des dizaines de résolutions des Nations Unies depuis plus de 70 ans. Que valent réellement nos condamnations et nos postures morales ? Du haut de quels ‘principes’ moraux ou juridiques les pays de l’OTAN sont-ils maintenant autorisés à s’exprimer sur la Russie et l'Ukraine ?

Tout cela est d'une hypocrisie écœurante.

Afin d'obtenir la poursuite du soutien financier au régime ukrainien le président étatsunien Joe Biden a lui-même relié ceux qu'il a nommé "partenaires essentiels des États-Unis", Ukraine et Israël - révélant du même coup l'enjeu réel de la guerre OTAN-Ukraine: "Il est vital pour la sécurité nationale de l’Amérique de veiller à la réussite d’Israël et de l’Ukraine.(...) Le leadership américain est ce qui maintient la cohésion du monde. Les alliances américaines sont ce qui nous maintient, nous Américains, en sécurité"

Foin donc du combat entre le Bien et le Mal, "de la lumière contre les ténèbres" comme diraient à l'unisson Netanyahou et De Wever, de la défense de la Liberté et de la Démocratie, du respect du Droit International, de la Charte des Nations Unies, et de tout ce genre de choses. L'hypocrisie flagrante de l'Occident fait éclater ses prétentions humanistes: il ne s'agit que de leadership des États-Unis, d'impérialisme et d'hégémonie de l'OTAN sur le monde.

La pollution de l’activité militaire. Un fantôme à dévoiler

La CNAPD vient de publier une nouvelle brochure, et une conférence de présentation sera organisée le 5 décembre à Bruxelles: Informations sur le site www.cnapd.be.

Pétition
Pour une action en justice contre les livraisons d’armes belges à l’Ukraine

Plus de 8 mois après le début de l’opération militaire russe en Ukraine, aucune perspective de fin du conflit n’est en vue.

En cause, notamment, la volonté des autorités ukrainiennes de ne pas négocier tant qu’elles n’auront pas remporté des succès militaires significatifs sur le terrain.

Pour y arriver, Kiev compte essentiellement sur les livraisons d’armes occidentales qui ont pour but, de l’aveu même des plus hautes autorités des États-Unis et de l’Union européenne (UE), de contribuer à une victoire ukrainienne et à un affaiblissement durable de la Russie.

Ces livraisons ont été principalement réalisées par les États-Unis, mais également par la plupart des États de l’OTAN et de l’UE, dont la Belgique. Le gouvernement fédéral belge a notamment livré des fusils d’assaut, des mitrailleuses et des lance-roquettes, pour un montant estimé officiellement à plus de 50 millions d’euros.

Bien que ce montant ne représente qu’une infime partie des dizaines de milliards de dollars d’armement envoyé à l’Ukraine ces derniers mois, ces livraisons – qui devraient se poursuivre au cours des prochains mois – n’en demeurent pas moins illégales au regard du droit belge et européen.

En effet, la loi belge du 26 mars 2003 soumet les autorisations d’exportation d’armes à huit critères, transposés à partir d’un “code de conduite” adopté par l’UE en 1998 et devenu contraignant pour les tous les États de l’UE quand il a été transformé en “position commune” en 2008. Parmi ces critères, au moins quatre mettent en cause la légalité des livraisons d’armes à l’Ukraine. Il s’agit des critères 2 (risque de violation des droits de l’homme), 3 (risque de prolongation d’un conflit armé), 4 (risque d’atteinte à la paix, la sécurité et la stabilité régionales) et 7 (risque de détournement des armes exportées “dans des conditions non souhaitées”).

La rapidité avec laquelle le gouvernement belge a décidé d’exporter des armes à l’Ukraine montre que ces risques n’ont pas été évalués. De plus, le déroulement du conflit, les cris d’alarme d’organisations internationales comme Interpol et les déclarations des dirigeants occidentaux et ukrainiens indiquent que ces exportations ont contribué à la matérialisation des risques mentionnés plus haut.

Les soussignés sont convaincus que le retour rapide à la paix en Europe est dans l’intérêt de tous les habitants de la planète et que les livraisons d’armes aux parties en conflit ne servent qu’à jeter de l’huile sur le feu. Ils notent que plusieurs associations belges francophones ont récemment porté plainte contre la Région wallonne pour ses exportations d’armes à l’Arabie saoudite, des armes utilisées contre des civils au Yémen. Ils se déclarent en faveur d’une action en justice similaire contre l’Etat belge afin qu’il cesse ses livraisons d’armes à l’Ukraine et respecte sa propre législation.

Lettre ouverte du Comité de Surveillance Otan au Mouvement de Paix

 « La sécurité est indivisibleIl n'y a pas de sécurité pour nous si nous ignorons celle de celui d'en face. Et un pacifisme ne dénonçant que le militarisme du camp d'en face ne sert qu'à renforcer les va-t-en-guerre de notre propre camp. »

Pourquoi ont-ils tué Jaurès ?

Le dirigeant socialiste français Jean Jaurès a été assassiné en 1914 parce qu'il s'opposait à l'entrée de la France dans la grande boucherie connue dans l'histoire comme la Première Guerre mondiale. Il a été assassiné, non parce qu'il était « pour la paix », mais parce qu'il s'opposait au militarisme de son propre camp.

Plus de cent ans plus tard, les dirigeants et médias occidentaux dépeignent – presque unanimement – la Russie et le président Poutine comme des ennemis implacables à abattre.

Le Comité de surveillance OTAN (CSO) déplore l'intervention militaire russe en Ukraine, en violation des principes de base du droit international et le cortège de victimes civiles et militaires dans les deux camps. Mais cette intervention russe ne peut être comprise qu'en se rappelant son contexte et ses causes fondamentales.

En particulier le fait que cette guerre a commencé, non en février 2022, mais en 2014, lorsque le gouvernement ukrainien légalement élu a été renversé par la force, avec le soutien ouvert des États-Unis et de plusieurs États membres de l'Union européenne, et avec l’aide de groupes armés néo-nazis.

Les populations de l’Est ukrainien qui ont rejeté les autorités issues de ce coup ont reçu en retour des bombes et les assauts de ces milices : selon les Nations Unies, il y a eu plus de 13.000 morts et plus d’un million de réfugiés, fuyant les bombes en Russie – dans la plus parfaite indifférence de nos médias.

Au-delà de cette guerre, le camp occidental n’a eu de cesse, depuis la fin de la guerre froide, que d’alimenter les tensions avec la Russie, notamment en étendant à n'en plus finir l'OTAN, qui est passée de 9 membres (en 1949) à 30 actuellement et stationne des troupes et des armements aux frontières russes. Ceci a été accompli en dépit des promesses en sens contraire faites à Gorbatchev et aux derniers dirigeants soviétiques.

Il y a soixante ans, le monde a été au bord d'une guerre nucléaire quand l'URSS a installé des missiles à Cuba, à une bonne centaine de kilomètres des côtes des États-Unis. L'URSS a cédé et retiré ses missiles. Mais que dirait Washington si la Russie réinstallait des missiles à Cuba ou dans un autre pays voisin de l'Oncle Sam ?

Nous ne pouvons oublier les opérations militaires, comme celles contre la Yougoslavie (1999), l’Irak (2003) ou la Libye (2011), la Syrie, menées par l’OTAN et les États-Unis. Ces opérations ont plongé des régions entières dans l’instabilité et la terreur, dont elles subissent encore aujourd’hui les conséquences. Aucune sanction n’a été prise contre les Etats et les dirigeants à la base de ces agressions, qui ont causé et causent toujours mort et désolation pour des millions d’êtres humains.

Par ailleurs, les États-Unis ont révoqué la plupart des accords de contrôle des armements conclus avec l'URSS ou la Russie (ABM, INF, Open Skies...). Ils ont continué à prendre à leur compte près de la moitié des dépenses militaires mondiales (767 milliards de dollars en 2020 contre 67 milliards pour la Russie) et ont mené des guerres dévastatrices dans plusieurs pays d'Europe, d'Asie et d'Afrique.

De leur côté, les alliés européens des États-Unis n'ont que rarement émis des objections aux agressions de Washington et s'y sont souvent associés avec enthousiasme. L'Union européenne devient un supplétif de l'OTAN. Sa « Facilité européenne pour la paix » finance pour plusieurs centaines de millions d'euros d'armements destinés à l'armée ukrainienne, y compris des groupes paramilitaires professant ouvertement une idéologie qu’on croyait révolue, de races supérieures et d’Untermenschen. L’Occident est en train de répéter la même folie que lorsqu’il fournissait sans compter les armes aux islamistes afghans dans les années 1980.

En plus de jeter de l’huile sur le feu, les livraisons d’armes auxquelles ont participé la Belgique et plusieurs États membres de l'UE à un pays en guerre sont totalement illégales. Une « position commune » européenne, transcrite dans les législations nationales, interdit strictement les exportations d'armes vers les pays en guerre.

Alors que le gouvernement allemand a décidé une augmentation vertigineuse de ses dépenses militaires et a déjà débloqué 100 milliards d'euros pour « moderniser » son armée, cette guerre préfigure d'une augmentation encore plus forte que prévu de ces dépenses aussi en Belgique. Au détriment des soins de santé, de l'enseignement, de la culture et des allocations sociales. Cumulé à la multiplication du prix de l'énergie, conséquence directe des sanctions contre la Russie, le pouvoir d'achat va s'effondrer et la pauvreté s'étendre encore plus.

Nous dénonçons enfin la censure qui nous envahit. Les médias russes ont été bannis du net et des ondes, nous laissant à la merci de la seule propagande du camp des « gentils ». Les voix dissidentes sont traitées d'« agents de Poutine ». Le service public, la RTBF, vient même, en raison des « circonstances », de déprogrammer une émission consacrée au mouvement pacifiste des années 1980 en Grande-Bretagne.

Alors que la guerre en Ukraine pourrait s'intensifier, voire s'étendre, le CSO prône une réelle désescalade. Si la première des urgences est un cessez-le-feu, un règlement global devrait tenir compte des préoccupations sécuritaires de Moscou. Toute nouvelle extension de l'OTAN devrait être clairement abandonnée.

La sécurité est indivisible. Il n'y a pas de sécurité pour nous si nous ignorons celle de celui d'en face. Et un pacifisme ne dénonçant que le militarisme du camp d'en face ne sert qu'à renforcer les va-t-en-guerre de notre propre camp.

Vive Jaurès, à bas la guerre !

Le Comité de Surveillance OTAN,
le 17 mars 2022

Communiqué du CSO,25 février 2022

Le Comité de Surveillance Otan participe à toutes les initiatives des mouvements de la paix  contre la guerre en Ukraine, pour un arrêt des combats, un retrait des troupes de part et d’autre, et un retour aux négociations de paix.

Nous soutenons pleinement les revendications portées par le rassemblement pour la paix organisé ce samedi 26 février tout en refusant de condamner unilatéralement l’intervention militaire actuelle de la Russie en Ukraine.

Cette guerre n’a pas en réalité éclaté aujourd’hui : elle a été préparée pas à pas, dès la dissolution de l’URSS, par l’expansion systématique  de l’Otan en direction de la Russie et  par son rejet arrogant de toutes les préoccupations légitimes de la Russie sur sa propre sécurité.

La transformation de l’Ukraine,  au moyen du coup d’état de 2014 et de terribles massacres ignorés par ici,  en un État dirigé contre la Russie et intégré de fait à l’Alliance Atlantique, a été un des derniers jalons vers la guerre d’aujourd’hui

Le mépris avec lequel l’Otan a rejeté les dernières propositions de la Russie - notamment celle de faire de l’Ukraine un pays neutre, dont la sécurité soit garantie internationalement et non occupée par un bloc militaire hostile - ce dernier mépris augurait directement des événements en cours.

Par une singulière ironie, la Russie utilise aujourd’hui exactement la même rhétorique que l’Otan a utilisé pour la destruction de la Yougoslavie : les dirigeants de l‘Otan, cette Alliance si pacifique, sont-ils en mesure d’en apprécier toute la signification ? Les 78 jours de bombardements de la Serbie sont-ils à ce point effacés de la mémoire ? L'effroi  et l'indignation manifestés face à la violation  du Droit International, où étaient-ils en 1999 ?

Nous déplorons cette désastreuse issue,  mais il ne faudrait pas, aujourd’hui,  se tromper sur les responsables fondamentaux de celle-ci.

Communiqué du CSO, 19.12.21

Non aux provocations de l’Otan à la frontière de l’Ukraine et la Russie !
Ne nous laissons pas entraîner dans la guerre !

Nous sommes loin de « l’état de mort cérébrale de l’Otan » ! A l’approche du sommet de l’Otan de 2022 destiné à renforcer les liens entre les 30 pays membres de l’Alliance et préparer un « nouveau concept stratégique » , nous sommes abreuvés d’informations stigmatisant la Russie, Poutine, ses sbires, accusés des pires actions ou intentions ; le renseignement américain (dont on connait la fiabilité) affirme à présent que la Russie prépare l’invasion imminente de l’Ukraine ; et les pays de l’Otan et l’Union Européenne rivalisent d’imprécations et de menaces contre la Russie, dénoncée unilatéralement comme l’agresseur.

Depuis l’effondrement du « bloc socialiste » au début des années 90, l’Union Soviétique a éclaté, le Pacte de Varsovie présenté jusque- là comme la raison d’être de l’Otan, a été dissous. Mais l’Alliance Atlantique, loin de se dissoudre suite à la disparition de la « menace soviétique », n’a cessé d’organiser l’encerclement de la Russie.

 Depuis les années 2000, les pays de l’Otan n’ont cessé de tenter d’amener l’Ukraine, la Géorgie et la Biélorussie dans la sphère d’influence occidentale, en portant au pouvoir des éléments hostiles à la Russie. En Ukraine, en 2014, l’UE et les Etats-Unis ont soutenu sans vergogne le renversement d’un président légitimement élu, par des groupes qui n’avaient de pacifique que la présentation qui en était faite dans nos médias, et qui comprenaient, au su et au vu des dirigeants occidentaux, des paramilitaires d’extrême droite, tel que « Pravy Sektor », ouvertement nazi, et le parti Svoboda, ex parti National Socialiste.

La glorieuse « révolution démocratique du Maïdan » se résume finalement à ceci : un mouvement armé a pris par la force le pouvoir et destitué un président démocratiquement élu, ce qui s’appelle en général un coup d’état ; l’Otan s’est empressée de reconnaître et de féliciter un gouvernement dans lequel des postes importants étaient occupés par des personnes ouvertement fascistes. Le désastre qui est survenu dans l’Est du pays russophone est la conséquence directe de ce coup et de cette grossière ingérence occidentale et non le résultat d’une « agression russe ».

Aujourd’hui, les troupes de l’Otan patrouillent dans les pays baltes ; les États-Unis et d’autres pays membres de l'Otan placent des navires de guerre en Mer Noire et font survoler la région par des bombardiers stratégiques à quelques kilomètres des frontières russes. L’Otan, qui cherche à affaiblir l’URSS, puis la Russie depuis 1949, fournit de l’équipement militaire et des armes offensives au régime ukrainien et lui fait miroiter un soutien indéfectible. Qui objectivement doit se sentir menacé ?

 « Nous avons peur ! » prétendait à la tribune des Nations Unies Paul-Henri Spaak pour justifier la création de l’Otan – cinq ans avant le Pacte de Varsovie. Qui, aujourd’hui est en droit d’avoir peur du déploiement militaire de plus en plus près de ses frontières ?

La Russie demande des garanties écrites que l’Otan ne progresse plus davantage vers ses frontières, en particulier que l’Ukraine ne rentre pas dans l’Alliance, que celle-ci n’y mène aucune activité militaire, et qu’elle ne déploie pas de systèmes d'armes offensifs dans les pays voisins.

Quelle que soit l’opinion que l’on a sur ses dirigeants ou sur son ‘régime’, on ne peut nier que ces demandes de la Russie sont pleinement légitimes. Il devrait être évident qu’aucun dirigeant russe ne pourrait accepter de laisser son pays de plus en plus acculé. Est-il même possible d’imaginer la situation symétrique, les Etats-Unis cernés progressivement par des forces armées hostiles ? L’Otan en traitant avec mépris les demandes russes, et en se répandant en déclarations arrogantes et menaçantes contre la Russie, attise déraisonnablement le danger de conflit.

Il est clair que l’Otan aurait dû se dissoudre, une fois sa raison d’être officielle disparue, au profit d’une politique de paix et de coopération, et au bénéfice de tous. Au contraire de cela, elle nous impose des dépenses militaires extravagantes, au détriment du développement de la société, et nous fait courir le risque de destruction totale.

Arrêtons cette escalade insensée ! La Belgique doit refuser de participer aux manœuvres militaires aux abords de la Russie, refuser cette politique d’agression continue, et militer pour ouvrir des négociations honnêtes et sérieuses avec la Russie.

Exigeons de notre gouvernement de rendre des comptes à la population sur la responsabilité belge dans cette odieuse guerre de 20 ans

Tous les gouvernements belges et tous les partis politiques de notre pays qui, depuis 20 ans ont soutenu la participation belge à la guerre en Afghanistan auront à rendre des comptes  devant la population de notre pays : voilà le débat public qui est nécessaire en Belgique, à la place de cette mascarade de discussion à La Chambre qui s’est tenue le 26 août dernier.

La Belgique est impliquée militairement dans cette guerre, au moins depuis 2003. C’est la date à laquelle l’Otan a fait main basse sur la FIAS, la « Force Internationale  d’Assistance à la Sécurité » force à l’origine conçue par l’ONU pour « sécuriser Kaboul et ses environs » - et non comme force supplétive d’une invasion et d’une occupation meurtrière.

En 2014, l’Otan se dispensait du paravent de l’ONU, et remplaçait d’autorité la FIAS par l’opération « Resolute Support », mission « d’assistance à la lutte anti-terroriste ». On peut aujourd’hui juger de sa remarquable efficacité.

La Belgique y envoyait des centaines de militaires belges pour « la formation » de l’armée afghane, ainsi que pour la charge de maintenance et de pilotage des avions de chasse F16 qui n’ont cessé de bombarder l’Afghanistan et de tuer des milliers de civils.

Pourtant comme l’avait révélé en 2019 le Washington Post, les responsables américains savaient pertinemment depuis longtemps que la guerre était impossible à gagner : « A quoi voulions nous aboutir ici ? Nous n'en avions pas la moindre idée » avouait dès 2015 le Gén. D.Lute, qui menait la guerre en Afghanistan sous les Bush et Obama. La Belgique était-elle au courant ?

Qu’est-ce qui empêchait le gouvernement belge de cesser sa collaboration à cette odieuse guerre de l’Otan qui a provoqué désastre après désastre et qui n’a rien « reconstruit » en Afghanistan depuis 20 ans ?

Certes, le retrait actuel des troupes d’occupation de l’Afghanistan met en évidence  l’impasse à laquelle conduit toute la politique de guerre et de militarisme à outrance qui est la raison d’être de l’Otan. Mais cela ne nous réjouit pas pour autant, si nous ne tirons pas clairement la conclusion que

la Belgique doit rompre avec l’Otan et stopper définitivement toute sa politique extérieure belliqueuse.

Voilà le débat public que nous devons mener, non seulement au Parlement, mais avant tout au sein des partis progressistes de notre pays et au sein des mouvements de paix.

22 janvier 2021 : Les armes nucléaires sont illégales !


Manifestation devant le Ministère des Affaires Etrangères, 22/01/21

Ce 22 janvier, le Traité d'interdiction des armes nucléaires (TIAN) entre en vigueur. Les armes nucléaires deviennent officiellement illégales en vertu du droit international, rejoignant enfin les armes chimiques et biologiques. Le Traité interdit d’utiliser, de menacer d’utiliser, de mettre au point, d’essayer, de produire, d’acquérir, de posséder, de stocker et de transférer des armes nucléaires.

 

"Nous profitons de la nouvelle phase dans laquelle les négociations pour la formation d’un Gouvernement fédéral sont entrées afin de porter à votre connaissance les revendications largement partagées dans la société civile belge concernant la procédure de remplacement des avions de combat F16 de l’armée belge.  C’est ainsi que, et confiantes dans le fait que la crise que nous traversons donne encore davantage de force à nos arguments, les associations soussignées se permettent de revenir vers vous pour rappeler notre volonté de voir le prochain gouvernement abandonner le contrat d’achat de 34 avions de combat F35 conclu par le gouvernement Michel en octobre 2018....."

Lire la suite 

75 ANS APRES LE BOMBARDEMENT ATOMIQUE DE HIROSHIMA ET NAGASAKI

Cette année, la commémoration du bombardement atomique d’Hiroshima et Nagasaki par les Etats-Unis en août 1945 sera particulièrement lourde de sens : nous ne sommes pas sortis de la crise  dans laquelle la pandémie mondiale du Covid.19 nous a plongés. Celle-ci a mis à nu les inégalités et les injustices sociales face à la maladie, elle a aussi mis en évidence que l’humanité a les moyens d’y faire face et de les surmonter en imposant l’arrêt des dépenses militaires folles et des guerres. Le virus de l’arme atomique est particulièrement dangereux et le risque de son utilisation par les « Docteurs Fol Amour » du monde actuel est très grand.

La commémoration au Parc Hibakusha de l’Université de Mons se réalisera en respectant les mesures de distanciation sociale et de sécurité  préconisées par les autorités sanitaires de notre pays et le rectorat de l’UMons. Ce sera la dernière sur le site actuel du Parc, au campus de la Plaine de Nimy de l’UMons.

Voici les informations définitives sur le déroulement de la journée

Quand ? le samedi 8 août 2020, entre 14 et 17 heures.

Où ?      à l’Université de Mons – Campus de la Plaine de Nimy – Mons
suivre la flèche sur poteau indicateur « Parc Hibakusha »

Au programme :

14h : accueil des participants au Parc Hibakusha

14h15 : dépôt de fleurs et minute de silence à la mémoire des victimes du nucléaire
Se munir d’un masque facial et respecter la distanciation sociale.

14h30 : réunion à la Salle Pascal, bâtiment des grands amphithéâtres

  • Lecture des messages  et informations sur les luttes contre l’armement nucléaire en Belgique
  • Présentation des projets de réaménagement du Parc Hibakusha : un an de travail des étudiants et professeur de la Faculté d’Architecture, 17 projets, un foisonnement d’idées et de propositions très intéressantes.
  • Constitution du Collectif Parc Hibakusha 2020 qui se chargera de mener le projet à terme

Plus d'informations sur le site du Parc Hibakusha www.parc-hibakusha.be

Carte-blanche de la plate-forme "Pas d'avion de chasse"

Tous les jours sur les coups de 20h00, nombreux sont celles et ceux qui ouvrent leur fenêtre et applaudissent, en communion, le personnel soignant qui se débat contre le coronavirus. Chacun sait le manque de masques, de tests, de respirateurs, de locaux, de lits, de personnel auquel le secteur doit faire face. Chacun sait que si les hôpitaux belges résistent encore, c’est au prix du confinement que nous devons vivre toutes et tous. Et que malgré ce confinement, la situation reste critique.  

Aujourd’hui, nous constatons ce qui doit être fait pour assurer notre sécurité et celle de la société. A travers cette crise sanitaire, nous expérimentons intensément l’importance capitale de services publics de qualité, et la nécessité d’en assurer la pérennité le plus longtemps et le plus énergiquement possible. 

Or, si les manques de masques ou de tests ont révélé les difficultés du secteur de la santé, cela fait plusieurs années que ce dernier dénonce les coupes budgétaires successives qu’il doit encaisser, au même titre que la plupart des autres services publics. Des coupes budgétaires qui résultent de choix politiques et qui ont abouti à la situation que l’on vit aujourd’hui. Des choix politiques qu’il faut donc dénoncer avec encore plus de vigueur.

C’est ainsi que dans sa déclaration de politique générale, le gouvernement de Charles Michel a annoncé une économie de pas moins de 3,8 milliards d’euros dans les soins de santé sur l’ensemble de la législature. Avec toujours le même argument seriné depuis la crise économique de 2008 : il faut se comporter « en bon père de famille », il ne faut pas « vivre au-dessus de nos moyens », tous les secteurs de l’Etat doivent « faire des efforts ». 

En 2017 pourtant, alors que la Ministre du budget Sophie Wilmès annonçait un budget pour la sécurité sociale ponctionné de près d’un milliard (902 millions) d’euros, le gouvernement dégageait 9,3 milliards d’euros pour l’achat de matériel pour l’armée belge : deux frégates, des chasseurs de mines, 450 véhicules blindés, des drones… et 34 avions de combat pour lesquels le gouvernement Michel a signé un contrat d’achat d’une valeur de plus de 4 milliards d’euros en octobre 2018. Sur la totalité de leur durée de vie, ces avions couteront 15 milliards aux contribuables belges… sans compter leur utilisation qui chiffre à 40.000 euros l’heure de vol. D’énormes investissements qui ne sont pas destinés à notre sécurité mais qui répondent à la pression de l’OTAN et des États-Unis pour augmenter à 2% du PIB, nos dépenses de défense.

Il est encore plus clair aujourd’hui que la priorité en octobre 2018 n’était pas d’engager la Belgique dans l’achat de 34 avions chasseurs-bombardiers. Les priorités étaient ailleurs, évidemment. 

Les finances publiques vont à nouveau, comme en 2008, être soumises à rude épreuve. Et il faudra se réinventer pour continuer à dégager des moyens pour permettre aux services publics de garantir pleinement leurs missions. Mais il est désormais évident que la Belgique n’avait pas, n’a pas et n’aura pas les moyens d’investir autant d’argent dans du matériel militaire dont, du reste, l’utilisation est extrêmement problématique.

Depuis le début du processus de remplacement des avions F16 de l’armée belge, les arguments se sont accumulés contre ce projet, contre la manière dont le processus s’est déroulé et contre le choix final. Si le gouvernement n’était passé en force en outrepassant le débat démocratique lors du « F16 gate » quand les abus de la procédure ont été révélés, l’ensemble du dossier aurait logiquement été transféré au gouvernement qui sortirait des élections de mai 2019. Tous ces arguments restent valides aujourd’hui mais s’effacent quoi qu’il arrive devant l’évidence qui saute désormais aux yeux de chacune et de chacun à la faveur de cette crise sanitaire : nous n’avons pas besoin de 34 avions chasseurs-bombardiers mais bien de l’argent que l’on aura épargné en abandonnant ces préparatifs de guerre. Nous demandons au gouvernement d'annuler le contrat et de réinvestir les fonds épargnés dans nos soins de santé publique!




Manlio Dinucci
Guerre nucléaire. Le jour d’avant

Hommage à Pierre Piérart
D'Hiroshima à Sarajevo


Parution du livre de VREDE sur l'Otan


Daniele Ganser
"Les Armées Secrètes de l'Otan"
Ed. Demi-Lune, 2007