En quoi consiste « l’économie de guerre » ?
Claudine Pôlet
26 août 2024

Tous les Etats membres de l’OTAN  sont sommés de pousser leurs sociétés vers « l’économie de guerre ». L’ennemi « systémique » à abattre en premier lieu, étant la Russie. Nous ne sommes certes pas des « experts » au CSO, mais des citoyens qui refusent d’être entraînés dans les guerres de l’OTAN et qui ont conscience que c’est notre population qui paiera les factures. Dans cette rubrique nous essayerons aussi de mesurer les conséquences de la politique des va-t-en-guerre de nos gouvernements.

EN BELGIQUE

« Si vis pacem para bellum » : En Belgique, l’amiral Hofman, chef de la Défense aujourd’hui à la retraite, avait lancé le mot d’ordre. Dans une  interview parue en juin dans la Revue Militaire, il « souligne les risques majeurs qui menacent notre sécurité et les défis de taille que nous devons affronter. Il met en avant une ligne directrice claire et préconise un certain nombre de mesures à prendre à court et moyen terme pour adapter les plans et renforcer nos capacités en vue de rendre notre défense plus robuste et plus résiliente. La culture de la résilience dépasse de loin la seule Défense : elle concerne l’ensemble de la société et implique une responsabilité à tous les niveaux de pouvoir. »1

En août l’agence Belga annonçait que la Défense allait débourser au moins 11 milliards d’euros d’ici 2030 pour l’achat de nouveaux équipements. Notamment 900 millions pour le « rétablissement d’une défense antiaérienne » avec l’acquisition de systèmes de missiles sol-air, et  une douzaine d’hélicoptères de tout type à 800 millions. Ces 11 milliards d’investissements regroupent les engagements du gouvernement De Croo (« plan Star » approuvé début 2022) et les ardoises du gouvernement Michel - en particulier des avions de combat F-35, des nouveaux véhicules blindés Griffon et Jaguar et des navires de guerre de nouvelle génération.2

Mais ça ne suffit pas aux yeux de l’OTAN : l’Organisation « menace » la Belgique de délocaliser son agence d’information et de communication basée à Mons pour « punir » notre pays de ne pas investir suffisamment de son budget dans la défense, et de ne pas consacrer 2% de son PIB à l’armée ! A la clef :  un millier d’emplois qui seraient menacés. La nouvelle majorité pourrait être davantage encline à se plier à ce chantage.

« Le siège de l'OTAN est à Bruxelles, en Belgique, et Mons est en Belgique. Beaucoup de pays lorgnent sur ces implantations et d'autres pays qui, notamment, eux, répondent à l'obligation des 2% et à l'engagement des 2%. Donc je pense qu'à partir du moment où on se veut crédibles et partenaires, il faut répondre à ces engagements », estime le responsable du Syndicat Libre de la Fonction Publique-Défense.3

Certes, on est encore loin de la Pologne qui se prépare à porter son budget pour les dépenses militaires à 5% de son PIB en 2025....

EN FRANCE  

La revue ESPRIT DEFENSE, éditée par le Ministère des Armées, affirmait il y a quelques mois:

« Economie de guerre : produire plus et plus vite, le défi !

Remettre la capacité à produire au cœur de nos préoccupations : face au conflit lancé par la Russie en Ukraine, l’industrie de défense française est entrée depuis plusieurs mois en ‘économie de guerre’. L’objectif : être capable d’assurer un effort dans la durée en cas de nécessité pour nos armées ou au profit d’un partenaire. ESPRIT DEFENSE vous emmène au cœur de ce projet tentaculaire mené par le ministère des Armées avec les industriels.(...)

Au Salon Mondial de la Défense et de la sécurité, Emmanuel Macron fixait un cadre clair au ministère des Armées : « la Nation doit être capable de réagir en cas d’implication dans un conflit de haute intensité…. Nous sommes entrés dans une économie de guerre ».4

1. Revue Militaire, juin 2024 2. L’Echo, 17 août
3. RTL 14 août
4. Esprit défense, mai 2023

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